Les populations d'animaux sauvages ont diminué de 73% en 50 ans, selon le nouveau rapport du WWF

À quelques jours de la COP16 en Colombie, le Fonds mondial pour la nature (WWF) tire la sonnette d'alarme sur le déclin de la biodiversité. L'ONG pointe du doigt les activités humaines.

Image
Elephants d'Afrique

Parc national d'Amboseli au Kenya - Selon WWF, entre 20 000 et 30 000 éléphants sont tués par les braconniers chaque année dans le monde (image d'illustration)

Ben Curtis / AP
Partager 2 minutes de lecture

La biodiversité est ''en péril" et les cinq prochaines années seront décisives pour la planète, alerte le WWF dans le nouveau rapport Planète Vivante. L'ONG exhorte les pays à prêter une attention particulière aux pratiques humaines qui rapprochent dangereusement la planète à des "points de bascule" écologiques. Ceci aura des effets dévastateurs sur les populations et la nature dans le monde entier. L'ONG condamne notamment l'agriculture non durable, l'exploitation forestière, les transports et la fragmentation des rivières pour les espèces d’eau douce.

Le WWf précise que le changement climatique pourrait également bientôt devenir la principale menace pour l'humanité, "la hausse des températures entraîne déjà des phénomènes de mortalité massive, ainsi que des extinctions d'espèces. D'autres facteurs comme la surexploitation, les espèces invasives et la pollution ont également un impact dévastateur sur la nature." 

Les vertébrés sauvages en déclin

Entre 1970 et 2020, la taille moyenne des populations d’animaux sauvages suivies a diminué de 73 %. La tendance était de 68% dans la précédente édition en 2022. Éléphants de forêts d’Afrique, tortues luth de Guyane, truite de rivières en France hexagonale… la liste d’espèces menacées se rallonge inexorablement depuis des décennies. Selon le rapport de WWF, le déclin le plus marqué est celui des populations d’eau douce (- 85 %) qui reflète la pression croissante exercée sur les habitats et les espèces d’eau douce, comme le montrait déjà le rapport Rivières Vivantes du WWF France.    

Au total, environ 5.500 vertébrés (mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens), répartis en quelque 35.000 populations à travers le monde, sont désormais recensés par cet "Indice Planète vivante", établi et actualisé tous les deux ans par la Société zoologique de Londres (ZSL) depuis 1998.

"L’heure n’est plus à la demi-mesure : nous devons agir massivement et immédiatement"

 Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France

Ces points de bascule se forment lorsque des pressions sont exercées sur les écosystèmes au-delà d'un seuil critique, provoquant alors un bouleversement considérable et potentiellement irréversible. D'après la Directrice Générale de WWF International, Kirsten Schuijt la perte d’habitat, le changement d'affectation des terres, la surexploitation ou le changement climatique peuvent en être l'origine. 

Léopards des neiges

Deux panthères des neiges au zoo de Los Angeles, une espèce en voie de disparition 

Richard Vogel / AP

"Il en ressort clairement que les impacts ne seraient pas uniquement dévastateurs pour les communautés locales, mais aussi pour le climat et l’approvisionnement alimentaire du monde entier, affectant les sociétés et les économies aux quatre coins du globe", ajoute-t-elle. 

Encore plus alarmiste, la Directrice Générale du WWF France, Véronique Andrieux précise que "l’heure n’est plus à la demi-mesure : nous devons agir massivement et immédiatement pour protéger ce qui peut encore l’être et restaurer ce qui a déjà été abîmé". Elle précise que l'urgence est à la transformation "en profondeur" du modèle de production et de consommation en Europe et notamment en France : "malgré les propositions chiffrées du WWF pour stopper les subventions dommageables à la nature et encourager des alternatives viables, l'État persiste à mal dépenser et à mal prélever", conclue-t-elle. 

Indice Planète Vivante ok

L'Indice Planète Vivante mondial révèle que depuis 1970, au moins 73% de familles de vertébrés sont en déclin.

WWF

"Les changements pourraient être irréversibles, avec des conséquences dévastatrices pour l'humanité", a mis en garde M. Sumba, citant l'exemple de l'Amazonie, à risque de basculer du rôle "de puits de carbone à émetteur de carbone, accélérant ainsi le réchauffement climatique".

L'Amérique latine et les Caraïbes sont les plus touchées 

La dégradation et la perte d’habitat, surtout dues à notre système alimentaire, constituent les principales menaces pour la planète, suivies par la surexploitation, les espèces invasives et les maladies. Parmi les autres menaces, figure le changement climatique.

Cette année, le rapport WWF annonce qu'au niveau régional, les déclins les plus rapides ont été observés en Amérique latine et dans les Caraïbes, avec une baisse "inquiétante" de 95 % . Cette région est suivie de l’Afrique (76 %), l’Asie et le Pacifique (60 %). 

La chute est moins prononcée en Europe et en Asie centrale (35 %) et en Amérique du Nord (39 %). Ceci est dû au fait que les impacts à grande échelle sur la nature étaient déjà visibles avant 1970 dans ces régions : "certaines populations se sont stabilisées, voire développées grâce aux efforts de conservation et à la réintroduction d’espèces". 

(Re)lireComment réagir face à l'effondrement du nombre d'animaux sauvages en 50 ans ?

A côté de ce tableau peu reluisant, la Directrice Générale de WWF International annonce une bonne nouvelle: "nous ne sommes pas encore au point de non-retour." Ceci au regard des efforts en cours dans le sillage de l'accord de Paris sur le climat ou de l'accord de Kunming-Montréal. L'accord de Paris a fixé aux Etats du monde entier une vingtaine d'objectifs de sauvegarde de la nature à atteindre d'ici 2030.

Rendez-vous en Colombie pour la COP16 sur la diversité biologique

La Colombie abrite la 16e Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP16) du 21 octobre au 1er novembre 2024. Ce pays d'Amérique du Sud est le deuxième pays mégadivers du monde. Il abrite près de 10 % de la biodiversité mondiale. Pourtant, avec le déclin des espèces constaté dans ce rapport, l’Amazonie, habitat essentiel pour cette biodiversité, risque d’atteindre un point de bascule irréversible où les conditions deviendraient impropres aux forêts tropicales. 

Selon la ministre colombienne de l’Environnement et du Développement durable, présidente élue de la COP16,  María Susana Muhamad González, les effets seraient non seulement dévastateurs pour les communautés locales et les animaux sauvages, mais auraient également des répercussions mondiales sur le climat.