Fil d'Ariane
La COP16 biodiversité s'est terminée, samedi 2 novembre à Cali, en Colombie, échouant à obtenir un accord sur le financement de la feuille de route que l'humanité s'est fixée pour stopper la destruction de la nature d'ici 2030.
Des policiers montent la garde devant un hôtel lors de la COP16, la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité, à Cali, en Colombie, le 19 octobre 2024.
Les négociations ont été suspendues au matin par la présidente colombienne du sommet des Nations unies, quand Susana Muhamad a constaté avoir perdu le quorum des délégués, partis attraper leur avion après une nuit blanche en plénière.
“C'est fini", a déclaré Susana Muhamad depuis la tribune, scellant l'échec des négociations cruciales sur le financement et sur un mécanisme de suivi, censé assurer que les pays remplissent les engagements pris il y a deux ans à Montréal pour sauver la nature.
La présidence colombienne se félicite en revanche d'avoir obtenu l'adoption de décisions dont elle avait fait sa priorité : un statut renforcé pour les peuples autochtones dans les COP biodiversité, un texte sur la reconnaissance des "afrodescendants", et la mise en œuvre d'un fonds multilatéral.
Ce dernier vise à partager avec les pays en développement les bénéfices réalisés par des entreprises grâce au génome numérisé de plantes et animaux de leurs territoires.
Après plus de dix heures d'âpres débats nocturnes samedi, les pays venaient enfin d'aborder le sujet le plus explosif de la conférence: comment atteindre d'ici 2030 l'objectif de porter à 200 milliards de dollars par an les dépenses mondiales pour sauver la nature, dont trente milliards d'aide des pays riches.
Le gouvernement colombien s'est beaucoup mobilisé (...) le peuple colombien a tout donné, (...) mais au final, cela dépend des parties et du processus de négociation. Susana Muhamad, ministre de l'environnement et présidente colombienne de la COP16 Biodiversité
Pour y parvenir, la présidence colombienne présentait une feuille de route incluant la création d'un nouveau fonds pour la nature, ce que refusent les pays riches, hostiles à la multiplication des fonds multilatéraux d'aide au développement.
Comme attendu, la prise de parole du Brésil, premier soutien de la présidence colombienne, en réponse à celles de l'Union européenne, du Japon et du Canada, a dévoilé des positions toujours aussi figées après douze jours de sommet dans une vallée luxuriante de la cordillère des Andes.
Le Panama a alors demandé à la présidence colombienne de vérifier le quorum. Celui-ci n'étant plus rempli, c'est la raison qui a été invoquée pour suspendre la plénière de clôture.
La ministre colombienne de l'Environnement, Susana Muhamad, prononce un discours lors de la cérémonie d'ouverture de la COP16, une conférence des Nations Unies sur la biodiversité, à Cali, en Colombie, le 20 octobre 2024.
"Bien sûr cela rend plus faible et plus lent le potentiel" du processus onusien, censé remédier à la crise de la nature qui menace la prospérité de l'humanité, a déclaré Mme Muhamad.
"Le gouvernement colombien s'est beaucoup mobilisé (...) le peuple colombien a tout donné, (...) mais au final, cela dépend des parties et du processus de négociation", a-t-elle justifié, au bord des larmes.