Environnement : la pollution de l'air est la principale menace pour la santé mondiale

Selon une étude publiée, mardi 29 août, par une université américaine, la pollution atmosphérique présente un plus grand risque pour la santé mondiale que le tabagisme ou la consommation d'alcool.  Le danger est exacerbé dans certaines régions du monde comme en Asie et en Afrique.

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Le smog matinal enveloppe la ligne d'horizon à Mumbai, en Inde, vendredi 20 octobre 2017.

Le smog matinal enveloppe la ligne d'horizon à Mumbai, en Inde, le 20 octobre 2017.

Rafiq Maqbool (AP)
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Le rapport de l'Institut de politique énergétique de l'université de Chicago (EPIC) sur la qualité de l'air mondiale est formel. La pollution aux particules fines, émises par les véhicules motorisés, l'industrie et les incendies, représente "la plus grande menace externe pour la santé publique" mondiale. Mais malgré ce constat, les fonds alloués à la lutte contre la pollution de l'air ne représentent qu'une fraction infime de ceux par exemple dédiés aux maladies infectieuses, pointe le rapport.

La pollution aux particules fines augmente le risque de développement de maladies pulmonaires, cardiaques, d'AVC ou de cancers. Un respect permanent du seuil d'exposition aux particules fines fixé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) permettrait d'augmenter l'espérance de vie mondiale de 2,3 ans, estime l'EPIC, sur la base de données collectées en 2021. En comparaison, la consommation de tabac réduit en moyenne l'espérance de vie mondiale de 2,2 ans, et la malnutrition infantile et maternelle d'1,6 année.

New Delhi, la plus polluée

L’Asie du Sud est la région du monde la plus touchée par la pollution atmosphérique. Les effets sur la santé publique y sont très prononcés. Selon les modélisations de l'EPIC, les habitants du Bangladesh pourraient gagner 6,8 ans d'espérance de vie si le seuil de pollution était abaissé à 5 μg/m3 (microgramme par mètre cube), le niveau recommandé par l'OMS. Or, le niveau moyen d'exposition aux particules fines y est évalué à 74 μg/m3. La capitale de l'Inde, New Delhi, fait elle figure de "mégalopole la plus polluée du monde", avec un taux moyen annuel de 126,5 μg/m3.

  • (Re)voir : Inde : les écoles de New Delhi fermées après un pic de pollution
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A l'inverse, la Chine, a "fait de remarquables progrès dans sa lutte contre la pollution atmosphérique" initiée en 2014, souligne auprès Christa Hasenkopf, directrice des programmes sur la qualité de l'air de l'EPIC. La pollution moyenne de l'air dans le pays a ainsi diminué de 42,3 % entre 2013 et 2021. Elle reste néanmoins six fois supérieure au seuil recommandé par l'OMS. Si ces progrès se poursuivent dans le temps, la population chinoise devrait gagner en moyenne 2,2 ans d'espérance de vie, évalue l'EPIC.

Aucun dispositif international

Dans l'ensemble, les régions du monde les plus exposées à la pollution de l'air sont celles qui reçoivent le moins de moyens pour lutter contre ce risque, note le rapport. "Il y a un profond décalage entre les endroits où l'air est le plus pollué et ceux où sont déployées collectivement et mondialement le plus de ressources pour résoudre ce problème", explique Christa Hasenkopf.

Si des dispositifs internationaux existent pour lutter contre le VIH, le paludisme ou la tuberculose, aucun équivalent n'existe pour la pollution atmosphérique. "Et pourtant, la pollution de l'air réduit davantage l'espérance de vie moyenne d'une personne en RDC (République démocratique du Congo) et au Cameroun que le VIH, le paludisme et autres", souligne le rapport.

Sur cette photo prise le jeudi 13 février 2020, on peut voir une file d'attente sur l'autoroute Uhuru menant au centre-ville de Nairobi, au Kenya. Dans de nombreuses régions d'Afrique subsaharienne, les nouvelles roues sont souvent synonymes de voitures d'occasion en provenance du Japon ou d'Europe, qui sont abordables pour la classe moyenne en pleine croissance, mais les défenseurs de l'environnement et d'autres se plaignent que les véhicules d'occasion, incapables de satisfaire aux tests de pollution rigo

Sur cette photo datée du 13 février 2020, une file d'attente sur l'autoroute Uhuru menant au centre-ville de Nairobi, au Kenya. Dans de nombreuses régions d'Afrique subsaharienne, les nouvelles routes sont souvent synonymes de voitures d'occasion en provenance du Japon ou d'Europe, qui sont abordables pour la classe moyenne en pleine croissance. Mais les défenseurs de l'environnement et d'autres se plaignent que ces véhicules, incapables de satisfaire aux tests de pollution rigoureux dans d'autres pays, sont tout simplement jetés sur le continent le plus pauvre du monde.

Sayyid Abdul Azim (AP)

L’impact des mégafeux

Aux États-Unis, le programme fédéral Clean Air Act a contribué à faire baisser la pollution atmosphérique de 64,9% depuis 1970. Il a permis à l'espérance de vie moyenne des Américains d'augmenter d'1,4 année.

En Europe, l'amélioration de la qualité de l'air au cours des dernières décennies a suivi la dynamique de celle observée outre-Atlantique. Mais de profondes disparités persistent entre l'est et l'ouest du continent.

Tous ces efforts sont menacés entre autres par la multiplication des feux de forêt à travers le monde qui provoquent des pics de pollution de l'air. Ces feux sont causés par l'augmentation des températures et à la multiplication des épisodes de sècheresse, liés au changement climatique. 

En 2021, la saison historique des feux qu'a connue la Californie a par exemple entraîné une pollution atmosphérique dans le comté californien de Plumas de l'ordre de cinq fois le seuil limite recommandé par l'OMS. Les mégafeux qui ont ravagé le Canada au cours de l'été 2023 ont eux provoqué des pics de pollution au Québec et dans l'Ontario, et dans plusieurs régions de l'est des États-Unis.