Trêve à Gaza : Israël participe à des pourparlers au Caire, Kamala Harris promet l'"auto-détermination" pour les Palestiniens

Le ministère syrien de la Défense a fait état vendredi de frappes aériennes israéliennes contre plusieurs sites dans le centre du pays, blessant sept civils.

"Vers 19H35 ce soir (16H35 GMT), l'ennemi israélien a lancé une agression aérienne (...) visant un certain nombre de sites dans la région centrale" de la Syrie, a indiqué le ministère dans un communiqué.

"L'attaque a blessé sept civils et causé des dégâts matériels", a ajouté la même source.

"Les frappes israéliennes ont touché des stations-service de fortune affiliées au Hezbollah (libanais) dans la campagne de Homs, ainsi que des dépôts d'armes appartenant au mouvement et deux sites de l'armée syrienne dans la campagne de Hama", a précisé Rami Abdel Rahman, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Cette ONG basée au Royaume-Uni, mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, a affirmé que les stations-services étaient exploitées par des Syriens travaillant pour le mouvement islamiste libanais pro-iranien.

"Une épaisse fumée s'est élevée de la plupart des sites visés", a indiqué l'OSDH, ajoutant que les frappes avaient "détruit le dépôt d'armes et les entrepôts de carburant".

Début août, l'ONG avait indiqué qu'une personne avait été tuée lors d'une frappe israélienne sur un véhicule, après avoir signalé des raids nocturnes sur un convoi de camions entrant au Liban depuis la Syrie.

Depuis le début en 2011 de la guerre civile en Syrie, Israël y a mené des centaines de frappes qui ont notamment ciblé les groupes pro-iraniens. Les Etats-Unis ont également visé ces groupes dans l'est de la Syrie.

Ces raids se sont intensifiés après l'attaque du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Les autorités israéliennes commentent rarement ces frappes mais ont déclaré à plusieurs reprises qu'elles ne permettraient pas à l'Iran, son ennemi juré, d'étendre sa présence en Syrie.

La guerre civile en Syrie a fait plus d'un demi-million de morts et plongé le pays dans une grave crise humanitaire et économique.        

Le ministère libanais de la Santé a indiqué que huit personnes, parmi lesquelles un enfant, avaient été tuées vendredi dans des frappes israéliennes sur le sud du Liban, cinq d'entre elles étant des combattants du mouvement islamiste Hezbollah, selon ce dernier.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza le 7 octobre, les échanges de tirs transfrontaliers entre le Hezbollah pro-iranien et Israël sont quasi quotidiens.

Le ministère de la Santé a indiqué qu'une "frappe de drone de l'ennemi israélien" a tué deux personnes, dont un "enfant de sept ans", à Aïta al-Jabal, et que trois autres frappes israéliennes avaient tué six personnes dans trois autres localités du sud.

L'Agence nationale d'information (ANI, officiel) a indiqué de son côté que "deux missiles guidés" ont visé une maison à Aïta al-Jabal.

Selon le ministère de la Santé, trois personnes ont été tuées dans l'une des frappes israéliennes sur le village de Tayr Harfa. 

Le Hezbollah a annoncé le décès de trois de ses combattants sans préciser, comme à son habitude, où ils avaient été tués.

Une source proche du Hezbollah a précisé à l'AFP que trois combattants du mouvement libanais ont été tués dans la frappe sur Tayr Harfa.

L'armée israélienne a affirmé que ses avions avaient "éliminé" des membres d'une "cellule terroriste qui prévoyait de tirer des projectiles" depuis la région de Tayr Harfa.

Le Hezbollah a de son côté annoncé vendredi avoir visé la base militaire de Meron, dans le nord d'Israël.

La formation pro-iranienne affirme mener des attaques contre Israël pour soutenir son allié palestinien, le Hamas.

Les craintes de voir ces violences dégénérer en guerre totale sont vives depuis la mort d'un chef militaire du Hezbollah fin juillet, tué par une frappe israélienne au Liban, et celle de l'ex-chef du Hamas en Iran, qui a accusé Israël de l'avoir assassiné. Le Hezbollah et Téhéran ont promis de riposter.

Depuis octobre, les violences ont 600 morts au Liban, dont la plupart des combattants du Hezbollah mais également au moins 131 civils, selon un décompte de l'AFP.

En Israël et sur le plateau du Golan syrien occupé, 23 militaires et 26 civils ont été tués, selon les autorités israéliennes.    

La fille d'un otage israélien a estimé vendredi qu'un accord pour une trêve et une libération des otages à Gaza "n'arrivera pas bientôt", après une rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"J'ai quitté (cette rencontre) avec un pressentiment lourd et difficile, ce (plan pour une trêve) n'arrivera pas bientôt", a dit Ella Ben Ami, citée dans un communiqué du Forum des otages qui représente une partie des proches des otages. 

"J'ai peur pour la vie de mon père, pour les femmes qui sont là-bas et tous les autres", a-t-elle ajouté.

Son père, Ohad Ben Ami, 55 ans, a été enlevé le 7 octobre quand des commandos du Hamas ont lancé en Israël une attaque inédite qui a entraîné la mort de 1.199 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 105 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

Depuis cette date, Israël bombarde sans relâche depuis la terre, les airs et la mer la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007. Ces représailles ont fait au moins 40.265 morts et plus de 93.000 blessés, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, en majorité des femmes et des enfants, selon l'ONU.

"Il faut qu'on arrive à cet accord, et si ce que je dis ici pousse le Premier ministre à se battre encore plus, alors il faut le faire", a encore dit Ella Ben Ami, dont la mère, Raz, également otage un temps a été libérée au cours d'une trêve en novembre en échange de prisonniers palestiniens.

M. Netanyahu, qui a reçu vendredi plusieurs proches d'otages, "doit être à 200% dans ce combat parce que ce sont ses citoyens et c'est son devoir de les ramener chez eux", a-t-elle poursuivi.

Le Premier ministre "m'a regardée dans les yeux et a dit qu'il ferait tout pour ramener mon unique fils et tous ceux qui nous sont chers à la maison et vivants", a de son côté déclaré Yelena Troufanov, dont le fils Sacha est otage.

Des responsables israéliens négociaient vendredi au Caire un accord sur Gaza sous égide des Egyptiens, des Qataris et des Américains. Le Hamas ne participe à ces discussions.        

La Maison Blanche a démenti vendredi que les discussions au Caire pour un cessez-le-feu à Gaza étaient proches de l'échec, affirmant qu'au contraire, "des progrès (avaient) été faits".

"Nous avons besoin désormais que les deux camps se réunissent et travaillent à une mise en place" d'un accord, a déclaré le porte-parole du conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, précisant que le directeur de la CIA, William Burns, était présent en Egypte pour ces discussions.

La première compagnie aérienne européenne, Lufthansa, annonce prolonger la suspension de ses vols pour Beyrouth jusqu'au 30 septembre, et jusqu'au 2 septembre pour Tel-Aviv et Téhéran, face aux risques d'aggravation du conflit dans la région. 

Les vols vers Amman, en Jordanie, et Erbil, en Irak, vont en revanche reprendre dès le 27 août, d'après le groupe allemand, qui précise qu'un "couloir dans le nord de l'espace aérien irakien" sera utilisé pour atteindre Erbil.

Ces négociations ont lieu une semaine après des pourparlers menés à Doha entre les médiateurs américain, qatari et égyptien et les chefs du Mossad (renseignements extérieurs israélien), David Barnea, et du Shin Bet (sécurité intérieure), Ronen Bar.

Ils "négocient pour faire progresser un accord pour (libérer) les otages", a dit jeudi soir à l'AFP Omer Dostri, le porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il n'a pas précisé qui était aussi présent aux discussions, mais selon des médias israéliens, les Américains se trouvent au Caire.

Les autorités israéliennes n'ont à ce jour pas annoncé publiquement avoir approuvé la proposition américaine. Le Hamas l'a rejetée en accusant les États-Unis d'y avoir intégré "les conditions israéliennes" notamment sur le "couloir de Philadelphie".

Les divergences portent notamment sur ce couloir, une bande de terre entre la frontière entre Gaza et l'Egypte, contrôlée actuellement par les troupes israéliennes. Benjamin Netanyahu se montre inflexible sur la question du maintien de troupes israéliennes dans cette zone.

Kamala Harris promet l'"auto-détermination" pour les Palestiniens, alors que la guerre entre Israël et le Hamas a fait des dizaines de milliers de morts dans la bande de Gaza depuis plus de dix mois.

"Le président Biden et moi-même nous efforçons de mettre fin à cette guerre afin qu'Israël soit en sécurité, que les otages soient libérés, que les souffrances à Gaza cessent et que le peuple palestinien puisse exercer son droit à la dignité, à la sécurité, à la liberté et à l'auto-détermination", a-t-elle déclaré.

La candidate démocrate à la présidentielle américaine Kamala Harris promet de "conclure" un accord pour une trêve dans la bande de Gaza, dans un discours tenu à la convention démocrate.

"Il est temps de conclure un accord pour (libérer) les otages et instaurer un cessez-le-feu", a déclaré la candidate démocrate à la Maison Blanche lors d'un discours à Chicago. "Tant de vies innocentes ont été perdues. Des personnes désespérées et affamées fuient sans cesse pour se mettre à l'abri. L'ampleur de la souffrance est déchirante", a-t-elle ajouté.