TV5MONDE : Comment avez-vous accueilli cette décision du Conseil constitutionnel ?
Modibo Massaké : Nous sommes satisfaits, car le principe de la gratuité de l'enseignement supérieur a été réaffirmé. Aussi, et c'est intéressant, cette décision est un obstacle à la marchandisation de l'enseignement supérieur. Parce qu'aujourd'hui, le gouvernement avait pour projet d'augmenter les frais de scolarité des élèves étrangers non-européens, alors qu'ils sont en majorité parmi les plus mal lotis, notamment ceux qui viennent d'Afrique.(Ndlr : Les frais d'inscription en licence passent de 170 euros à, possiblement, 2770 euros quand les masters peuvent, eux, passer de 243 euros à 3770 euros).
Vous émettez tout de même des réserves sur un certain point...
Le Conseil d'État doit désormais trancher, dans quel état d'esprit attendez-vous cette décision ?
Nous gardons espoir, même si l'avis du Conseil constitutionnel est mitigé. On ne peut pas demander à des étudiants de voir leurs frais de scolarité multipliés par 15. Cela serait de la discrimination et nuirait à l'égalité des chances pour laquelle nous nous battons chaque jour en tant que membres associatifs. Et je voudrais souligner un paradoxe : nous, étudiants étrangers, nous nous mobilisons, pour défendre les principes fondamentaux du système éducatif français. Ça ne devrait pas être à nous de faire cela. Mais nous nous battrons et essayerons, tant bien que mal, pour que les étudiants étrangers bénéficient de l'égalité des chances et de l'accès à l'éducation.