Fil d'Ariane
Assiégée par les flammes depuis mardi dernier, la deuxième ville la plus peuplée des États-Unis continue de compter ses morts : le bilan s'est alourdi dimanche soir à 24 morts, selon le service de médecine légale du comté de Los Angeles.
Un pompier installe un tuyau d'arrosage lors de la lutte contre l'incendie de Palisades dans le canyon de Mandeville, samedi 11 janvier 2025, à Los Angeles.
Cela fait une semaine que les Hollywoodiens voient leur ville brûler. Après une courte accalmie, la ville se prépare à un retour de vents violents menaçant d'attiser les incendies qui ont laissé des scènes de désolation dans son agglomération. Le bilan s'élève désormais à 24 morts et pourrait s'alourdir davantage.
Dans des zones d'où les flammes se sont depuis retirées, des lotissements ne sont plus désormais que des tas de cendres et de débris. Dans le quartier d'Altadena, Jannell Gruss dit avoir eu peur de mourir alors qu'elle évacuait les chevaux de ses écuries à la nuit tombée.
"Il y avait beaucoup de fumée, il faisait sombre, je ne pouvais rien voir", raconte-t-elle depuis le Centre équestre de Los Angeles, où plusieurs équidés ont pu être hébergés temporairement. En faisant un signe de croix, elle relate comment elle a vu sa vie défiler : "J'ai pensé que j'allais peut-être être l'une de ces victimes dont on entend parler".
Après une courte accalmie, les vents chauds et secs devraient regagner en puissance jusqu'à mercredi, compliquant le travail des pompiers. Le service météorologique américain prévoit ainsi un "comportement extrême des incendies", avec des vents qui culmineront 110 km/h à partir de mardi matin, a déclaré la météorologue Rose Schoenfeld.
De nombreuses zones ont toujours l'air d'avoir été bombardées.
Robert Luna, shérif du comté de Los Angeles
Les pompiers ont averti que ces vents empêcheraient tout retour des évacués avant jeudi, appelant à la patience les dizaines de milliers d'habitants faisant la queue, parfois pendant des heures, dans l'espoir de récupérer des médicaments ou des vêtements chez eux, ou tout simplement voir si leur maison a été détruite ou non.
"Ils ne peuvent pas rentrer chez eux tout simplement parce que ce n'est pas sécure", a expliqué à la presse Anthony Marrone, responsable des pompiers de Los Angeles. "De nombreuses zones ont toujours l'air d'avoir été bombardées", a pour sa part constaté le shérif du comté de Los Angeles Robert Luna.
Malgré les efforts de milliers de soldats du feu à pied d'œuvre, l'incendie s'est étendu au cours du week-end au nord-ouest de la ville et menace désormais la vallée densément peuplée de San Fernando. Plus de 12.000 structures - habitations ou bâtiments divers - ont été détruites ou endommagées par les feux, selon les premières estimations des autorités.
Nombre d'habitants commencent à remettre en cause la gestion des autorités, notamment parce que les pompiers ont parfois dû composer avec des bouches d'incendie vides ou avec une faible pression.
Très critiquée, la maire démocrate de Los Angeles, Karen Bass, a assuré samedi que ses services étaient "tous sur la même longueur d'ondes". La veille, la cheffe des pompiers de la ville avait pointé le budget insuffisant alloué par la municipalité aux soldats du feu.
Les politiciens incompétents n'ont aucune idée de la manière de les éteindre.
Donald Trump
Le gouverneur démocrate de l'Etat, Gavin Newsom, a lui demandé "un examen indépendant complet" des services de distribution d'eau de la ville.
Donald Trump a une nouvelle fois attaqué dimanche la gestion des feux par les dirigeants locaux. "Les politiciens incompétents n'ont aucune idée de la manière de les éteindre", a-t-il estimé sur sa plateforme Truth Social.
Face aux pillages dans les zones sinistrées ou évacuées, un strict couvre-feu entre 18H00 et 06H00 du matin est désormais en vigueur dans les secteurs de Pacific Palisades et Altadena, les plus ravagés. Les autorités ont annoncé dimanche l'arrestation de plusieurs individus soupçonnés de cambriolages, dont l'un portait un costume de pompier.
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Les dommages causés par les incendies devraient se chiffrer en dizaines de milliards de dollars, et certains experts redoutent déjà que ces feux soient les plus coûteux jamais enregistrés.
Le gouverneur de l'État a affirmé dimanche sur NBC vouloir lancer un "Plan Marshall" pour reconstruire la Californie et alléger certaines réglementations pour permettre aux habitants de reconstruire rapidement leurs habitations parties en fumée. Dans la ville, des secouristes assistés de chiens renifleurs continuent d'inspecter les décombres à la recherche de corps.
Les vents de Santa Ana qui ont attisé ces incendies sont un classique des automnes et des hivers californiens. Mais ils ont atteint cette fois une intensité inédite depuis 2011, selon les météorologues, avec des rafales jusqu'à 160 km/h cette semaine.
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De quoi propager les braises très rapidement, parfois sur des kilomètres. Un scénario cauchemardesque pour les pompiers, car la Californie sort de deux années très pluvieuses qui ont fait naître une végétation luxuriante, désormais asséchée par un manque de pluie criant depuis huit mois.
Les scientifiques rappellent régulièrement que le changement climatique augmente la fréquence des événements météorologiques extrêmes.