Le ministère ukrainien de la Culture annonce avoir placé sur la liste des "personnes représentant une menace pour la sécurité nationale" la réalisatrice du documentaire "Russians at War", qui traite l'invasion de l'Ukraine du point de vue des soldats russes et est très critiqué par Kiev.
Ce film de la Russo-Canadienne Anastasia Trofimova est au centre d'une controverse depuis sa présentation à la Mostra de Venise début septembre, les autorités ukrainiennes le considérant comme de la "propagande russe".
La réalisatrice, qui a passé plusieurs mois au sein d'un bataillon russe combattant en Ukraine, y expose le quotidien de soldats. Elle a affirmé à l'AFP que son film était "un documentaire antiguerre" et montrait des "gens ordinaires".
Voir "Russians at War", un documentaire qui créé la polémique
Le ministère ukrainien de la Culture a déclaré qu'Anastasia Trofimova était désormais "sur la liste des personnes représentant une menace pour la sécurité nationale de l'Ukraine", notamment en raison de son documentaire. "Ce film de propagande n'aborde pas et ne reconnaît pas les atrocités commises par la Russie pendant son invasion", lancée en février 2022, accuse le ministère dans un communiqué.
Le documentaire "promeut l'idée (...) selon laquelle les Russes sont tout autant victimes que les Ukrainiens, ce qui est inacceptable", lit-on encore.
Elle est la 233ème personne à être placée sur cette liste, d'après cette même source.
Le ministre Mykola Totchytsky, cité dans le communiqué, a affirmé que des cas comme celui d'Anastasia Trofimova faisaient partie d'une "guerre d'information plus large lancée par la Russie, qui tente de justifier son agression via la culture et les médias".
L'avant-première nord-américaine de "Russians at War", au Festival international du film de Toronto, avait été déprogramée la semaine dernière en raison de "menaces", selon les organisateurs.
D'après un journaliste de l'AFP ayant vu le film, les combattants que l'on voit à l'écran semblent avoir perdu le sens de leur participation à ce conflit, loin du discours officiel que les autorités russes cherchent à propager.
Manquant d'équipements, ils bricolent eux-mêmes leurs armes et recourent à du matériel datant de l'ère soviétique. Entre une cigarette ou un verre d'alcool, ces soldats essayent de noyer leur désarroi face aux blessures ou à la mort de leurs camarades. L'un des producteurs du documentaire, Philippe Levasseur, a déclaré à l'AFP qu'il s'agissait du "récit d'une machine à broyer les hommes".