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Être défenseur de l'environnement peut coûter chef. Parfois même, certains militants le payent de leur vie. Josué Aruna a frôlé la mort en 2019 et est toujours soumis à des intimidations. Il témoigne pour TV5MONDE.
TV5MONDE : quel est votre combat ?
Josué ARUNA : Mon combat actuellement est d’essayer de contrer tous les projets liés à l’exploitation minière dans des aires protégées dans le bassin du Congo. On observe l’arrivée massive de compagnies chinoises dans le pays. Ce sont des entreprises qui ne respectent ni les droits de l’Homme, ni les études d’impact environnemental et social, ni les populations autochtones. Les menaces que les zones protégées sont en train de subir nécessitent une attention tant locale, régionale, nationale, qu’internationale.
La communauté internationale, justement, porte moins attention aux défenseurs de la nature qu'à d'autres causes comme les droits des femmes ou les violences sexuelles. Il y a moins d'appuis. Mais nous ne baissons pas les bras.
On observe l’arrivée massive de compagnies chinoises dans le pays. Ce sont des entreprises qui ne respectent ni les droits de l’Homme, ni les études d’impact environnemental et social, ni les populations autochtones.Josué Aruna, défenseur de l'environnement
(Re)voir : RDC : Un écogarde du parc naturel Kahuzi-Bièga tué
TV5MONDE : Pourquoi l’Etat ne défend-il pas ces aires supposées protégées ?
Josué ARUNA : Les entrepreneurs miniers qui viennent de la Chine ou d’ailleurs sont des corporations ou des firmes qui ont de l’argent, des moyens. On observe des situations de corruption et de fraude. Les autorités compétentes n’ont pas les moyens de faire appliquer la propre loi du pays et même les conventions internationales qui existent à propos de cette zone du bassin du Congo. Voilà pourquoi, aujourd’hui, ce sont nous, des militants, qui nous dressons contre ces firmes, malgré les menaces auxquelles nous sommes confrontés. Nous nous disons « nous n’allons pas nous taire».
TV5MONDE : A quels types de menaces faites-vous face ?
Josué ARUNA : Les hommes d’affaires s’associent avec des hommes politiques, et ils mettent nos têtes à prix. Ils sont capables de tout. On a déjà reçu des appels anonymes, des menaces et des intimidations directes.
Cela fait au moins un an et demi que je travaille en clandestinité. Je fais profil bas. L’ONG Front Line Defendeurs (qui soutient les militants et défenseurs des droits humains dans le monde) m’a déjà apporté par deux fois son soutien dans le cadre de menaces que j’ai subies.
En 2019, j’ai dénoncé l’exploitation minière industrielle dans une réserve du Sud-Kivu et dans le parc naturel Kahuzi-Biega. Des bandits ont été envoyés plusieurs fois pour m'intimider. Une fois, je les ai évités de justesse, mais ils ont violé mon épouse dans ma chambre. C’était des hommes armés. Ils venaient pour me tuer.
J'ai quand même peur pour ma vie. Je suis père de famille. Mais avec les autres défenseurs du climat, nous nous sommes dit que nous avions choisi un chemin pour défendre le patrimoine commun.
Des bandits ont été envoyés plusieurs fois pour m'intimider. Une fois, je les ai évités de justesse, mais ils ont violé mon épouse dans ma chambre. C’était des hommes armés. Ils venaient pour me tuer.
Josué Aruna, défenseur de l'environnement
Le rapport Global Witness
L'ONG produit un compte rendu annuel des défenseurs de la terre et de l'environnement assassinés depuis 2012.
• L'ONG propose une définition des défenseurs de l’environnement
Toutes les personnes qui prennent position et mènent des actions pacifiques contre l'exploitation injuste, discriminatoire, corrompue ou préjudiciable des ressources naturelles ou de l'environnement. Les défenseurs de la terre et de l'environnement sont des défenseurs des droits de l'homme et sont ciblés pour leur travail.
• Méthodologie
Cela passe par:
- l'examination de sources fiables d'informations en ligne publiquement disponibles en ligne, ainsi que de rapports reconnus (comme ceux du Front Line Defenders)
- l'instauration de mots-clés
- la vérification de ces informations, notamment auprès d'ONG ou de partenaires locaux.
• Les informations sont reconnues comme fiables après avoir recueuilli :
- Des détails sur le type d'acte et la méthode de violence, y compris la date et le lieu.
- Le nom et des informations biographiques sur la victime.
- Des liens clairs, proches et documentés avec une question environnementale ou foncière.