Fil d'Ariane
Près de 2 500 lobbyistes des énergies fossiles ont obtenu une accréditation pour la conférence de l'ONU sur le climat aux Émirats arabes unis, qui n'ont pas caché les avoir invités.
Des personnes marchent près du dôme Al Wasl à Expo City avant le sommet climatique COP28 de l'ONU, le 28 novembre 2023, à Dubaï, aux Émirats arabes unis.
Les fossiles du matin au soir : le débat occupe les négociateurs en coulisses comme les tables-rondes et événements publics organisés à la COP 28 à Dubaï, où la journée du 5 décembre est officiellement consacrée à l'énergie.
La deuxième version du texte qui servira de base de discussion en vue d'une adoption d'ici à la fin de la COP28 a été rendue publique ce 5 décembre à 05H00 heure locale. Il synthétise en 24 pages les différentes options poussées par les quelque 200 pays qui négocient fiévreusement à Dubaï. Leurs divergences de vue se reflètent dans les différentes options laissées ouvertes sur la question essentielle de l'avenir des énergies fossiles.
D'une "sortie ordonnée et juste des énergies fossiles" à rien du tout sur le sujet, toutes les options sont sur le table, suggérant de féroces batailles d'ici la fin théorique de la COP28 le 12 décembre. Autre débat soumis aux négociateurs, inscrire l'objectif de triplement des énergies renouvelables d'ici 2030 ou ne pas mentionner le sujet.
Le ministre saoudien de l’Énergie s'est dit "absolument" opposé à un accord portant sur une réduction des énergies fossiles, montrant à quel point les camps traditionnels campent sur leurs positions. "Et je vous assure que personne - je parle des gouvernements - n'y croit", dit le prince Abdelaziz ben Salmane dans une interview donnée depuis Ryad à Bloomberg, diffusée le 4 décembre.
"On n'a pour l'instant pas de visibilité sur l'équilibre de l'accord dans les textes proposés, puisque toutes les options sont sur la table aujourd'hui", dit Laurence Tubiana, architecte de l'accord historique de Paris en 2015. Les négociations "sont difficiles parce qu'on est au moment où tout est sur la table et on ne voit pas le point d'équilibre".
"C'est d'un côté normal à ce stade de la négociation mais elle s'annonce particulièrement difficile parce qu'on parle de l'éléphant dans la pièce que sont les énergies fossiles et de façon très directe", juge-t-elle dans un entretien à Dubaï.
Le président russe Vladimir Poutine se rendra mercredi aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite, des visites notamment consacrées au conflit israélo-palestinien et au pétrole, a annoncé mardi le Kremlin. Il n'a pas précisé si le président russe se rendrait à la COP28, où la délégation russe, qui compte 590 personnes, fait notamment la promotion du gaz, selon des observateurs.
Il est "désormais inévitable" que le seuil de 1,5°C de réchauffement de la planète soit dépassé "de manière constante" et il y a une chance sur deux pour que cela arrive dans seulement sept ans, alertent les scientifiques du Global Carbon Project. Selon cette étude de référence, les émissions de CO2 produites par l'utilisation du charbon, du gaz et du pétrole dans le monde pour se chauffer, s'éclairer ou rouler devraient en effet franchir un nouveau record en 2023.
Par ailleurs, des dizaines de personnes ont manifesté à l'entrée de la COP28 sous un soleil déjà mordant mardi matin, devant une grande image d’une planète en flammes. "Dégagez les pollueurs !", chantait la petite foule. Près de 2 500 lobbyistes des énergies fossiles ont en effet obtenu une accréditation pour la conférence, selon une coalition d'ONG.
"J'ai zéro confiance dans le fait que la COP réussira" si "les Nations unies continuent de permettre à l'industrie des énergies fossiles" d'en mener les débats, dit Thomas Harmy Joseph, de l'ONG américaine Indigenous Environmental Network.
Des militants ont interpellé mardi le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, présent comme d'autres patrons pétroliers à la COP28, selon une vidéo postée sur les réseaux sociaux, pour appeler à la libération de militants ougandais emprisonnés de StopEACOP, opposés au projet pétrolier géant en Afrique de l'Est.
"Nos équipes s'en occupent, elles sont en liaison avec les autorités, elles vont voir les étudiants", répond calment le patron français. "On a cette politique, plusieurs fois je l'ai exprimé, de façon à faire en sorte que les autorités puissent les libérer le plus vite possible".