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Climat : New York entre en guerre contre le CO2

Le maire de la Grande Pomme, Bill de Blasio, veut réduire de 80% d’ici à 2050 les émissions de gaz à effet de serre. A terme, les économies faites pourraient être considérables. L’objectif est une transition totale des énergies fossiles aux énergies renouvelables

La Grande Pomme toujours plus verte L’Empire State Building a déjà montré la voie. Inspirés par la Bill Clinton Initiative, les propriétaires de l’illustre édifice ont mené à bien un projet, achevé en 2013, réduisant de 38% la facture énergétique du bâtiment. Au cours des quinze prochaines années, ils devraient réduire les émissions de CO2 de plus de 105?000 tonnes. En marge du sommet sur le climat, l’actuel maire de New York, Bill de Blasio, a annoncé un projet ambitieux qui devrait faire de la Grande Pomme un exemple à suivre parmi les grandes métropoles. La ville vise d’ici à 2050 une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 80% par rapport au niveau de 2005. Elle compte appliquer de nouveaux standards en termes d’efficience des bâtiments, non seulement aux édifices publics, mais également privés. La mesure est d’importance, d’autant que près de 75% des émissions de CO2 proviennent de la consommation énergétique des bâtiments. Pour New York, la mise des édifices publics aux nouvelles normes devrait coûter plus d’un milliard de dollars sur dix ans. Selon le New York Times , les changements apportés devraient inclure des changements d’éclairage, de chauffe-eau et de climatisation ainsi que l’installation de panneaux solaires. L’objectif n’est rien de moins qu’une transition totale des énergies fossiles aux énergies renouvelables. D’ici à 2025, les émissions de CO2 produites par les bâtiments devraient être réduites de 10%, une baisse équivalente à la pollution engendrée par 700?000 véhicules. A cette date, les économies réalisées grâce à une meilleure efficience énergétique devraient se monter à 1,4 milliard de dollars par an. Le mérite du positionnement new-yorkais ne revient pas qu’au maire Bill de Blasio. Son prédécesseur, Michael Bloomberg, aujourd’hui envoyé spécial de l’ONU pour les villes et le climat, avait déjà positionné la Grande Pomme afin d’en faire un exemple de développement durable. Avec son agenda vert établi en 2007, le milliardaire avait déjà fixé une réduction des émissions de CO2 de 30% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005. L’ouragan Sandy d’octobre 2012 a changé la perception que les New-Yorkais pouvaient avoir du changement climatique. Il a causé la mort de 44 personnes et des dégâts à hauteur de 19 milliards de dollars. Le sud de Manhattan fut inondé et sans électricité. Mardi, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, l’a souligné en ouverture du sommet sur le climat: le siège de l’ONU avait les pieds dans l’eau après Sandy . Ce n’est dès lors pas un hasard si dimanche dernier, près de 300?000 personnes ont défilé le long de Central Park en guise de mobilisation en faveur du climat. Au vu de la vulnérabilité de New York face aux ouragans et inondations, des structures de protection de 20 milliards de dollars au large de Manhattan ont été planifiées à l’aide d’experts néerlandais. Le défi du maire Bill de Blasio sera de convaincre les propriétaires fonciers de jouer également le jeu et d’adapter en conséquence leurs bâtiments. «Nous essayerons avec des moyens incitatifs, et si ce n’est pas suffisant, par mandat», a-t-il prévenu mardi devant l’Assemblée générale de l’ONU. Apparemment, l’Association des propriétaires, The Real Estate Board of New York, semble disposée à suivre le maire, estimant que l’initiative permettra à New York de devenir la métropole modèle du développement durable. New York se profile comme une ville moderne souhaitant s’inscrire, à l’image de plusieurs dizaines de mégapoles reliées par le réseau C40, comme l’une des pionnières en matière de lutte contre le réchauffement climatique. La nécessité d’augmenter l’efficience des bâtiments interpelle d’ailleurs beaucoup Amory Lovins, président du Rocky Mountain Institute dans le Colorado. Le scientifique fait ce constat: il y a 120 millions de bâtiments construits aux Etats-Unis. En investissant près de 500 milliards de dollars afin d’améliorer leur efficience énergétique, il serait possible, ajoute-t-il, de faire des économies de 1900 milliards de dollars à terme en triplant, voire quadruplant la productivité énergétique. New York a de quoi se sentir concernée avec son million d’édifices.