François Hollande, découvrant l'espionnage massif de la NSA (agence américaine de renseignement) déclarait il y a quelques jours "ne pas accepter ce type de comportement entre partenaires et alliés", alors qu'Angela Merkel, lançait pour sa part un "c’est inacceptable. Nous ne sommes plus au temps de la guerre froide" : l'indignation des dirigeants et représentants politiques de l'Union européenne a été à la hauteur de leur... totale incapacité à réagir concrètement face à la première puissance économique et militaire mondiale, les Etats-Unis d'Amérique.
Les négociations sur l'accord de libre échange UE-USA qui ont débuté ce lundi 8 juillet 2013 semblaient compromises au vu de l'ampleur de l'espionnage et la surveillance illégale mis en place par le gouvernement américain en Europe. Chacun s'attendait donc à voir les chefs d'Etats de l'Union refuser de se mettre autour de la table et demander des comptes à Obama : il n'en fut rien. Au point que les négociations débutent à l'heure dite et que tout porte à croire qu'il n'y aura aucune répercussion après le dévoilement, par Edward Snowden, des écoutes massives. La question qui se pose, face à cette Europe incapable de demander des comptes au voisin américain lorsqu'il dépasse les bornes et agit de manière inamicale, est celle du véritable rapport politique de l'Union à la plus grande puissance planétaire, les Etats-Unis. Aurions-nous peur de notre "allié" ? A quel titre, et sur quels plans ? Que risque l'Europe si elle ne plie pas devant les exigences américaines, ou demande des comptes ?
Sylvie Matelly, directrice de recherche à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), explique cette faiblesse européenne face aux Etats-Unis, ce déséquilibre, par le fait que "les Etats-Unis sont un seul pays souverain, avec un seul décideur au niveau fédéral, alors qu'en Europe on est à 27 pays, il aurait été impossible de se mettre d'accord. Et puis ce sont deux dossiers totalement différents (l'affaire Snowden et le traité de libre échange, ndlr) : le traité de libre échange est négocié par la commission, la "DG commerce ", dans un premier temps. Et cette DG commerce est convaincue que l'Union européenne a intérêt à s'ouvrir plus largement au commerce avec les Etats-Unis, de libéraliser et faciliter cet échange."
Les négociations sur l'accord de libre échange UE-USA qui ont débuté ce lundi 8 juillet 2013 semblaient compromises au vu de l'ampleur de l'espionnage et la surveillance illégale mis en place par le gouvernement américain en Europe. Chacun s'attendait donc à voir les chefs d'Etats de l'Union refuser de se mettre autour de la table et demander des comptes à Obama : il n'en fut rien. Au point que les négociations débutent à l'heure dite et que tout porte à croire qu'il n'y aura aucune répercussion après le dévoilement, par Edward Snowden, des écoutes massives. La question qui se pose, face à cette Europe incapable de demander des comptes au voisin américain lorsqu'il dépasse les bornes et agit de manière inamicale, est celle du véritable rapport politique de l'Union à la plus grande puissance planétaire, les Etats-Unis. Aurions-nous peur de notre "allié" ? A quel titre, et sur quels plans ? Que risque l'Europe si elle ne plie pas devant les exigences américaines, ou demande des comptes ?
Sylvie Matelly, directrice de recherche à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), explique cette faiblesse européenne face aux Etats-Unis, ce déséquilibre, par le fait que "les Etats-Unis sont un seul pays souverain, avec un seul décideur au niveau fédéral, alors qu'en Europe on est à 27 pays, il aurait été impossible de se mettre d'accord. Et puis ce sont deux dossiers totalement différents (l'affaire Snowden et le traité de libre échange, ndlr) : le traité de libre échange est négocié par la commission, la "DG commerce ", dans un premier temps. Et cette DG commerce est convaincue que l'Union européenne a intérêt à s'ouvrir plus largement au commerce avec les Etats-Unis, de libéraliser et faciliter cet échange."

Hypocrisie et mensonges européens ?
Laisser passer l'avion de celui qui révèle le pot-aux-roses aurait-il tellement déplu à l'administration Obama, qu'Hollande n'aurait pas voulu prendre ce risque ? Mais quel risque ? Il semble en réalité qu'un seul coup de fil du gouvernement des Etats-Unis au Commandement de la défense aérienne français, remonté jusqu'à Matignon, ait suffit : l'Amérique exige, la France s'exécute…
Mais la rhétorique dénonçant les pratiques d'écoutes massives de la NSA par les dirigeants politiques européens est déjà battue en brèche grâce à de nouvelles révélations d'Edward Snowden dans une interview publiée par le magazine allemand Der Spiegel ce dimanche 7 juillet (interview effectuée à Hawaï, avant le départ de Snowden pour Honk-Kong, ndlr). Celui-ci y déclare que "les services de renseignements américains travaillent en étroite collaboration avec la plupart des pays occidentaux. Les autres agences ne nous demandent pas d'où nous tirons nos informations et nous ne le leur demandons pas. Elles peuvent de la sorte protéger leurs responsables politiques en cas de critiques sur la manière dont on viole à grande échelle la vie privée des gens dans le monde entier".

La crainte que les USA…en disent trop
Il reste tout juste une petite petite épine dans le pied américain de la part de l'Union sur les écoutes illégales de la NSA : la "menace" de suspendre les accords donnant accès à l'administration américaine aux données sur les virements bancaires et à celles des voyageurs. Une "menace" proférée dans un courrier de la commissaire européenne en charge des questions de sécurité, Cecilia Malmström, adressé à la ministre de l'Intérieur américaine, Janet Napolitano, si une "mise à plat" concernant le programme américain de surveillance d'internet n'était pas effectuée. La "mise à plat" stoppera-t-elle l'espionnage massif et illégal de la NSA ? L'avenir le dira, mais à écouter les réactions américaines, rien n'est moins sûr. Ce que confirme Sylvie Matelly, avec malice : "si les dirigeants européens craignent les Etats-Unis, ce n'est peut-être pas une crainte des Etats-Unis en tant que puissance, mais une crainte des Etats-Unis qui savent des choses et qui pourraient le dire. On est un peu dans une cour d'école, et c'est un je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barbichette".

Les Etats-Unis : un allié indispensable ?
Dans un monde multipolaire, très instable, l'Europe — qui ne parvient pas à sortir d'une crise économique profonde, est-elle devenue le vassal inavoué de l'hyper-puissance américaine, sans qui sa propre protection serait insuffisante ? La spécialiste de l'IRIS estime que "sur le plan économique, les Etats-Unis sont clairement un partenaire, en se rappelant que depuis plusieurs décennies, notre croissance économique est dépendante de la croissance économique américaine. Sur le plan stratégique, c'est également un partenaire, les USA sont le premier allié de l'Europe, mais avec une position qui est quand même en train d'évoluer du côté des Etats-Unis, avec des intérêts qui se projettent ailleurs, entre autres en Asie. En Europe nous sommes très divisés, nous n'avons pas la même vision stratégique. Il n'y a pas de défense européenne, et c'est pour cela que nous avons besoin du soutien américain. L'adversité réside en réalité surtout dans l'aspect micro-économique, sur le plan commercial, pas sur le reste".
Pourtant, l'aspect belliqueux n'est pas toujours en faveur d'une action commune ou d'une alliance indéfectible. Les propos menaçants de Barak Obama à l'égard de François Hollande au sujet de l'exception culturelle au sein des accords de libre-échange, rapportés par le Figaro, en témoignent : le président américain a menacé Hollande de "représailles massives" au cas où l'exception culturelle serait étendue aux nouvelles technologies. Et Obama d'appuyer le propos en affirmant qu'il «ne plaisantait pas» et précisé qu'une liste de contre-mesures pouvait être transmise à Paris pour que François Hollande «se rende bien compte de ce que cela veut dire».
Cette approche très agressive n'est pourtant pas nouvelle, ni exceptionnelle, et Sylvie Matelly de le rappeler : "Ce n'est pas très nouveau, déjà, au début des années 90, sur l'exception culturelle, il y avait eu des conflits très forts entre les Etats-Unis et la France. L'approche est très différente au sujet de la culture entre l'Europe et les USA. On ne joue pas dans la même cour. Les menaces d'Obama auprès de François Hollande aujourd'hui sont exactement les mêmes qu'avec le gouvernement Balladur, qui était monté au créneau au début des années 90 et ne voulait pas se laisser impressionner par les Américains sur l'exception culturelle. Ca ne préfigure pas des négociations, qui ne resteront pas à ce stade là."
Pour conclure, la chercheuse voit avant tout des intérêts convergents entre les Etats-Unis et l'Europe : "Le défi, au delà de tout ça, c'est pour les Etats-Unis et l'Europe d'arriver à relancer la croissance économique en lien avec les pays du sud. C'est une période difficile, de transition pour les occidentaux qui tentent de resserrer les liens, de se rapprocher. Je ne suis pas certaine que les intérêts soient les mêmes dans 10 ans."