L'ONU dans le flou sur l'aide humanitaire livrée par la Fondation humanitaire de Gaza

Washington qualifie de "comble de l'hypocrisie" les critiques de l'ONU sur l'aide humanitaire délivrée à Gaza via une fondation humanitaire créée de toutes pièces et soutenue par les États-Unis.
"C'est regrettable, car le souci ici c'est de livrer l'aide à Gaza, et d'un coup, on se plaint de la manière employée et de la nature de ceux qui le font", a lancé la porte-parole du département d'État, Tammy Bruce, en réponse à des critiques de l'ONU. C'est le "comble de l'hypocrisie", a-t-elle ajouté.
 

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a reconnu ce soir "une perte de contrôle momentanée" dans un nouveau centre de distribution d'aide dans la bande de Gaza, un haut responsable militaire jugeant malgré tout que l'opération avait été un succès.

"Nous avons élaboré un plan avec nos amis américains pour avoir des sites de distribution contrôlés où une entreprise américaine distribuerait de la nourriture aux familles palestiniennes" a déclaré M. Netanyahu lors d'un discours à Jérusalem. "Il y a eu une perte de contrôle momentanée" face à une ruée de Palestiniens vers un centre ouvert ce mardi à Rafah (sud de la bande de Gaza), mais "heureusement, nous avons repris le contrôle," a ajouté Netanyahu. "La distribution d'aide d'aujourd'hui par les fournisseurs américains a été un succès", a déclaré à l'AFP un haut responsable militaire israélien sous le couvert de l'anonymat.
 

"Il s'agit d'une opération de délivrance de nourriture et pas d'une opération d'aide humanitaire" déclare Olivier Routeau sur le plateau de TV5MONDE. Le directeur des opérations de l'ONG française "Premières urgences internationales" est formel, cette organisation GHF, ne fait pas de l'aide humanitaire et contrevient aux règles d'impartialité. Il s'exprimait dans le 64' à 16h30 TU.

Des milliers de Palestiniens se sont rués cet après-midi vers un nouveau centre de distribution d'aide humanitaire dans le sud de la bande de Gaza, a rapporté un journaliste de l'AFP.

La nouvelle Fondation humanitaire de Gaza (GHF), créée de toutes pièces et soutenue par les Etats-Unis, qui opère ces nouveaux centres de distribution d'aide, écrit que l'affluence a été telle que son équipe "s'est repliée pour permettre à un petit nombre de Gazaouis de recevoir de l'aide en toute sécurité [avant de] de se disperser." 

A Rafah, ce 27 mai, des Palestiniens emportent des colis distribués par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF).

© AP Photo/Abdel Kareem Hana

L'"invasion" du centre de distribution "par des milliers d'affamés" est la preuve que les efforts menés par Israël pour distribuer de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza en contournant les Nations unies ont "lamentablement échoué", a estimé de son côté le bureau de presse du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza.

Je me tenais dans la file à un point de distribution d'aide à Rafah avec des centaines de citoyens, et soudain un grand nombre de personnes ont commencé à pousser et entrer de façon totalement aléatoire. C'était dû au manque d'aide et au retard dans la distribution, alors ils ont essayé de rentrer pour prendre tout ce qu'ils pouvaient. À un moment donné, il y a eu des coups de feu, c'était très effrayant, et les gens ont commencé à se disperser, mais certains ont continué à essayer de prendre l'aide malgré le danger. Ayman Abou Zaïd, déplacé palestinien

Interrogée par l'AFP sur l'incident, l'armée israélienne a renvoyé au communiqué de la GHF.
"Les opérations normales [de distribution] ont repris", a indiqué la Fondation, accusant des "barrages imposés par le Hamas" de créer des retards de plusieurs heures dans l'un de ses centres.

"Les grands mots c'est bien, les grands communiqués c'est formidable (...). Mais que fait-on? Quelle lâcheté aujourd'hui du monde par rapport à ce qu'il se passe à Gaza!", s'est indignée Martine Aubry lors d'un point presse à Lille. "J'ai un sentiment de honte" devant "l'impuissance d'agir de la France, de l'Europe et des institutions internationales", a-t-elle ajouté.

"Il faut agir vite" en envoyant "des avions militaires à Gaza, pour parachuter des aliments et des médicaments" et suspendre "maintenant" l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël, a-t-elle proposé. "Il faut que le Conseil européen impose aux pays membres de cesser toute aide militaire à Israël" et "soutenir les poursuites" de la Cour pénale internationale contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a poursuivi Martine Aubry. 

"Personnellement je n'ai aucun doute sur le fait qu'il y ait un génocide" commis actuellement par Israël contre la population palestinienne à Gaza, a-t-elle estimé.

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure, dont Martine Aubry soutient la candidature à sa réélection à la tête du parti en juin, a aussi employé ce terme de "génocide" pour la première fois lundi lors d'une manifestation avec les Ecologistes et les communistes à Paris. Mais "que l'on arrête de se battre aujourd'hui pour savoir s'il y a génocide ou pas", car les Palestiniens attendent "non pas des grands débats théoriques", même s'ils sont importants, "mais ils attendent de l'aide", insiste Madame Aubry.
"C'est vrai qu'Israël a le droit de se défendre" après l'attaque "terroriste" du Hamas en octobre 2023, "mais pas n'importe comment, et en respectant les règles internationales de la guerre et non pas en se comportant comme il le fait aujourd'hui", a-t-elle souligné.

Arnaud Deslandes, actuel maire PS de Lille présent aux côtés de Martine Aubry qui lui a cédé sa place en mars, a poursuivi : "n'oublions pas la Cisjordanie", où les "exactions" israéliennes continuent.
La ville cisjordanienne de Naplouse est jumelée avec Lille depuis 1998, et les deux villes continuent d'avoir des liens, a rappelé le maire de Lille.

La Fondation humanitaire de Gaza, un groupe opaque soutenu par les Etats-Unis dans le but déclaré de distribuer de l'aide dans la bande de Gaza, est accusé d'aider Israël à atteindre ses objectifs militaires en contournant l'ONU et en excluant les Palestiniens.

Enregistrée à Genève en février, la GHF n'a ni bureaux ni représentants connus dans cette ville, où siègent les organisations humanitaires internationales.

Son ancien directeur exécutif, Jake Wood, a annoncé sa démission dimanche, estimant impossible de faire son travail en suivant les principes humanitaires de neutralité et d'indépendance.

Le président démissionnaire de la GHF, Jake Wood, ancien Marine, lors de la remise du prix Pat Tilman des ESPY Awards (prix d'excellence en sport) à Lo Angeles, en juilet 2018. 

© Photo by Phil McCarten/Invision/AP

Lundi, la GHF a annoncé avoir commencé à distribuer "des camions de nourriture" aux Gazaouis "dans des sites de distribution sûrs". "D'autres cargaisons seront distribuées" mardi "et cet afflux augmentera chaque jour", a promis la GHF, annonçant la nomination d'un nouveau directeur exécutif.

L'ONU déclare ce mardi ne pas savoir si des cargaisons d'aide avaient effectivement été livrées.

Des photos publiées lundi par le groupe ont montré des camions, certains en cours de déchargement, sur un site entouré d'une barrière métallique. la GHF n'a précisé ni le lieu où elles ont été prises, ni le nombre de bénéficiaires supposés.

La GHF est notamment critiquée pour désigner des "sites de distribution sécurisés", ce qui selon d'autres organisations humanitaires contrevient aux usages en obligeant la population à se déplacer pour recevoir une aide vitale. La grande majorité des 2,4 millions de Gazaouis ont été déplacés plusieurs fois depuis le début de la guerre.

Les détracteurs de la GHF se demandent également qui détermine ces lieux de distribution, étant donné les plans de "conquête" de Gaza déclarés par Israël. Citant des responsables israéliens non identifiés, le New York Times a affirmé le 24 mai qu'un nouveau plan d'aide à Gaza soutenu par les États-Unis avait été "conçu et largement développé par les Israéliens comme un moyen d'affaiblir le Hamas".

Personne pour le moment, à l'exception du gouvernement américain, n'a annoncé vouloir soutenir la GHF.

Les Nations unies ont exclu de collaborer avec l'organisation, dont le plan, selon leur porte-parole, Farhan Haq, "n'est pas en ligne avec nos principes de base, y compris l'impartialité, la neutralité et l'indépendance".

Un groupe d'ONG, dont ActionAid, a pointé que "de l'aide utilisée pour masquer de la violence continue n'est pas de l'aide, c'est une couverture humanitaire pour cacher une stratégie militaire de contrôle et de spoliation".

La semaine dernière, un groupe suisse, Trial International, a demandé l'ouverture d'une enquête pour savoir si les activités de la GHF étaient conformes aux lois suisses et internationales.
Il a également critiqué le recours supposé à des sociétés de sécurité privées risquant selon lui de mener à une "militarisation de l'aide".

À Gaza, le ministère de l'Intérieur du Hamas a estimé que la GHF faisait partie d'un plan israélien pour "contrôler la distribution de l'aide". Il a qualifié ce groupe d'organisation "suspecte" et accusé Israël de l'utiliser à des fins militaires.

La GHF, de son côté, a accusé lundi le mouvement islamiste palestinien de "menaces de mort à l'encontre d'organisations soutenant les opérations humanitaires sur les sites de distribution sécurisés" et de "s'efforcer d'empêcher les habitants de Gaza d'accéder à l'aide sur ces sites".

Chaque année, des milliers de nationalistes israéliens marchent dans les rues de la Vieille ville pour célébrer la "Journée de Jérusalem". Une journée sous haute tension.

Les Nations unies indiquent ne pas savoir si la nouvelle Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis, a bel et bien débuté, comme elle l'affirme, ses distributions de nourriture dans le territoire palestinien dévasté. "Nous n'avons aucune information", indique la porte-parole de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) Juliette Touma, qui s'exprimait en visioconférence lors d'un briefing avec la presse.

La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), dont le siège est enregistré depuis février à Genève et sur laquelle peu de choses sont connues, a annoncé lundi avoir commencé ses livraisons de nourriture à Gaza. "D'autres camions chargés d'aide seront livrés demain et le flux d'aide augmentera chaque jour", affirme dans un communiqué cette fondation soutenue par Washington.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen qualifie d'"odieux" le bombardement israélien d'une école à Gaza, lors d'un appel avec le roi de Jordanie. "L'intensification des opérations militaires d'Israël à Gaza, visant des infrastructures civiles - dont une école servant de refuge à des familles palestiniennes déplacées - et provoquant la mort de civils, y compris des enfants, est odieuse", affirme-t-elle, citée dans un communiqué.

Quelque 300 écrivains francophones, dont deux prix Nobel de littérature, Annie Ernaux et Jean-Marie Gustave Le Clézio, dénoncent dans une tribune le "génocide" de la population à Gaza et demandent "un cessez-le-feu immédiat"."Tout comme il était urgent de qualifier les crimes commis contre des civils le 7 octobre 2023 de crimes de guerre et contre l’humanité, il faut aujourd'hui nommer le 'génocide'", écrivent-ils dans cette tribune publiée par le quotidien français Libération.

"Plus que jamais, exigeons que soient imposées des sanctions à l'État d'Israël, demandons un cessez-le-feu immédiat − qui garantisse la sécurité et la justice pour les Palestiniens, la libération des otages israéliens, celle des milliers de prisonniers palestiniens détenus arbitrairement dans les prisons israéliennes, et qui mette un terme, sans délai, à ce génocide", ajoutent-ils.

Yaqeen Hammad, 11 ans, la plus jeune influenceuse de Gaza, fait partie des dizaines d'enfants tués par Israël lors de récentes frappes, alors que les forces israéliennes intensifient leur offensive militaire sur le territoire palestinien, rapporte le média britannique The Guardian.

Connue pour son sourire éclatant et ses activités de bénévolat, Yaqeen a été tuée le 23 mai après le bombardement israélien sur le quartier d'al-Baraka à Deir al-Balah, dans le nord de la bande de Gaza, alors que des combats intenses se déroulent dans la région.

Yaqeen et son frère aîné, Mohamed Hammad, livraient de la nourriture, des jouets et des vêtements aux familles déplacées, a rapporté Al Jazeera. Elle était également la plus jeune influenceuse de Gaza, offrant des conseils pratiques de survie pour la vie quotidienne sous les bombardements, tels que des conseils sur la façon de cuisiner avec des méthodes improvisées lorsqu'il n'y a pas de gaz.

L'Allemagne et la Finlande veulent "mettre la pression" sur le gouvernement israélien pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza, ont déclaré le chancelier allemand Friedrich Merz et le Premier ministre finlandais Petteri Orpo. "Ce que nous voyons dans la bande de Gaza n'est en aucun cas acceptable - les souffrances qui y sont causées, les tueries - il faut y mettre un terme", dit le dirigeant allemand lors d'une conférence de presse à Turku (Finlande) après un entretien avec Petteri Orpo.

L'aide humanitaire doit y arriver immédiatement, nous devons faire pression sur Israël pour que l'aide atteigne réellement sa destination. Mais il est également crucial que le Hamas n'empêche pas l'aide humanitaire d'arriver.

Petteri Orpo, Premier ministre finlandais

Le dirigeant du Parti socialiste français Olivier Faure a dénoncé hier soir le "génocide" commis actuellement selon lui par Israël à Gaza, rejoignant pour la première fois clairement écologistes et communistes sur ce sujet. "Le gouvernement de Benjamin Netanyahu commet un génocide", déclare Olivier Faure devant des centaines de militants de gauche réunis à Paris.

Un terme que le patron du PS français n'utilisait pas directement jusqu'ici, et qu'il a assumé de dire "haut et fort". "Le génocide est caractérisé dès lors qu'il y a une intentionnalité. Les membres du gouvernement israélien multiplient les déclarations en ce sens (...) Cette politique est hélas pensée, planifiée et même revendiquée", a souligné Olivier Faure.

"À la suite des sirènes qui ont retenti il y a peu dans plusieurs zones en Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", indique l'armée sur son compte Telegram.

Depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les rebelles yéménites, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont revendiqué des dizaines d'attaques de missiles et de drones sur Israël, en grande majorité interceptés. Ils ont aussi attaqué des navires qu'ils estiment liés à Israël au large du Yémen, notamment en mer Rouge, par où transite environ 12% du commerce mondial.