Fil d'Ariane
Ouverte jeudi 30 novembre, la 28ème Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 28) accueille plus de 88 000 personnes, à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Ce nombre record montre un intérêt grandissant pour cet événement mais complique les accès au site.
Des personnes traversent le sommet de l'ONU sur le climat COP28, le lundi 4 décembre 2023, à Dubaï, aux Émirats arabes unis.
Une longue file d'attente qui serpente à l'entrée du site, aux portes du désert : la dure réalité de la popularité des COP s'est imposée aux dizaines de milliers de délégués, observateurs et journalistes accrédités à la COP 28 de Dubaï.
En sortant du métro, après quatre jours de COP, les participants courent désormais pour arriver plus vite aux contrôles de sécurité de l'ONU qui organise la conférence sur le climat présidée par les Emirats arabes unis. Le plus frénétique a été ce week-end, avec plus d'une centaine de dirigeants mondiaux, en plus de leurs entourages se rajoutant au programme.
"C'était horrible hier", dit Natalia Cauvi, accréditée dans la délégation du Pérou. Après une heure de métro et 45 minutes de queue, "on arrive sur le site déjà fatigué".
"On a raté une réunion", témoigne aussi lundi 4 décembre matin Johnson Cerda, de l'ONG Conservation International, qui a participé à 21 COP avant celle-ci.
"C'est trop grand, il y a trop d'informations en même temps, c'est Disneyworld!", lance sa collègue Kirsten en chemin vers une réunion où ils devraient, cette fois, être à l'heure.
C'est aussi le signe que davantage d'observateurs et d'ONG y participent. L'ONU Climat a accrédité 600 nouvelles ONG depuis l'an dernier. "On a commencé avec 50 personnes, désormais nous sommes 400 représentants des communautés indigènes à la COP", se félicite Johnson Cerda.
"A Copenhague en 2009, avec 25 000 personnes, on pensait que c'était beaucoup de gens. A Charm el-Cheickh l'an dernier, avec 50 000, on pensait encore que c'était beaucoup de gens!", s'amuse Dan Bondi.
Ce vétéran des COP et membre de la délégation des Emirats arabes unis vante l'organisation émiratie, sans dire ce que tout le monde pense : l'événement est bien mieux organisé que la COP 27 en Egypte l'an dernier, quand même l'eau vint à manquer.
A Dubaï, il y a même du café en grande quantité, bien qu'à 20 dirhams (5 euros).
Au dernier pointage, dimanche 3 décembre à 17h00 (heure locale), 88 445 personnes avaient été accréditées par l'ONU. Avec 23 000 personnels techniques, administratifs et de sécurité, plus de 110 000 badges ont été attribués pour la "zone bleue", gérée par l'ONU.
Environ la moitié des participants étaient physiquement présents dimanche (avec un pic à 14h00). C'est ce que montre au petit matin lundi sur un tableur d'Alexander Saier, le grand coordinateur média des COP à l'ONU. Il reste impassible face à l'extravagance croissante de ces conférences.
Pourquoi cette inflation ? Alexander Saier énumère les raisons : "il n'y a jamais eu autant d'intérêt" pour le climat ; Dubaï est très accessible ; et le site de l'Expo universelle de 2020 est énorme, dit-il à l'AFP.
L'ONU fixe un chiffre maximal de participation en fonction de la taille du site. Il y a des quotas pour les ONG, les médias et les organisations professionnelles. Mais il n'y en a pas pour les délégations officielles, qui sont les vraies responsables de l'inflation et qui peuvent inclure aussi des patrons. Elles représentent désormais 61% des accrédités, soit plus de 50 000 personnes cette année.
Des délégations nationales dépassent 500 personnes, voire plus de 1 000 pour la Chine et le Nigeria, plus de 3 000 pour le Brésil et 4 000 pour les Emirats.
"C'était bien plus intime, se remémore Alexander Saier, avant d'ajouter : la bulle était bien plus petite". Il évoque avec nostalgie sa première COP, la numéro cinq, en 1999. Elle s'était tenue dans la paisible ville allemande de Bonn, où siège l'organisation de l'ONU pour le climat.