« Durant la COP 21, c'est la contribution des dirigeants du Pacifique qui avait amené à la délimitation des 1,5 degré de seuil, qui ont constitué ensuite un point majeur dans l’accord. » Ralph Regenvanu, chef de l’opposition du Vanuatu, exprime au Guardian sa déception et souligne l’importance de la présence des îles comme la sienne à la table des négociations. « Le Vanuatu n'enverra aucun représentant officiel cette année. Je sais que d'autres pays enveront des délégations réduites. C’est un gros problème pour les îles du Pacifique que nous ne puissions pas nous rendre en personne comme nous le souhaitions. »
Le principe des COP, c'est qu'un État = une voix. Cela signifie que Tuvalu, Fidji ou Kirabiti ont le même poids que les États-Unis, la France ou encore la Chine
Nicolas Haeringer, chargé de campagne de 350.org
Voir aussi : Climat : "Alerte rouge pour l'humanité"
Un voyage « presque impossible »
Ces régions sont en effet les premières à être confrontées aux effets du dérèglement climatique et donc les premières aussi à mettre en garde les principaux pollueurs. « L'une des conséquences directes du réchauffement, c'est l'élévation du niveau des océans » explique Nicolas Haeringer, de l’association 350.org. « La mer grignote peu à peu les terres de ces îles. Sur celles à plus hautes altitudes, les nappes phréatiques se salinisent. L'écosystème et les activités comme la pêche sont fortement remises en cause. »

Cependant les restrictions de voyage ont eu raison de la venue de la plupart d'entre eux. Pour ces pays où aucun cas (ou très peu) de contaminations au Covid-19 n’a été détecté, le fait d'envisager un tel voyage représente un fort risque de ramener le virus et contaminer des populations vulnérables. Surtout, le Royaume-Uni impose une quarantaine stricte -jusqu'à un mois pour certains pays-, et ce, à leurs frais. Aussi, les prix des billets d'avion ont parfois doublé depuis le début de la pandémie. La participation à la COP 26 est donc devenue « presque impossible » affirme dans le Guardian, Lavetanalagi Seru, un représentant fidjien du réseau pour l’action pour le climat des îles du Pacifique (PICAN).
Les voix des pays du Pacifique nous aident à nous décentrer, à changer notre regard sur le monde auquel on appartient.
Nicolas Haeringer, chargé de campagne de 350.org
Des modèles écologiques
L’absence de ces pays serait cependant regrettable car comme le rappelle Nicolas Haeringer de 350.org : « Le principe des COP, c'est qu'un État = une voix. Cela signifie que Tuvalu, Fidji ou Kirabiti ont le même poids que les États-Unis, la France ou encore la Chine. » Les îles du Pacifique ont aussi une longueur d’avance en terme de politique environnementale. En juillet 2016, 14 chefs d’États ont signé un traité lors du Forum de développement des îles Pacifiques interdisant complètement l’exploitation d’énergies fossiles.
« Quand on est directement confronté aux conséquences de la combustion des énergies fossiles, ça peut pousser à prendre des décisions » explique Nicolas Haeringer qui souligne par ailleurs la singularité de leur rapport avec la nature. « Ce sont des états dans lesquels le rapport à l'écosystème est extrêmement différent de celui que l'on peut avoir dans des états comme la France. Or, c'est aussi ce rapport-là qu'il faut changer. C'est donc aussi pour cela que les voix des pays du Pacifique sont importantes. Elles nous aident à nous décentrer, à changer notre regard sur le monde auquel on appartient. »