De 1948 à nos jours : histoire de la Birmanie
La Birmanie, ancienne colonie britannique, a obtenu l'indépendance le 1er avril 1948. Retour sur l'histoire mouvementée de ce pays d'Asie du Sud-Est. 26 septembre 2007 TSR - 1'26
Folie de la junte : la construction d'une nouvelle capitale
En 2006, les services de l'Etat ont été transférés à Naypyidaw. La nouvelle capitale birmane construite au milieu de la jungle à 400 km au nord de Rangoon. Coût de l'opération : 300 millions de dollars. Reportage de la TSR 30 septembre 2007 - 1'13
L'avenir de Total
Mardi 11 août, le président français a réclamé de "nouvelles sanctions" contre la junte touchant "tout particulièrement" l'exploitation du bois et des rubis. Mais il n'a pas évoqué le groupe pétrolier français Total, investisseur majeur en Birmanie. Pourtant, le 20 mai dernier, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait affirmé que Total pourrait être en première ligne en cas de nouvelles sanctions européennes. Se pourrait-il que Total soit un jour obligé de quitter la Birmanie ? Reportage de France 2 - Christian Autain 12 août 2009 - 1'45
“Le régime birman s'appuie sur un vaste réseau d'informateurs, de policiers en civils, et sur un système administratif, politique et social totalisant“
Entretien avec Renaud Egreteau, chercheur à l’université de Hong Kong

Comment fonctionne la junte militaire ? La junte actuelle, nommée Conseil d'État pour la Paix et le Développement (CEPD) est en place depuis 1988, date du dernier coup d'État militaire des forces armées birmanes (Tatmadaw). Elle a développé depuis 20 ans une idéologie fortement nationaliste et xénophobe, mais s'est ouvert au monde par rapport au précédent régime militaire qui avait fait le choix de l'autarcie. Elle a notamment développé le commerce avec les pays voisins de la Birmanie. Elle a fait appel aux investissements étrangers sur son sol riche en ressources, et a conclue des partenariats stratégiques avec des puissances régionales clés (Chine, Thaïlande, Singapour, Inde, Russie...). De même, elle a su en deux décennies pallier les pressions internationales et des sanctions occidentales pour renforcer son assise sur le pays. La junte est depuis 2003 dans un processus de "démocratisation". Pourquoi ce choix pour une dictature ? La junte se cherche une légitimité qu'elle a perdue depuis son coup d'État de 1988 et surtout depuis l'abrogation de la constitution en 1974. Elle a entamé en 1993, le processus constitutionnel du régime militaire, qui s'est poursuivi en 2003 avec l'annonce d'une feuille de route vers une "démocratie disciplinée", puis en 2008 avec le référendum et l'adoption d'une nouvelle constitution, destinée à asseoir le pouvoir des forces armées sur le pays. L'objectif est donc bien plus "légaliste" (le régime cherche à respecter ses propres lois) que "démocratique" au sens où il est entendu en Occident. La Birmanie se dirige vers un régime dit démocratique (et civil), mais dans les faits "discipliné" par un pouvoir militaire se voulant toujours présent. Si l'armée birmane semble prête à donner quelques gages politiques dans les années à venir (organisation d'élections nationales et locales, réunion de parlements, nomination de gouvernements civils...), elle cherche avant tout à maintenir la principale institution du pays sur le devant de la scène politique et économique, persuadée en cela de sa supériorité et confortée dans son rôle paternaliste protecteur et son idéologie nationaliste. Comment se porte l'opposition en Birmanie depuis la révolte des moines en 2007 ? Malgré une unité de façade, l'opposition démocratique et civile birmane est en crise interne générationnelle et idéologique. Les fractures sont de plus en plus évidentes entre les caciques leaders du mouvement (bien souvent octogénaires) et les nouvelles générations (anciens étudiants du soulèvement de 1988, et les plus jeunes apparus à la faveur des manifestations de 2007). De même, le renouvellement de la stratégie politique et de l'orientation idéologique de l'opposition est aujourd'hui conditionné par la libération d'Aung San Suu Kyi. Son parti est quasiment incapable de prendre une quelconque initiative politique sans son aval. Outre Aung San Suu Kyi et U Tin Oo (vice-président de la Ligue Nationale pour la Démocratie), on compte plus de 2100 prisonniers politiques en Birmanie. Les soutiens extérieurs (birmans exilés) constituent un solide lobby international qui influence très fortement les positions de la communauté internationale, et notamment de l'Occident. Toute l’opposition ou presque suit les propositions politiques avancées par Aung San Suu Kyi au cours des années 1990. Or depuis son assignation à résidence en 2003, elle n'a pas pu s'exprimer et laisser entrevoir une évolution de son approche politique.
La Birmanie en dates, en chiffres et en événements

La Birmanie souffre d’une politique économique inefficace, due à l'inflation croissante, aux déficits fiscaux, et aux taux de change officiels multiples qui surévaluent le kyat (la monnaie birmane). Le tourisme reste l’une des rares activités qui profite souvent aux populations locales à travers les petits taxis, les restaurants, les commerces, les guides touristiques, et les maisons d’hôtes. Aussi, la production d'opium (principalement le pavot) est abondante et favorisée par le régime. La Birmanie est l'un des plus anciens producteurs de pétrole au monde. Le premier baril exporté remonte à 1853, et la première société étrangère opérant dans le secteur, la Rangoon Oil Company (Royaume Uni), a été créée en 1871. La production pétrolière est modeste mais s'évalue tout de même à environ 180 000 barils/jour. TOTAL (France) et UNOCAL (États-Unis) sont devenus en 1992 les partenaires de la compagnie pétrolière birmane MOGE, intégralement contrôlée par la junte. Les exportations de gaz ont culminé en 2007-2008 à 2,6 milliards de dollars, soit une augmentation de 27,7% par rapport à l'année précédente, représentant 42,9% des exportations totales durant l'année. Le gouvernement birman entretient certes de bonnes relations économiques avec ses voisins, mais le climat politique interne n’attire pas les investisseurs. 1 Euro = 9.01430 Kyats : Taux de Change au 3 août 2009 1988 : la junte militaire au pouvoir depuis 1962 met fin au processus démocratique, au terme de plusieurs mois de protestations populaires contre la dictature en place. Aung San Suu Kyi devient le symbole de la dissidence birmane en août et, l'aide étrangère au développement est considérablement réduite. 1990 : la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi, assignée à résidence depuis 1989, remporte les élections législatives, mais les militaires refuseront toujours de reconnaître les résultats des élections et d'abandonner le pouvoir. 1995 : la Birmanie et la Thaïlande signent un accord relatif à la construction d'un gazoduc pour acheminer le gaz birman extrait par des sociétés pétrolières occidentales. 1997 : la Birmanie devient membre de l'ASEAN (Association des Nations d’Asie du Sud-est). 1998 : l'OIT dénonce les pratiques de travail forcé généralisées. 2003 : l’Union Européenne impose de nouvelles sanctions économiques en août, en réaction à l’attaque du convoi d’Aung San Suu Kyi quelques mois plus tôt par le gouvernement. Cela se traduit par l’interdiction des importations de produits birmans et l’interdiction d’approvisionnements des banques par des étrangers. De nombreux investisseurs étrangers se retirent du pays. 2007 : l'industrie du tourisme, qui emploie directement environ 500000 personnes, subit une baisse spectaculaire en raison de la désaffection de nombreux visiteurs étrangers, à la suite de la répression de Septembre contre les moines bouddhistes, « dite la révolution safran ».