Vols annulés, retards, grèves... prendre l'avion s'annonce plus que problématique cet été. Le trafic aérien n'a pas retrouvé le niveau qu'il avait avant la pandémie et les retards dûs à la saturation du contrôle aérien ont retrouvé les niveaux de 2019. La situation s'annonce difficile pour le ciel européen cet été.
Ce 1er juillet, 17% des vols ont été annulés à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle de Paris faisant suite à un mouvement social des pompiers obligeant à fermer des pistes la veille au soir. Aéroport de Paris annonce la suppression d'un vol sur cinq samedi 2 juillet.
Les pompiers ont été rejoints par d’autres salariés d’Aéroport de Paris et de sous-traitants dans le cadre d’un mouvement intersyndical et interprofessionnel, dont le préavis court tout le week-end.
Grève des personnels de Ryanair
Les personnels d’aéroport de Paris réclament une hausse des salaires 6% rétroactive au 1er janvier. Les pompiers demandent aussi de meilleurs salaires.
Depuis la pandémie, de nombreux personnels ont été licenciés. Et pas qu’en France, au Royaume Uni, en Allemagne, en Espagne, en Suisse …
Chez Ryanair, plusieurs syndicats d'hôtesses de l'air et de stewards ont appelé à cesser le travail à partir du 24 juin et pour plusieurs jours, en Espagne, au Portugal et en Belgique. En Italie et en France, la grève doit débuter le 25.
(RE)voir : Trafic aérien : les employés de Ryanair en grève
Annulation de vols en Belgique
En Belgique, ce mouvement de protestation a obligé la compagnie irlandaise à annuler 127 vols entre le 24 et le 26 juin au départ et à l'arrivée de Charleroi (sud), où se concentre l'essentiel de son activité.
La compagnie à bas coût ne va pouvoir assurer dans cet aéroport qu'entre 30 et 40% de son activité prévue, a expliqué à l'AFP une porte-parole de Brussels South Charleroi Airport, la société qui exploite l'aéroport.
Ce mouvement social se double dans ce pays d'une grève chez Brussels Airlines (groupe Lufthansa), entamée le 23 juin. La compagnie avait annoncé dès le 20 l'annulation de 315 vols à Bruxelles-Zaventem en raison de ce débrayage prévu jusqu'au samedi.
La grève chez Ryanair avait en revanche un impact limité au Portugal, et nul en Espagne où aucun vol n'a été annulé, la compagnie irlandaise ayant décidé selon les syndicats d'imposer un service minimum de 100% sur ses 438 vols programmé vendredi.
Grève en Espagne
Le principal syndicat des personnels aériens espagnol USO a déposé un préavis de grève le 20 juin qui impacte fortement la compagnie EasyJet. La célèbre compagnie à bas coût a annoncé le même jour qu’elle annulerait 11.000 vols prévus cet été.
Le syndicat réclame une hausse des salaires de 40% pour les personnels navigants les moins bien rémunérés. Le syndicat, selon, le quotidien britannique
The Guardian a prévu trois arrêts de travail de 72 heures à partir du 1er juillet.
Le PDG d’EasyJet Johan Lundgren avait prévu de retrouver 97% de sa capacité avant la pandémie, mais il ne peut proposer que 90% des 160.000 vols qui étaient la norme à l’été 2019.
(RE)lire : En Europe, les aéroports peinent à faire face à une soudaine hausse du nombre de voyageursSon concurrent Ryanair prévient les voyageurs qu’ils doivent s’attendre à de fortes perturbations à cause du manque de personnels dans les aéroports, pour le contrôle des bagages et pour assurer la sécurité.
Ce 30 juin le chaos régnait à l’aéroport de Londres Heathrow après l’annulation de 30 vols à l’heure de pointe matinale.
Difficultés d'exploitation
Alors que le trafic n’a pas retrouvé encore le niveau qu’il avait avant la pandémie, les retards dus à la saturation du contrôle aérien ont retrouvé eux le niveau de 2019.
Eamon Brennan, le directeur de l’organisme européen
Eurocontrol, spécialisé dans l’aviation, a constaté que les vols intra-européens souffrent en juin d’un retard moyen de trois minutes 30 imputable au contrôle aérien, contre moins de 30 secondes en mars dernier. Le système n’est plus en mesure de gérer le trafic confiait-il à l'AFP.
Avec la fin de la plus part des restrictions sanitaires, la fréquentation remonte en flèche. Au même moment, plusieurs aéroports européens (Amsterdam, Francfort, Dublin, Palma de Majorque...) rencontrent des difficultés d'exploitation en raison d'effectifs trop faibles explique Eamon Brennan.
Le spécialiste de l’industrie de l’aviation souligne également les conséquences de la guerre en Ukraine avec les fermetures des espaces aériens russe et bélarusse.
Pour relier l'Europe à l'Asie,
"nous dévions le trafic vers le sud par la Roumanie et la Bulgarie, à travers les Balkans vers la Turquie, plutôt que vers le nord via l'Estonie et les pays baltes. Les avions sont à des endroits différents d'auparavant, plus loin de la Pologne, ce qui renvoie du trafic vers l'Allemagne et la France où les capacités sont limitées", a démontré le directeur général d'Eurocontrol.
"Et pour couronner le tout, il y a des mouvements sociaux suscités par l'inflation, comme le week-end dernier en France", a ajouté Eamonn Brennan, allusion à la grève au centre de contrôle d'Aix-en-Provence des 25 et 26 juin dernier.