Devant un parterre de rapatriés réunis à l'Élysée, le chef de l'État français est revenu sur la fusillade de la rue d'Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l'Algérie française furent tués par l'armée en mars 1962.
Emmanuel Macron, président de la République française
"Ce jour-là les soldats français déployés à contre-emploi, mal commandés, ont tiré sur des Français (...) Ce jour-là ce fut un massacre", a déclaré Emmanuel Macron. Il a ajouté que "60 ans après" ce "drame passé sous silence", "la France reconnaît cette tragédie".
"Et je le dis aujourd'hui haut et clair: ce massacre du 26 mars 1962 est impardonnable pour la République. Toutes les archives françaises sur cette tragédie pourront être consultées et étudiées librement", a affirmé avec émotion le président français.
"La vérité doit être de mise"
Évoquant la "surenchère atroce d'insécurité et de violence", "d'attentats et d'assassinats" qui scandèrent la fin de la guerre d'Algérie, Emmanuel Macron a également exhorté à reconnaître et "regarder en face" le "massacre du 5 juillet 1962" à Oran, qui toucha "des centaines d'Européens, essentiellement des Français".
La réaction de François Paz, de l'association des rapatriés de l'Oranie, au discours d'Emmanuel Macron :
"Ce massacre doit être (...) reconnu", a-t-il tranché. "La vérité doit être de mise et l'histoire transmise", a insisté le chef de l'État. Face aux rapatriés, Emmanuel Macron a souligné la difficulté de "ces mois d'adieu et de déchirure" qui ont frappé des milliers de familles.
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"Votre arrivée en métropole est un soulagement car vous vous savez ici en sécurité, mais elle n'est pas une consolation, car vous vous sentez vite incompris, méprisés pour vos valeurs, votre langue, votre accent, votre culture", a-t-il évoqué en déplorant que "la plupart" se soient "heurtés à l'indifférence quand ce n'était pas aux préjugés".
"Il y a 60 ans les rapatriés d'Algérie ne furent pas écoutés. Il y a 60 ans ils ne furent pas reçus avec l'affection que chaque citoyen français en détresse mérite" a scandé le président de la République en plaidant pour une réconciliation : "le chemin qu'il nous revient de faire est celui de cette réconciliation".
Une série d'actes mémoriels
Cette "reconnaissance" s'inscrit dans une série d'actes mémoriels, depuis le début du quinquennat et à l'approche du 60e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie avec les Accords d'Evian puis l'indépendance de ce pays le 5 juillet 1962.
Le 20 septembre 2021, le chef de l'État avait demandé "pardon" aux harkis, supplétifs algériens de l'armée française, qui furent "abandonnés" par la France. Un projet de loi, actant ce "pardon" et tentant de "réparer" les préjudices subis, est en cours d'examen au Parlement et devrait être adopté d'ici à fin février.