Réunies en Forum à Suva, dans les îles Fidji, 15 nations du Pacifique demandent ce 14 juillet une action mondiale "urgente et immédiate" contre le changement climatique. Face à l'influence croissante de la Chine dans la région, elles soulignent leur attachement à la démocratie et à l'ordre international "fondé sur des règles".
Les dirigeants de 15 nations insulaires du Pacifique sont réunis depuis le sommet dans la capitale des Fidji, Suva, afin de recueillir l’aide internationale pour lutter contre les effets du réchauffement climatique.
(RE)lire : Réchauffement climatique: "les Polynésiens n'accepteront pas de devoir quitter leurs îles!"Ils ont souligné que le temps était compté pour éviter les
"pires scénarios" que verraient leurs pays. Beaucoup se situent juste au-dessus du niveau de la mer et seront engloutis ou rendus inhabitables par des tempêtes de plus en plus violentes.
Notre peuple, notre environnement, nos jeunes ne peuvent tout simplement pas attendre.
Bob Loughman, Premier ministre du Vanuatu.
"Nous sommes en première ligne face aux effets néfastes du changement climatique", ont rappelé les dirigeants dans un document stratégique commun pour 2050, adopté après trois jours de discussions.
Ils ont alors appelé à
"une action urgente, énergique et transformatrice" à tous les niveaux, national, régional et mondial.
L'urgence climatique
Le Premier ministre du Vanuatu, Bob Loughman a déclaré solennellement que
"notre peuple, notre environnement, nos jeunes ne peuvent tout simplement pas attendre. Le temps d'action est en complet décalage avec la réalité du changement climatique sur le Pacifique et la vie de ses habitants. Nos villages, nos îles, nos femmes, nos jeunes, nos chefs, nos pasteurs nous implorent, nous les dirigeants des îles Pacifiques, d’agir pour combattre cette urgence."En 2017, l'appel d'un jeune fidjien de 12 ans, lors de la COP23 avait ému tous les participants. Mais depuis, très peu de progrès ont été faits.
L'édition 2022 du Forum des îles du Pacifique était la plus importante depuis des années : l'urgence climatique se fait de plus en plus pressante pour les îles de faible altitude, et le forum n'a pas pu se tenir durant la pandémie de Covid-19.
L'influence grandissante de la Chine
Le sommet a été marqué par les rivalités géopolitiques dans la région, notamment entre les États-Unis et la Chine.
(RE)lire : Quelle est l’influence chinoise sur les nations du Pacifique ?La vice-présidente des États-Unis Kamala Harris a annoncé lors d'une allocution vidéo que Washington allait ouvrir deux nouvelles ambassades à Tonga et Kiribati, nommer un envoyé régional et injecter 600 millions de dollars supplémentaires dans la région.
La Chine n'a pas caché ses ambitions dans la région, y déployant ses entreprises publiques et y exerçant une diplomatie du chéquier.
Une rivalité soulignée par le ministre des Affaires étrangères de Tuvalu, Simon Kofe qui expliquait ainsi Reuters que
"le thème général de la plus part des interventions des participants est que le Pacifique doit définir son avenir de lui-même ainsi que les termes l’engageant avec la Chine, les États-Unis et les autres grandes nations occidentales."Simon Kofe avait fait sensation lors de la COP26, le sommet sur le climat qui s'est déroulé à Glasgow en mars dernier, en prononçant un discours sur la grève, l'eau montant à mi cuisse.
(RE)lire : COP26 : un discours les pieds dans l'eau pour alerter sur la montée des océansLe ministre des Affaires étrangères de cette île de l’océan Indien, située près de l’île française de Wallis et Futuma, au large de la Papouasie Nouvelle Guinée, a une position particulière car ils sont alignés avec Taiwan.
Australie et Nouvelle-Zélande unis contre la Chine
Le Premier ministre australien, Anthony Albanese faisait remarquer qu’avec Xi Jinping
"la Chine a changé de position. Elle est beaucoup plus agissante et agressive. L’Australie veut continuer à collaborer avec la Chine quand cela est possible. Mais nous défendrons les valeurs australiennes quand il le faudra. Quand des démocraties comme l’Australie et la Nouvelle Zélande s’engagent dans la région il n’y a pas de ficelles attachées… "La Première ministre de Nouvelle-Zélande a la même analyse jugeant que
"la Chine est beaucoup plus assertive dans la région." Elle a souligné que leur position est de ne pas pas obliger
"des nations souveraines à choisir leurs partenaires." Jacinda Ardern a rajouté que
"nous sommes également très clairs sur nos valeurs et la manière dont nous menons ces relations. Les priorités sont celles du Pacifique avant tout. Et les nations doivent être libres de toute coercition."Si Pékin a signé cette année un accord de sécurité très décrié avec les îles Salomon, le Premier ministre de ce pays Manasseh Sogavare a rassuré ses partenaires insulaires en annonçant, en marge du sommet, qu'il n'accueillerait pas de base militaire étrangère.
Qu'est-ce que le Forum des îles du Pacifique ?
Le Forum des îles du Pacifique existe depuis 2000. Il prend naissance du Forum du Pacific Sud, créé en 1971.
Le Forum réunit 18 États indépendants et territoires associés d’Océanie autour de l’Australie et de la Nouvelle Zélande, principaux contributeurs au budget de cette organisation.
Les autres États sont, les îles Cook, les îles Fidji, Kiribati jusqu’au 9 juillet 2022, les îles Marshall, les États fédérés de Micronésie, Nauru, Niueu, la Nouvelle-Calédonie, Palaos, la Papouasie Nouvelle-Guinée, la Polynésie française, les îles Salomon, Samoa, Tonga, Tuvalu et Vanuatu.
L’instance est dirigée par un secrétaire général désigné tous les trois ans par les chefs de gouvernement. De décembre 2014 à février 2021, c’est Meg Taylor, diplomate et avocate de Nouvelle Papouasie qui a occupé ce poste qu’elle a cédé à l’ancien Premier ministre des îles Cook, Henry Puna.