Des archipels du Pacifique pansent encore leurs plaies ce mercredi 8 décembre après des inondations provoquées par des tempêtes et des fortes marées. Les scientifiques sont fermes. Cette montée des eaux est bien liée au changement climatique.
Un événement comme celui-ci aurait été relativement bénin dans les années 1990, mais le niveau de la mer est nettement plus élevé aujourd'hui qu'à l'époque.
Murray Ford, spécialiste du climat à l'Université d'Auckland en Nouvelle-Zélande
Les gouvernements des Îles Marshall, des Îles Salomon et des États fédérés de Micronésie ont tous fait état d'inondations frappant leur territoire.
À Majuro, capitale des Îles Marshall, la mer a submergé des jetées et a inondé plusieurs sections de la route menant vers l'aéroport, avant de se retirer.
De son côté, la police des Îles Salomon met en garde ses habitants, les invitant à se tenir à l'écart des rivières en crue.
Certaines parties du Vanuatu sont également touchées.
Des conséquences accentuées par le réchauffement climatique
Selon Murray Ford, spécialiste du climat à l'Université d'Auckland en Nouvelle-Zélande, les causes s'additionnent les unes aux autres. La mauvaise météo et les marées particulièrement puissantes sont évidemment largement responsables ces inondations.
Mais il est renforcé par deux phénomènes nouveaux. Premièrement, le niveau de la mer monte sur le long-terme à mesure que le climat se réchauffe et que la banquise fond.
Malheureusement, avec cette élévation régulière, ces inondations vont devenir plus fréquentes, plus étendues et bien plus graves.
Ben Graham, un ancien dirigeant des îles Marshall habitant Majuro
Ensuite, les cyclones sont de plus en plus violents à cause du phénomène climatique de type "La Niña." Ce dernier se traduit par une diminution de la température à la surface des eaux de l'est de l'océan Pacifique, provoquant de nouvelles conséquences climatiques. Et c'est bien ces deux phénomènes qui font toute la différence aujourd'hui. C'est ce que développe le spécialiste du climat Murray Ford.
"Un événement comme celui-ci aurait été relativement bénin dans les années 1990, mais le niveau de la mer est nettement plus élevé aujourd'hui qu'à l'époque (...). La montée du niveau de la mer accroît la fréquence et la magnitude de ce type d'événement."
Se préparer à la montée des eaux
Selon Murray Ford, des mesures effectuées depuis le début des années 1990 montrent que le niveau de la mer à Majuro s'élève de 4,8 millimètres par an en moyenne.
Pour Ben Graham, un ancien dirigeant des îles Marshall habitant Majuro, les îles doivent s'armer pour faire face à ce genre de situations. "
Malheureusement, avec cette élévation régulière, ces inondations vont devenir plus fréquentes, plus étendues et bien plus graves. Nous devons planifier et nous préparer à cela maintenant."
De son côté, le ministre des Affaires étrangères de l'archipel des Tuvalu, Simon Kofé avait alerté la communauté internationale sur ce problème urgent à l'occasion de la conférence pour le climat, la COP26. Il s'était fait remarquer en tenant un discours les pieds dans l'eau.
(À) revoir : COP26 : un discours les pieds dans l'eau pour alerter sur la montée des océans
Les archipels du Pacifique figurent parmi les pays les plus exposés au réchauffement climatique. Certains risquent même d'être totalement engloutis par l'élévation du niveau de la mer et la multiplication des cyclones. Pourtant, seulement un tiers d'entre eux ont pu se rendre à la dernière COP26.