Le président Blaise Compaoré a annoncé par communiqué qu'il quittait le pouvoir en début d'après midi, ce vendredi 31 octobre. C'est le chef d'état-major Honoré Traoré qui va assurer la présidence du pays comme il l'a annoncé lors d'une conférence de presse.
La démission du président burkinabé a rapidement été saluée par la France :
#Burkina - Communiqué de l'Élysée après la démission de Blaise Compaoré. #Iwili pic.twitter.com/GxkO7QaRnz
— Jeuneafrique.com (@jeune_afrique) October 31, 2014Au lendemain de violentes émeutes contre le régime (le fil des événements sur notre site) et de l'annonce par les militaires de la prise de contrôle du pays jeudi soir, des dizaines de milliers de manifestants sont à nouveau descendus ce vendredi matin dans la rue à Ouagadougou.
Image incroyable de la place de la nation via @joepenney #burkina #lwili #rightnow pic.twitter.com/DV5b0Bfx4z”
— VincentDuhem (@vincentduhem) 31 Octobre 2014 Massés sur la place de la Nation, devant l'état-major des armées, ils criaient notamment "Blaise dégage!" et "Kouamé Lougué président". Kouamé Lougué, général en retraite, ancien ministre de la Défense limogé en 2003, bénéficie d'un fort capital de sympathie parmi les contestataires.En direct de Ouagadougou, Boundi Ouoba, rédacteur en chef du quotidien “Le Pays“
"Nous sommes en pourparlers avec l'armée pour qu'elle nous garantisse le départ de Compaoré", a déclaré dans la foule Smokey, un cadre du Balai citoyen, un mouvement hostile au maintien au pouvoir de Blaise Compaoré. "Nous avons entendu votre appel. Nous sommes de votre avis", a harangué le colonel Zitiba Ziba, ancien aide du chef de l'Etat, devant une foule en liesse. L'opposition avait appelé dans la matinée "à maintenir la pression en occupant l'espace public", selon un de ses principaux responsables, Zéphirin Diabré lors d'un point de presse dénonçant "une confusion générale au sommet de l'Etat". "Le préalable à toute discussion relative à toute transition politique est le départ pur et simple et sans condition de M. Blaise Compaoré", a-t-il insisté. Le bilan des troubles reste pour le moment incertain. Deux opposants ont fait état d'une trentaine de morts et plus de 100 blessés. L'AFP n'a pu confirmer que quatre morts et six blessés graves dans la capitale.
Transition Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d'assaut, violences en province, appels à la démission du président: le Burkina s'est enflammé jeudi. Les manifestations ont été causées par la volonté du président Compaoré de faire réviser pour la troisième fois - après 1997 et 2000 - l'article 37 la Loi fondamentale, qui fixait à deux le nombre maximum de quinquennats présidentiels. Plus tôt dans la journée, le régime avait tenté de calmer les esprits en annonçant l'annulation du vote du projet de révision constitutionnelle, prévu ce jeudi. Cette crise a provoqué l'intervention des militaires, puis du président Compaoré dans la nuit, créant la confusion. Le président Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1987, a déclaré au cours d'une allocution télévisée dans la nuit avoir "compris" le message de la population et pris "la juste mesure des fortes aspirations au changement".
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— BBC News (World) (@BBCWorld) 30 Octobre 2014
Démission Il n'a toutefois pas évoqué une éventuelle démission, se disant à l'inverse "disponible" pour "ouvrir des pourparlers" pour "une période de transition" à l'issue de laquelle il "(transmettra) le pouvoir au président démocratiquement élu". Le président burkinabé en a fait finalement l'annonce en milieu de journée, ce vendredi 31 octobre. L'état-major et le chef d'Etat ont ainsi "appelé tous deux à une transition politique dont ils n'ont défini ni les contours, ni le contenu exact", a dénoncé vendredi matin l'opposant Zéphirin Diabré. Pour l'opposition, "toute transition politique à venir doit être conçue, organisée (...) autour des forces de la société civile, et intégrer toutes les composantes de la nation (...), y compris l'armée". Les Etats-Unis ont salué jeudi soir dans un communiqué du Département d'Etat la "décision" de M. Compaoré de "former un gouvernement d'unité nationale pour préparer des élections nationales et de transférer le pouvoir à son successeur démocratiquement élu". Les déclarations de M. Compaoré ont fait bondir Bénéwendé Sankara, un des principaux responsables de l'opposition. "Pendant 27 ans, Blaise Compaoré a roulé tout le monde dans la farine. Là, il est encore en train de duper, de ruser avec le peuple", a-t-il déploré. Selon l'armée, un couvre-feu est désormais imposé "sur l'ensemble du territoire de 19h à 6h". Il a été plus ou moins sérieusement respecté à Ouagadougou.
Printemps noir Blaise Compaoré a participé à trois putschs, dont le dernier lui a permis d'arriver au pouvoir. Malgré deux septennats (1992-2005) puis deux quinquennats (2005-2015) et 27 ans de règne, il souhaitait se maintenir aux affaires après 2015, ce que ne lui permettait pas la Constitution. Rétrospective de près de trente ans de pouvoir par Rémi Vincent. Les opposants se prenaient ces derniers jours à rêver d'un renversement du régime, longtemps considéré comme l'un des plus stables de la région. Un "printemps noir au Burkina Faso, à l'image du printemps arabe", lançait mercredi l'opposant Emile Pargui Paré, au lendemain de manifestations monstres qui avaient vu des centaines de milliers de personnes - un million, selon l'opposition - descendre dans la rue à Ouagadougou pour dénoncer un "coup d'Etat constitutionnel". Ce qui se passe au Burkina Faso est très suivi par le continent. Actuellement, quatre chefs d’Etat envisagent ou préparent actuellement des réformes constitutionnelles pour se maintenir au pouvoir. C’est la cas du Congo-Brazzaville, du Burundi, de la RDC et du Bénin.
30.10.2014Récit de Philippe Randrianarimanane
