Les pays riches sont eux déjà à leur deuxième, voire troisième dose de rappel. Les pays pauvres sont loin du compte.
Des débuts de vaccination sans concertation
La Russie et la Chine sont les premiers à vacciner leur population de manière ciblée avec leurs propres vaccins, la Chine en octobre et la Russie le 5 décembre 2020.Le 8 décembre 2020, le Royaume-Uni démarre sa campagne de vaccination avec Astrazeneca. Mi-décembre, les États-Unis, le Canada et les Émirats arabes unis se mobilisent. Le 17 décembre, c’est au tour de l’Arabie Saoudite. Le 19 Israël commence à vacciner sa population vulnérable. Le 27, les pays de l’Union européenne démarrent leur campagne avec le vaccin ARN messager Pfizer et le vaccin Astrazeneca.
Il faut attendre le mois de février 2021 pour que les premières doses arrivent en Afrique. L'Égypte est le premier pays du continent à commencer sa campagne de vaccination le 30 janvier 2021.
Les pays pauvres en retard
L'objectif de l’OMS est de vacciner 10% de toute la population à risque d’ici fin septembre 2021. Or 56 pays n’ont toujours pas atteint cet objectif, dont la plus part sont sur le continent africain.L’OMS voudrait atteindre les 40% de la population mondiale d’ici la fin de l’année 2021 et 70% d’ici juin 2022.
Son directeur, Tedros Ghebreyesus, déplore régulièrement l'accaparement des vaccins anti-Covid par les pays riches. Le 24 octobre dernier il déclare lors d’une conférence à Berlin : "L'objectif est atteignable, mais seulement si les pays et les entreprises qui contrôlent l'approvisionnement traduisent leurs déclarations en actions".
Il demande spécifiquement "aux pays qui ont déjà atteint l'objectif de 40%, y compris tous les pays du G20, de céder leur place dans les livraisons de vaccins" au dispositif international Covax et au Fonds africain pour l'acquisition des vaccins (Avat) mis en place par l'Union africaine.
Aujourd'hui, selon l'OMS, la capacité de production est de 1,5 milliards de doses par mois. Mais comment les livrer ? Les questions de logistique ne sont pas encore complètement résolues.
Covax n’a pas réussi à atteindre ses objectifs
Un des acteurs principaux pour distribuer d'une manière équitable le vaccin est le Covax. Cette coordination effectue sa première livraison de vaccin Astra Zeneca au Ghana le 24 février 2021. Mais ce système de redistribution de vaccins anti-Covid aux pays pauvres a du mal à remplir son rôle. Dès avril, face à une recrudescence de cas, l’Inde, fer de lance du dispositif suspend ses exportations.(RE)voir : L'Inde suspend des exportations de vaccins anti-Covid en raison d'une flambée des cas
Seth Berkley qui dirige l’Alliance du vaccin (Gavi), un des piliers du Covax avec l'OMS et l'Unicef, demande aux pays donateurs "de faire des dons de meilleure qualité".
Il twitte le 1er décembre "Livrer les doses à un pays est facile, mais les faire arriver dans des pays où elles peuvent être immédiatement utilisées est plus dur et demande une collaboration active entre toutes les parties prenantes des pays aux fabricants en passant par les transporteurs et les pays hôtes".
We need this collaboration to continue. Getting doses to countries is the easy part: getting them to countries where they can be readily used is harder & requires active collaboration from all parties from the country to the manufacturer, freight forwarder & implementing country.
— Seth Berkley (@GaviSeth) November 30, 2021
L’Alliance du vaccin demande donc que toutes les livraisons à partir du 1er janvier soient parfaitement utilisables.
Des vaccins insuffisants dans les pays pauvres
Les chiffres de l'OMS traduisent une fracture Nord-Sud profonde.Le ratio de doses dans les pays à faible revenu (selon la classification établie par la Banque mondiale) est de 8 pour 100 habitants.
À titre de comparaison, la moyenne mondiale s’élève à 101 doses pour 100 habitants.
Elle est de 147 doses pour 100 habitants pour les pays à hauts revenus.
Sur le continent africain la moyenne est de 12 doses par 100 habitants au 3 décembre (chiffres de l’OMS), et seulement 5,18% de la population est vaccinée.
(RE)lire : Covid-19 : où en est la vaccination en Afrique ?
L’arrivée de nouveaux variants
Dans ce cas comment faire en sorte que tous puissent bénéficier du vaccin ? Il y a urgence car le variant Omicron, détecté par des laboratoires sud-africains le 25 novembre, est déjà dans 50 pays à la date d'aujourd'hui.(RE)voir : Variant Omicron : l’Afrique du Sud s’estime "discriminée"
"Si vous êtes inquiets du risque (lié) à Omicron, faites vous vacciner si vous ne l'êtes pas déjà (...) Les interdictions de voyager ne changeront rien. Les vaccins et l'équité mondiale pour la santé, si", twitte le 27 novembre la virologue américaine Angela Rasmussen.
If you’re worried about your risk from omicron, get vaccinated if you aren’t already. Continue to layer other precautions. And more than anything, follow the science and advocate for collaborative global health. Travel bans won’t do shit. Vaccines and global health equity WILL.
— Dr. Angela Rasmussen (@angie_rasmussen) November 27, 2021