Fil d'Ariane
Des activistes mettent la pression sur les délégués de la COP26 au dernier jour de la conférence de Glasgow ce vendredi 12 novembre 2021.
La COP26 a adopté samedi un "pacte de Glasgow" destiné à accélérer la lutte contre le réchauffement climatique, mais sans assurer de le contenir à 1,5°C ni répondre aux demandes d'aide des pays pauvres.
L'adoption définitive du texte est intervenue à l'issue de deux semaines de négociations éprouvantes, d'un coup de marteau du président britannique de la conférence mondiale sur le climat et après des changements de dernière minute introduits par la Chine et l'Inde sur la question des énergies fossiles.
L'Inde a en effet demandé de modifier le texte final de l'accord pour dire "réduire progressivement" plutôt que "éliminer progressivement" l'énergie au charbon. Selon The Guardian, Le Liechtenstein s'est dit "profondément déçu", mais "pour le bien collectif, nous devons avaler cette pilule amère". D'autres pays ont fait part de leur déception, et amertume à l'issue de cette conférence. Le Mexique s'est plaint d'un "processus non-inclusif et non-transparent".
Le président de cette COP, Alok Sharma s'est excusé de la manière dont les tractations se sont déroulées. "Je suis profondément désolé", a-t-il déclaré les larmes aux yeux, en parlant des changements de dernière minute introduits sur la question des énergies fossiles à la demande de la Chine et de l'Inde. Il a néanmoins remercié la conférence pour avoir accepté un accord "plein de sens pour notre planète et sa population".
"C'est mou, c'est faible, et l'objectif de 1,5°C est à peine en vie, mais il y a un signal sur la fin de l'ère du charbon. Et c'est important", a commenté Jennifer Morgan, patronne de Greenpeace International.
Le dossier explosif de l'aide aux pays pauvres, qui a un temps semblé pouvoir faire dérailler les négociations, n'a par contre pas trouvé de résolution.
Echaudés par la promesse toujours non tenue des plus riches de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards de dollars par an, les pays pauvres, les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impacts, demandaient un financement spécifique des "pertes et préjudices" qu'ils subissent déjà. Les pays développés, au premier rang desquels les Etats-Unis, qui redoutent de possibles conséquences juridiques, s'y sont fermement opposés.
Et à contrecoeur, les pays pauvres ont cédé, acceptant une poursuite du dialogue afin ne pas perdre les avancées sur la lutte contre le réchauffement, dont les effets les menacent déjà directement.
"C'est une insulte aux millions de personnes dont les vies sont ravagées par la crise climatique", a commenté Teresa Anderson, de l'ONG ActionAid International. Pour Greta Thunberg, la COP26 s'est résumée à du "bla-bla-bla".
Malgré la conclusion de cet accord, "la catastrophe climatique frappe toujours à la porte", selon le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Dans un communiqué, il a estimé que cette conférence a débouché sur "des pas en avant bienvenus, mais ce n'est pas assez".
Le session plénière informelle s'est terminée et devrait être suivie après une interruption par la plénière de clôture de la COP pour l'adoption de l'accord final. "C'est le moment de vérité pour notre planète et c'est aussi le moment de vérité pour nos enfants et nos petits enfants" avait déclaré le président britannique de la COP26 Alok Sharma.
Alok Sharma n'a eu de cesse de plaider auprès de l'ensemble des délégués représentants environ 200 pays participants d'accepter le nouveau projet de déclaration finale publiée samedi matin. Il a reconnu que le "le texte est imparfait" mais qu'il faisait l'objet d'un compromis et de soutien.
Le texte de la déclaration finale de 10 pages va s'intituler Pacte de Glasgow pour le climat est d'ores et déjà consultable.
L'objectif affiché des Britanniques lors de cette COP est de "garder en vie" l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Le représentant de la Chine a assuré n'avoir pas l'intention de "rouvrir" les négociations sur le texte, tout aussi "imparfait" qu'il soit.
Au nom du groupe de négociation G77+Chine (plus de 100 pays en développement et émergents), qui a mené la bataille ces derniers jours, le Guinéen Amadou Sebory Touré a exprimé son "extrême déception" sur ce point, assurant toutefois que dans un "esprit de compromis", le groupe "peut vivre" avec.
L'Inde a défendu le droit des pays en développement à "un usage responsable" des énergies fossiles, principale cause du réchauffement climatique.
"Les pays en développement ont le droit à leur juste part du budget carbone mondial et à un usage responsable des énergies fossiles", a déclaré le représentant indien lors de la réunion plénière sur le projet de déclaration finale de la conférence mondiale sur le climat, qui mentionne pour la première fois une limitation de ces énergies.
Les représentants de l'Afrique du Sud et de la Chine rejoignent l'Inde dans sa critique du paragraphe 36 de cette déclaration, selon The Guardian. La mention de "la sortie de l'énergie au charbon et des subventions inefficaces aux énergies fossiles" apparait pour la première fois dans un texte officiel d'une COP. Pour l'Afrique du Sud, "une solution unique pour tous n'est pas une bonne solution". Aucun texte alternatif n'est proposé pour le moment.
Le président de la conférence sur le climat COP26, Alok Sharma, a appeléles délégués à accepter le projet de déclaration, jugeant qu'il est "équilibré" et "fait réellement avancer les choses pour tout le monde". Lors de la séance plénière, il a déclaré : "Tout le monde a pu s'exprimer et j'espère que mes collègues apprécieront ce qui est sur la table".
"Tous les aspects n'en seront pas accueillis favorablement par tous", a concédé Alok Sharma au sujet du texte, dans une brève allocution avant d'accorder 45 minutes supplémentaires aux délégations. "Mon intention est que nous mettions un terme à cette COP cet après midi", a-t-il dit d'un ton ferme.
Néanmoins, de nombreux observateurs sont profondément déçus de cette déclaration finale. Les pays en développement avaient notamment demandé un mécanisme spécifique de prise en compte des "pertes et préjudices", c'est-à-dire les dommages déjà causés par les impacts ravageurs des tempêtes, sécheresses et canicules qui se multiplient.
Selon Mohamed Adow de l'ONG Power Shift Africa, "le texte a été affaibli" par rapport à une précédente version publiée jeudi 11 novembre, expurgée d'une référence déjà considérée minimale à un système d'appui "technique". "Les pays riches poussent vers un système qui aboutirait à un forum de bavardages incessants" avec la passivité de la présidence britannique, a-t-il dénoncé.
Le représentant guinéen Amadou Sebory Touré, chef du groupe de négociation G77+Chine (plus de 100 pays en développement et émergents), avait encore insisté vendredi 12 novembre pour qu'un tel mécanisme figure dans le texte, rappelant que la proposition émanait "de la totalité du monde en développement", grands pays émergents compris.
De version en version, la portée du texte a été amoindrie. Il appelle désormais les pays membres à "accélérer les efforts vers la sortie de l'énergie au charbon sans systèmes de capture (de CO2) et des subventions inefficaces aux énergies fossiles".
A revoir : COP26 : "Les pays les plus riches ne tiennent pas leurs propres promesses", selon le directeur du PNUD
Après un sommet accueillant plus de 120 chefs d'Etat, des annonces en tout genre sur les forêts ou le méthane et deux semaines de négociations serrées sur de nombreux sujets explosifs, la présidence espère boucler ce samedi les difficiles négociations, avec un jour de retard sur le calendrier prévu. Et réussir ainsi à "garder vivant" l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, celui de limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Un nouveau projet de déclaration finale de la conférence de Glasgow sur le climat appelle ce samedi à "accélérer les efforts" vers la sortie du charbon et le rythme des engagements des pays pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le texte mis en ligne par la présidence britannique de la COP26 ne fait par contre aucune mention d'un mécanisme spécifique pour compenser les "pertes et préjudices" déjà subis par les pays les plus pauvres et exposés aux effets du réchauffement, une de leurs revendications fortes et un des points très controversés des négociations.
A re(voir) : une nouvelle mouture du texte final a été dévoilée
Officiellement la COP26 devait se terminer vendredi 12 novembre à 17h GMT. Mais comme on pouvait s'y attendre, les discussions continuent. Sur quels sujets ?
► Le point avec notre envoyée spéciale, Marie Billon.
COP26 : dernier jour de négociations à Glasgow
D'âpres discussions sur les énergies fossiles, la réduction des émissions et l'aide aux pays pauvres opposaient vendredi les négociateurs à la COP26 de Glasgow.
Tôt dans la matinée, la présidence britannique a publié un nouveau projet de déclaration finale, mais "il reste un petit nombre de points clés" sur lesquels trouver un accord, a lancé le président de la conférence Alok Sharma.
► Londres a fait un mantra pour la COP26 du slogan "Maintenir 1,5 en vie", en référence à l'accord de Paris qui fixe l'objectif de contenir la hausse de la température "bien en deçà" de +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, si possible +1,5°C.
Le projet appelle donc les Etats membres à relever leurs engagements de réduction d'émissions plus régulièrement que prévu dans l'accord de Paris, et ce dès 2022. Même si la possibilité d'aménagements pour "circonstances nationales particulières" a été ajoutée.
Mais les pays pauvres estiment que les riches doivent faire plus, car ils sont responsables de l'immense majorité des émissions. Demander le même effort à tous "n'est pas juste", a insisté le représentant du Kenya, rappelant que le réchauffement pour son pays "n'est pas une statistique, c'est une question de vie ou de mort".
► L'émissaire américain John Kerry a par ailleurs défendu l'inclusion très controversée d'une mention -même adoucie - de la sortie du financement des énergies fossiles, assurant que subventionner la principale source d'émissions de gaz à effet de serre constituait "la définition même de la folie".
L'Arabie Saoudite s'était de son côté sans surprise vivement opposée au texte, appelant à "rester fidèle à l'accord de Paris", qui ne mentionne même pas les énergies fossiles.
► La finance climat complique également la conclusion d'un accord. Les pays pauvres, affichant la "confiance rompue" après l'échec des plus riches à tenir leur promesse de débloquer 100 milliards de dollars d'aide par an, rejettent les assurances renouvelées des pays développés à faire mieux.
Le projet de déclaration appelle ainsi les pays riches à remplir, et même aller au-delà, de leur promesse non tenue. Et à doubler d'ici 2025 l'aide spécifiquement consacrée à l'adaptation aux effets du changement climatique, alors que c'est le financement des réductions d'émissions qui capte 75% du total. "Nous sommes extrêmement déçus" que la proposition d'un dispositif spécifique n'ait pas été retenue, a lancé le représentant guinéen au nom du groupe G77+Chine (plus de 100 pays en développement et émergents).
Privilégiant les actions non-violentes de désobéissance civile, le mouvement écologiste Extinction Rebellion espère toucher les opinions publiques en pleine COP26. Comment mesurer l'efficacité de leur action face à l'urgence climatique ? Benjamin Béraud s'est intéressé à cette jeune organisation internationale.
Ouverte il y a deux semaines à Glasgow, la Conférence de l'ONU sur le climat était présentée comme celle "de la dernière chance". Derrière le slogan galvaudé, Nina Soyez nous rappelait alors quels étaient les grands enjeux de cette COP26. Maintien du réchauffement à + 1,5°C, réduction des émissions de gaz à effet de serre, sortie des énergies fossiles, retour sur les principaux sujets abordés pendant deux semaines.
C'est l'un des sujets délicats dans la recherche d'un accord à Glasgow.
Ils refusent de payer les dégâts de la crise climatique. Lors de cette COP26, plusieurs dirigeants africains ont rappelé que le continent n'est pas responsable du réchauffement climatique. Ils demandent ainsi aux États pollueurs de verser davantage d'argent pour assurer la transition énergétique du continent.
Pour Clément Sénéchal, les supposées avancées de la COP26 en terme d'énergies fossiles sont un strict minimum. Mais pour le porte-parole de Greenpeace France, il faut aller beaucoup plus loin. S'il est critique sur l'issue probable de la conférence, il reconnaît néanmoins l'utilité de ce genre d'événements pour leur rôle de "canal diplomatique".
Son absence était remarquée. Par la voix de sa ministre de la transition énergétique, Barbara Pompili, la France annonce qu'elle rejoint l’accord mettant fin au financement des projets d’exploitation des énergies fossiles.
Fin de financement dès l’année prochaine pour les projets qui ne prévoient pas de technologies de capture de carbone. Et une fin par étapes pour l’ensemble des projets. 2021 pour le charbon. 2025 pour le pétrole. 2035 pour le gaz. Précision importante de la ministre : ces annonces ne s’appliquent qu’aux nouveaux projets à venir.
La lutte contre le dérèglement climatique implique de tourner la page des énergies fossiles.
— Barbara Pompili (@barbarapompili) November 12, 2021
J’annonce aujourd’hui à la #COP26 que la France rejoint l’accord mettant fin aux financements à l’étranger de projets d’exploitation d’énergies fossiles d’ici fin 2022.@AlokSharma_RDG pic.twitter.com/LBRaxp19dP
Le nouveau texte, mis en ligne tôt vendredi après de longues heures de négociations, préserve également une référence inédite - mais adoucie par rapport à une première version - aux énergies fossiles, principales sources du réchauffement climatique.
► Les précisions de l'envoyée spéciale de TV5MONDE à Glasgow, Marie Billon.
"Il reste beaucoup de travail" ! Jeudi soir, à la veille de la clôture théorique de la COP26, son président britannique Alok Sharma préparait les esprits à une prolongation des travaux.
Les sujets les plus consensuels ont été adoptés jeudi après-midi. Mais les plus épineux restaient sur la table à l'ouverture de cette ultime journée.
Sujet de discorde, notamment, le financement des pays pauvres. Ils sont les moins responsables du réchauffement pour la plupart, mais sont ceux qui en paient le plus lourd tribut. L'obligation (jamais vraiment respectée) d'une aide de 100 milliards de dollars est d'ores et déjà obsolète avaient prévenu les délégations du sud au début de cette COP.
Autre point de contentieux : les énergies fossiles. Oubliées curieusement dans l'accord de Paris, elles sont apparues cette année. Au grand dam des pays producteurs. L'Australie, notamment, avait expliqué ces derniers jours qu'elle continuerait à extraire son charbon pendant encore de longues années.
La question du nucléaire (énergie propre ou non ?) pourrait également s'inviter dans les discussions. La France milite activement pour que le nucléaire soit compris dans la liste des énergies propres avec les subventions que cela implique.
► Jeudi soir, Marie Billon nous faisait le point sur les dernières avancées à 24 heures de la fin théorique de la conférence.