Fil d'Ariane
Une journée de sommet international lors de laquelle la pandémie de Covid-19 ne tenait pas la vedette. On n'avait plus revu cela depuis un peu moins d'un an. La dizaine de chefs d'Etat et de gouvernement réunie lors du One Planet Summit, à Paris, sur place ou par visioconférence, ont évoqué sous plusieurs aspects la question cruciale du maintien de la biodiversité.
L'Afrique a tenu une place particulièrement centrale dans les discussions, notamment grâce à "l'accélération sans précédent", selon les mots d'Emmanuel Macron, du projet de "Grande muraille verte". Cette ambitieuse initiative a été lancée en 2007 mais souffre depuis d'un manque chronique de financement. Ce lundi 11 janvier, quelque 11,8 milliards d’euros ont été promis d’ici à 2025 pour les 11 pays concernés, à savoir le Burkina Faso, Djibouti, l'Érythrée, l'Éthiopie, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Soudan et le Tchad.
La "Grande muraille verte" doit permettre la plantation d'une gigantesques haie d'arbres sur 15 kilomètres de large et 7 600 kilomètres de long au Sahel, de Dakar à Djibouti, de l'Altantique à la Mer Rouge. Un moyen pour cette zone de l'Afrique de contenir l'avancée du désert, de restaurer 100 millions d'hectares de terres dégradées, de séquestrer 250 millions de tonnes de carbone et de créer 10 millions d'emplois verts dans les zones rurales. Objectif fixé : 2030.
L'un des participants au sommet, le patron de la Banque Africaine de Développement (BAD) considère ce projet comme crucial : c'est un "bouclier contre la désertification des terres" assure Akinwumi Adesina. Et pour lui, il s'agit "d'une muraille qui mérite d’être construite car elle rassemble et ne sépare pas, elle protège notre existence collective". La BAD participera à hauteur de 6,5 milliards de dollars sur les cinq prochaines années.
De nombreuses autres annonces ont émaillé la journée sur les questions environnementales, au sommet voulu par Emmanuel Macron, le président français, au Palais de l'Élysée. Deux dirigeants africains ont pris la parole : le Congolais Félix Tshisekedi et le Mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. À leurs côtés, physiquement ou virtuellement : le Britannique Boris Johnson, le Canadien Justin Trudeau, l'Allemande Angela Merkel, le Néerlandais Mark Rutte ou le Costaricain Carlos Alvarado Quesada.
Parmi les participants également, Charles Michel, le président du Conseil européen, le prince monégasque Albert II et le prince Charles, prince de Galles, ou encore la directrice du Fonds Monétaire International, Christine Lagarde et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Un parterre prestigieux qui affiche une volonté d'action : il s'agit de protéger 30% des terres et 30% des mers de la planète d'ici à 2030, contre seulement 15% des terres et 7% des océans aujourd’hui. 50 États se sont engagés dans une coalition pour atteindre cet objectif mais les plans d'action pour y parvenir ont été peu détaillés.
La question de la déforestation a été abordée sous l'angle européen par Pascal Canfin, le président de la Commission environnement du Parlement européen. Il a souligné que les Européens sont "les premiers contributeurs au monde à la déforestation importée", à cause des matières premières agricoles que l'Europe ne cultive pas (ou peu) comme le café, l'huile de palme, le cacao. Le député européen a affirmé que "cela est incompatible avec les engagements présentés aujourd'hui" et annonce une initiative du Parlement européen sur cette question en juin 2021.