Fil d'Ariane
La 28e conférence des parties, ou COP, s’est ouverte le 30 novembre 2023 à Dubaï, aux Émirats arabes unis. L’objectif est de faire le point sur la mise en œuvre de l’Accord de Paris de 2015 et d’évaluer l’accélération des efforts. Point d’étape au début des négociations.
L'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton s'exprime lors d'une session sur les femmes qui construisent un monde résilient au changement climatique lors du sommet climatique de l'ONU COP28, le 4 décembre 2023, à Dubaï, aux Émirats arabes unis.
Huit ans après sa signature, l’Accord de Paris est-il toujours atteignable ? Les négociateurs des 198 pays présents à Dubaï pour la COP 28 ont jusqu’au 12 décembre pour dresser le premier bilan de l’Accord de Paris, qui a vu le jour lors de la COP 21. Selon les termes de cet accord, les dirigeants s'engageaient à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre dans l'objectif de contenir le réchauffement planétaire à 2°C maximum d'ici à la fin du siècle, et même 1,5°C dans la mesure du possible.
Le début de la COP a été marqué par de nombreuses annonces marquantes de la part de chefs d’États. Tout d’abord, le premier jour des négociations a vu le lancement par la COP d'un fonds "pertes et dommages" destiné à aider les pays vulnérables à faire face aux conséquences de plus en plus coûteuses et dommageables des catastrophes climatiques. Selon un décompte du Natural Resources Defense Council, les premières promesses financières s'élevaient samedi à plus de 650 millions de dollars.
Par ailleurs, au moins 118 pays ont signé un appel à tripler la capacité des énergies renouvelables installées mondialement et à doubler le taux annuel d'amélioration de l'efficacité énergétique de 2% à 4% d'ici 2030. L’efficacité énergétique ou l’idée du « consommer moins mais mieux » a marqué le pas dans le monde en 2023 alertait l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à la veille du lancement de la 28e Conférence sur le climat.
Les Emirats arabes unis, hôtes de la COP 28, ont rejoint l'appel, mais la Russie, l’Iran ou la Chine, grands producteurs et consommateurs d’hydrocarbures, n’ont pas signé.
Par ailleurs, la journée du 2 décembre a été marquée par l'appel d'une vingtaine de pays à tripler les capacités de l'énergie nucléaire dans le monde d'ici 2050 par rapport à 2020. Outre les États-Unis et le Canada, la vingtaine de signataires inclut les pays européens pro-nucléaires, selon une liste publiée par les Etats-Unis, ainsi que la Corée du Sud, le Ghana, les Émirats qui ont construit leurs premiers réacteurs, et le Japon, qui relance ses centrales. Mais la Chine et la Russie, premiers constructeurs dans le monde mais rivaux des Occidentaux, n'ont pas signé.
Les annonces faites concernent également les énergies fossiles. Avec les États-Unis et d'autres pays, dont le Vietnam et l'Indonésie, la France a lancé une initiative pour soutenir l'accélération de la sortie du charbon, qui génère encore le tiers de l'électricité mondiale.
Par ailleurs, les États-Unis ont annoncé que de nouveaux pays, dont le Turkménistan, le recordman du monde des fuites de méthane selon l'Agence internationale de l'énergie, ont rejoint une initiative appelée "Global Methane Pledge", qui dépasse désormais 150 pays. L'initiative vise à réduire de 30% les émissions de méthane d'ici 2030, comparé à 2020. La plupart de ces annonces sont des engagements volontaires et non-contraignants. Le méthane est le deuxième gaz responsable du changement climatique derrière le CO2.
Si les premiers jours de la COP 28 ont été marqués par les interventions de différents chefs d’États et les différentes annonces, la suite du sommet se passera avec les délégués autour de la table des négociations et des discussions techniques. Puis, à partir de la fin de la semaine, les ministres prendront le relais pour la dernière ligne droite de la COP, qui est plus politique. Malgré l’importance des différentes annonces formulées au début du sommet, seul le texte final fera autorité.
Ce texte donnera la direction de la politique à suivre pour les pays signataires de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC). D'après un premier document de travail, presque 120 pays sur les 198 présents à la COP seraient d'accord pour tripler les capacités d'énergies renouvelables mondiales d'ici 2030. Les noms de la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite, la Russie et l’Iran ne figurent pas sur ce document pour le moment.
Deux options font justement l'objet de longs et pointilleux débats dans les couloirs et les salles de réunion de la COP 28. Faut-il totalement sortir du pétrole, du gaz et du charbon ou faut-il réduire leur utilisation ? Ces deux options figurent pour l'instant dans la première ébauche du texte majeur dont doit accoucher la conférence d'ici son issue théorique le 12 décembre, sous la forme d'un "bilan mondial" de l'Accord de Paris de 2015.
Les négociations servent également à discuter des moyens de financer les annonces faites par les dirigeants en matière de protection de l’environnement. Chaque année, les pays en développement ont besoin de centaines de milliards de dollars afin de s'adapter au réchauffement climatique. Par ailleurs, ils demandent plus de moyens pour passer aux énergies renouvelables. Le chiffre de 650 milliards de dollars nécessaires, selon le signataires de l'accord de Nairobi, pour couvrir les besoins en énergies renouvelables le continent africain.