Vatican : après la mort du Pape François, les obsèques s'organisent

Le président Volodymyr Zelensky a déclaré mardi qu'il "voudrait" rencontrer son homologue américain Donald Trump au Vatican où les deux chefs d'Etat se rendront pour assister aux obsèques du pape prévues samedi. 

"Oui, je voudrais, je suis prêt. Nous sommes toujours prêts à rencontrer nos partenaires américains", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Kiev alors que ses relations avec la nouvelle administration américaine sont tendues et que sa dernière rencontre avec Trump, en février, avait été marquée par une joute verbale. 

Cent trente-cinq cardinaux, âgés en moyenne de 70 ans et majoritairement nommés par le pape François, se réuniront en conclave pour élire son successeur, avec une représentation européenne, et particulièrement italienne, toujours forte mais en baisse. L’âge limite pour être convoqué au conclave étant de 80 ans, 117 cardinaux ne prendront pas part à l'élection du prochain souverain pontife, qui devrait se tenir début mai.

Parmi les cardinaux-électeurs, ceux du Vieux Continent seront les plus nombreux dans la Chapelle Sixtine, avec 53 représentants, soit 39% des électeurs. En 2013, lors du conclave ayant abouti à l'élection du pape François, les cardinaux européens étaient 60 sur 115 (52%). Après les Européens, suivent les cardinaux asiatiques (23), sud et centraméricains (21), africains (18), nord-américains (16) et océaniens (4), selon les chiffres du Saint-Siège.

Voici certains des pays représentés. 

• L'Italie sera à nouveau le pays le plus représenté dans la délibération, avec 17 participants, un nombre toutefois en baisse par rapport à celui de 28 en 2013.
• Les États-Unis (10) et le Brésil (7) complètent le podium des pays comptant le plus de cardinaux participant au conclave. La France et l'Espagne en comptent cinq chacun.
• L'Argentine aura quatre représentants, tout comme le Canada, l'Inde, la Pologne et le Portugal.
• La Côte d'Ivoire, avec deux cardinaux-électeurs, sera le seul pays africain à avoir plus d'un cardinal au conclave.
• À la liste des 70 pays représentés s'ajoute Jérusalem, d'où se déplacera le patriarche italien de la Ville sainte, Pierbattista Pizzaballa, qui a eu 60 ans lundi.

(Re)lire Conclave : comment va être élu le nouveau pape ?

La moyenne d'âge exacte du conclave est de 70 ans et 4 mois. Son doyen est actuellement Carlos Osoro Sierra, nommé archevêque de Madrid (Espagne) en 2014 par le pape François. Il aura 80 ans le 16 mai. Son benjamin est l'archevêque de Melbourne (Australie), Mykola Bychok, âgé de 45 ans, 2 mois et 69 jours, élevé à la pourpre cardinalice par le dernier pontife en décembre.

Au total, sur les 135 cardinaux convoqués au conclave, 108 ont été élevés à ce rang par le pape François: 40 en Europe, 20 en Asie, 19 en Amérique centrale et du sud, 15 en Afrique, 10 en Amérique du Nord et 4 en Océanie. Benoît XVI en avait désigné 22, et Jean-Paul II, cinq.

Dans la chapelle de la résidence Sainte-Marthe, au coeur du Vatican, une religieuse se recueille, les larmes aux yeux. Devant elle, le corps du pape François, allongé dans un cercueil en bois avec, entre ses mains, un chapelet. A ses pieds, ses chaussures noires. Dans cette résidence ecclésiastique où le souverain pontife a vécu jusqu'à sa mort, dignitaires et petites mains de l'État du Vatican sont les premiers mardi à saluer sa dépouille portant une mitre blanche et une chasuble rouge, encadrée par deux gardes suisses en uniforme chamarré.

Le corps du pape François est exposé dans sa chapelle privée au Vatican, lundi 21 avril 2025. 

© Vatican Media via AP, HO

Avant d'accéder à ce saint des saints, il faut patienter dans le hall aux portes en bois et au carrelage en marbre, où règne un silence entrecoupé de faibles chuchotements. C'est ici, au coeur du plus petit État du monde, que François avait choisi de vivre après son élection en 2013, préférant la simplicité et le contact humain à l'isolement sous les ors du palais apostolique.

Dans la chapelle à la sobre élégance, les employés du Vatican ont été invités à rendre un hommage au pape qui s'est éteint lundi à 88 ans, un accès en principe fermé à la presse et au public. Parmi les visiteurs se mêlent religieuses et laïcs, évêques et fonctionnaires du Saint-Siège, responsables de son gouvernement et simples employés. Des jardiniers aux pompiers en passant par le personnel médical, tous sont présents pour rendre hommage à celui qu'ils considéraient comme un père.

Par petites grappes, ils pénètrent dans la chapelle climatisée située au rez-de-chaussée. Certains prient en silence. D'autres ne peuvent retenir leurs larmes. Un par un, chacun se recueille, la tête baissée ou dans un signe de croix, debout, à genoux ou assis sur un banc.

De la Centrafrique à la République Démocratique du Congo en passant par l'Égypte, le pape a visité 10 nations africaines. Certains de ces voyages ont été particulièrement marquants.

Le prince William représentera le roi Charles III aux obsèques du pape François, qui se dérouleront samedi sur la place Saint Pierre au Vatican.

"Le prince de Galles assistera aux funérailles du pape François au nom de sa majesté le roi", a indiqué le palais. William, prince héritier du trône, poursuit ainsi une tradition moderne de la famille royale britannique. La reine Elizabeth II s'était fait représenter par son fils Charles aux obsèques de Jean-Paul II en 2005. 

Les drapeaux seront mis en berne sur les bâtiments publics samedi, jour des obsèques du pape François. 

"À la suite du décès du pape François, le gouvernement a décidé que les drapeaux devront être mis en berne sur les bâtiments publics le jour de ses obsèques solennelles", ont indiqué les services du Premier ministre.

Une messe "pour le repos de l'âme du pape François", présidée par l'archevêque de Paris Laurent Ulrich, aura lieu vendredi soir à Notre-Dame, a annoncé mardi l'Eglise catholique à Paris dans un communiqué. Cette "messe solennelle d’action de grâce et pour le repos de l’âme du Saint-Père" débutera à 18H00 vendredi, soit la veille des obsèques du pape décédé lundi, précise le communiqué.

À l'issue de la messe, "une veillée de prière et d’adoration se tiendra dans la cathédrale jusqu’à 22H00", selon l'Eglise.

Des fidèles assistent à une messe à l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame, lundi 21 avril 2025 à Paris. 

© AP Photo/Nicolas Garriga

Né en Argentine, le pape François a mis la lumière sur les pays du Sud, sur des sujets comme les migrants et le réchauffement climatique. Peut-on dire que les pays du Sud ont été mieux considérés sous son pontificat ? Patrice Férus en parle avec l'historien Thomas Tanase.

Le président français depuis La Réunion, où il est en déplacement, qu'il se rendrait samedi aux obsèques du pape François. Il reportera sa visite prévue à l'île Maurice.

"Nous serons aux obsèques du pape, comme il se doit", a déclaré le chef de l'État lors d'un point presse. L'Elysée a ensuite précisé que le président français, en tournée dans l'océan Indien, ne pourrait se rendre comme prévu à Maurice vendredi, afin de pouvoir être présent à Rome le samedi.

A la place, "il rencontrera M. Navin Ramgoolam, Premier ministre de la République de Maurice en marge du Sommet de la Commission de l'océan Indien" (COI), à Madagascar jeudi, de même source. Ils passeront "en revue les différents aspects de la relation bilatérale", a ajouté l'Elysée

Le président argentin Javier Milei assistera samedi aux obsèques du pape François sur la place Saint-Pierre du Vatican, a annoncé mardi la présidence argentine.

Javier Milei voyagera jeudi soir, accompagné d'une délégation inhabituellement importante pour ses déplacements à l'étranger, avec notamment sa soeur Karina, secrétaire générale de la présidence, et plusieurs ministres dont le chef de la diplomatie Gerardo Werthein, a précisé la présidence dans un message à la presse.

Le pontificat aura notamment été marqué par son intérêt envers l'Afrique, porté par une vision sociale.

Considéré comme un successeur potentiel du pape François, le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, a salué l'engagement du souverain pontife en faveur de la bande de Gaza.

Gaza représente, en quelque sorte, tout ce qui était au coeur de son pontificat

Monseigneur Pizzaballa

Plus haute autorité catholique d'Orient, le patriarche latin de Jérusalem a expliqué que le pape François, décédé lundi à 88 ans, avait toujours défendu "la proximité avec les pauvres, les laissés-pour-compte", et "la paix".

Monseigneur Pizzaballa à Jérusalem le 22 avril 2025.

© AP Photo

"Il était très proche de la paroisse de Gaza, il les appelait sans cesse, pendant un certain temps tous les soirs à 19H00, c'était devenu quelque chose de régulier pour la communauté, (c'était) aussi réconfortant pour eux, et il le savait", a rappelé Pierbattista Pizzaballa. Sur les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, environ un millier sont chrétiens, la plupart orthodoxes.

Les funérailles du pape François auront lieu samedi à 10h en présence de nombreuses personnalités. Les précisions de notre correspondante en direct de Rome.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer se rendra aux obsèques du pape François, annonce Downing Street.  Le roi et la reine d'Espagne seront également présents, selon la Maison royale. 

La presse européenne rend un hommage quasi unanime mardi au pape François, salué comme "le pape du peuple", un homme de coeur et un réformateur.

Les principaux journaux italiens semblent s’être donné le mot et titrent "Le pape des laissés pour compte".

Le quotidien Corriere della Sera rend hommage dans un éditorial à "L’apôtre de la paix". 

"L’Eglise est le refuge de l’humanité. Même pour les non-croyants. Au cours de ces 12 années longues et tourmentées, la porte de ce refuge a été ouverte par un évêque de Rome "venu du bout du monde". Il n’a jamais cessé de l’ouvrir, même quand il n’en avait plus la force pour le faire. De nous accueillir même quand il n’avait plus la voix pour nous saluer", a écrit Ferrucio de Bortoli.

"Wojtyla l’âme, Ratzinger la tête, Bergoglio le cœur. L’Esprit saint semblait avoir achevé l’identification finale de la figure du souverain pontife, complétant le trio des papes de l’époque contemporaine", écrit Ezio Mauro dans l’éditorial du quotidien La Repubblica.

En Espagne, le principal quotidien du pays, El Pais, titre sur "La fin d’un pontificat social et réformateur". 

Le quotidien catalan La Vanguardia écrit pour sa part "Au revoir François, un pape Courage" tandis que El Mundo salue en Une "Le pape qui a agité l’Eglise et qui a voulu donner la parole aux exclus".

En France, le quotidien Le Figaro titre en Une sobrement "Adieu", estimant comme la plupart des journaux que François était "Le pape du peuple" et "Le pape des pauvres", à l’instar du Parisien. 

D'autres journaux, comme Libération, insistent sur son engagement pour "les migrants" et "l’écologie" même si le quotidien de gauche juge que François a été "décevant sur les questions sociétales" comme l'avortement ou l'ordination des femmes.

"Si sa voix, qui dénonçait dimanche encore la montée de l'antisémitisme dans le monde et la catastrophe humanitaire à Gaza, risque de manquer dans les années à venir, c'est parce qu'il représentait tout ce qu'exècre l'extrême droite du monde entier", estime le journal dans une tribune.

Au Portugal, le quotidien Publico évoque "le pape préféré du peuple et des athées" dont l'"élection avait provoqué un tsunami". Dans une tribune, le journal rappelle que "le pape pop" a cherché "à désacraliser l'image du pape". 

En Une, le Jornal de Noticias rend hommage au "pape François, la graine d'une révolution" qui a été "le mentor d"'une transformation spirituelle". Enfin pour le Correio da Manha, François restera le pape pour "tous, tous, tous".

"Héritage complexe" 

Les journaux grecs saluent un pape "modeste et humble jusqu'au bout", comme Efsyn (gauche), ou un pape "qui a secoué le Vatican (...) pour les pauvres, les migrants et les faibles", comme l'écrit Ta Nea (centriste). 

Au Royaume-Uni, le Guardian honore la mémoire "du chef de file révolutionnaire de l'Église catholique".  

"Pendant ses 12 ans de papauté, François, le premier pape jésuite, a été le défenseur  des pauvres (...) et des défavorisés, et un critique virulent de l'avidité des entreprises et des inégalités sociales et économiques".

Toutefois le Daily Mail se demande si "ses réformes se poursuivront sous son successeur".

"Les catholiques doivent réfléchir à l'héritage complexe de François - son approche libérale des droits LGBTQ+, des réfugiés et du changement climatique", dit le quotidien.

Mais le Daily Telegraph sonne une note discordante. Si "de nombreux catholiques l'aimaient profondément" pour sa proximité avec le peuple, le "bilan sera plus nuancé. Il nous a promis l'inclusion mais a laissé la division (...), il a gouverné comme un autocrate" et "n'avait aucune pitié pour les critiques".

Le Times, tout en louant un "combattant né", s'inquiète, lui, de la succession de François. 

"Le successeur du pape François héritera d'une église divisée confrontée à une série de défis, allant de sa gestion des scandales d'abus d'enfants à la décision sur le rôle des femmes, les droits des homosexuels et les appels à réformer les finances et la gouvernance du Vatican".