Fil d'Ariane
Pour le deuxième et dernier jour du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, le président français Emmanuel Macron a donné une interview à des médias français dans laquelle il est revenu sur les objectifs de la France au niveau de la lutte pour le climat et contre la pauvreté.
Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec le président béninois Patrice Talon lors de la thématique Alliance pour l'entrepreneuriat, dans le cadre du sommet du Nouveau pacte financier mondial, jeudi 22 juin 2023 à Paris.
Le président Emmanuel Macron a appelé vendredi à une "mobilisation" pour mettre en place des taxations internationales sur les transactions financières, les billets d'avion et le transport maritime afin de financer la lutte pour le climat et contre la pauvreté.
"Aidez-nous à aller chercher tous les pays qui aujourd'hui n'ont pas de TTF (taxes sur les transactions financières, ndlr) et qui aujourd'hui n'ont pas de taxation sur les billets d'avion. Aidez-nous à mobiliser à l'Organisation maritime internationale en juillet pour qu'il y ait une taxation internationale", a lancé le chef de l’État français sur Franceinfo, RFI et France 24, en soulignant que "la taxation internationale dans un seul pays, ça ne marche pas".
"La taxation internationale dans un seul pays, ça ne marche pas", a-t-il ajouté, juste avant la clôture du sommet pour un nouveau pacte financier mondial qu'il organise depuis jeudi à Paris.
Le président français n'a pas totalement exclu de plaider pour un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) au niveau mondial pour financer la lutte contre le changement climatique, après l'avoir largement supprimé en France. "J'ai supprimé une partie de l'ISF en France parce qu'on était quasiment les seuls à le faire", a-t-il expliqué.
Faut-il donc un "ISF climatique mondial"? "Je pense qu'il faut une taxation internationale qui finance cela", a éludé Emmanuel Macron.
Il a réaffirmé "en plaisantant" que la France était en pointe "en matière de taxation", avec déjà ses propres taxes sur les transactions financières et sur les billets d'avion. "Qui d'autre l'a fait? Autour de nous, quasiment personne. Ça ne marche pas quand on le fait tout seul parce qu'on est puni, les flux financiers vont ailleurs", a-t-il martelé.
"Le secteur du transport maritime n'est pas du tout taxé, c'est un des seuls", "il faut le taxer mais pas que les acteurs français", a insisté le chef de l'État, appelant les autres Occidentaux et les Chinois à adopter ce projet en cours de discussion.
Emmanuel Macron a également vanté les avancées "très concrètes" de son sommet, notamment sur la restructuration de la dette de la Zambie ou d'un pacte pour une transition énergétique "juste" avec le Sénégal.
Le Fonds monétaire international (FMI) avait annoncé jeudi l'objectif atteint de réallocation aux pays pauvres de 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS), sorte de monnaie de réserve de l'institution.
"Et nous, Français, nous allons réallouer 40 % de nos droits de tirage spéciaux. C'est du concret", a annoncé en complément le président Macron.
Cet appel à la mobilisation financière internationale s'accompagnait également d'une alerte contre les tentatives de déstabilisation, notamment de la Russie. Il a d'ailleurs accusé Moscou d'être "une puissance de déstabilisation de l'Afrique", regrettant que les choix de Moscou "ne jouent pas un rôle bénéfique pour la communauté internationale", lors de cet entretien en marge du sommet de Paris.
"C'est une puissance de déstabilisation de l'Afrique à travers des milices privées qui viennent faire de la prédation, des exactions sur les populations civiles", a estimé le chef de l'État, rappelant que "cela a été documenté par les Nations Unies en République centrafricaine à travers la milice Wagner".
Selon lui, "la Russie s'est mise de son propre chef dans une situation qui est de ne plus respecter le droit international, de redevenir au fond l'une des seules puissances coloniales du XXIᵉ siècle, en menant une guerre d'empire auprès de son voisin, l'Ukraine".
Si le président russe l'appelle demain ? "Bien sûr, je décroche", a néanmoins assuré Emmanuel Macron. "S'il m'appelle pour proposer quelque chose, je prendrai, parce que la France a toujours été une puissance facilitatrice et de médiation". Mais, a-t-il nuancé, "la reprise du dialogue n'est possible que s'il y a un respect du droit international, qui est le seul qui nous permet de vivre en paix".
Il a par ailleurs répété qu'il n'avait lui-même "pas de raison d'appeler aujourd'hui" Vladimir Poutine, en pleine contre-offensive ukrainienne. "Le temps viendra, je l'espère, de négociations aux conditions de l'Ukraine".