"Désormais, uniquement dans la chanson !" semblent penser quelques éditorialistes étrangers.

L'Allemande Barbara Wesel, journaliste à la Deutsche Welle, cible le syndicat CGT. Elle écrit, désolée : “Une fois de plus, la France est ingouvernable, et les investisseurs internationaux fuient. Le gouvernement faible et impopulaire d’Hollande doit se battre pour sa survie […] et le syndicat détruit la relance économique dans laquelle François Hollande avait placé tous ses espoirs. Le président ne peut pas plier face à la pression, parce que c’est là sa dernière chance de garder la tête haute avant de quitter son poste, l’an prochain. Il a passé du temps à consolider l’impasse en France. Il agit désormais avec le courage du désespoir.(...) La France se prépare à un été brûlant.”
Le passage en force avec le recours du dispositif 49,3 pour faire adopter la loi Travail sans vote à l'Assemblée est considéré par beaucoup comme l'ultime trahison de la part d'un président "de gauche". Hasard du calendrier, il a lieu, ce passage en force, au moment où la France fête les 80 ans du Front Populaire, quand furent adoptées les plus grandes avancées sociales en faveur des travailleurs (congés payés, réduction du temps de travail, conventions collectives...).
Et les électeurs ont aussi bonne mémoire ! Sur les réseaux sociaux, remonte une déclaration-choc de celui qui était alors premier secrétaire du Parti Socialiste.
Ainsi, en février 2006, alors que Dominique de Villepin (Premier ministre) venait d'annoncer l'utilisation du 49-3 pour faire passer le projet de loi pour l'égalité des chances, François Hollande déclarait, très remonté : " Le 49-3 est une brutalité, un déni de démocratie, une manière de freiner ou d'empêcher le débat parlementaire"
A quelques jours de l'Euro 2016 fleurissent les premiers bilans du quinquennat du chef de l'Etat. L'occasion de rappeler l'impact médiatique et électoral souvent désastreux de certaines décisions et autres affaires.
1- L'étranglement fiscal des contribuables (2012)
A moins d'un an de la prochaine élection présidentielle, force est de constater que "la révolution fiscale" n'a pas eu lieu. La symbolique taxation à 75 % des revenus situés au-delà du million d'euros a été censurée par le Conseil constitutionnel. Autre idée abandonnée : l'écotaxe poids lourds. Elle devait frapper les camions empruntant certaines routes : la colère des "bonnets rouges" en 2013 en a eu raison.

Selon les chiffres d'Eurostat, entre 2009 et 2012, la charge fiscale globale est passée de 42,1 % à 45 % du PIB. Dès la rentrée 2012, le gouvernement Ayrault annonce 10 milliards de hausses supplémentaires !
Et sans effet réel sur l'emploi.
2- Pôle emploi fait le plein
En 2012, pendant sa campagne, François Hollande avait fait des jeunes sa priorité. A moins d'un an de la prochaine élection présidentielle, ils sont près de 100 000 de plus à pointer à Pôle emploi.Ce sont les diplômés de l'université qui souffrent : 45% à peine sont en CDI. Selon l'Insee, les ouvriers, employés, jeunes, personnes sans diplôme, parents isolés et immigrés sont les plus touchés. Malgré une récente bonne nouvelle, une baisse de 0,6 % (19 900 personnes) du nombre de demandeurs

Un rapport d'Eurostat (janvier 2016) assure ainsi que le chômage des moins de 25 ans s'élève, en France, à 25,9% contre 19,7% pour l'Europe à 28. En avril, selon les statistiques publiées mercredi 25 mai par le ministère du Travail et par Pôle emploi, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité en métropole atteint désormais 3,511 millions.
Le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung écrit en janvier 2016, au moment où François Hollande présente son "plan pour l'emploi" : "Pour 2016, un mélange de concessions aux syndicats et au patronat révèle le désaccord au sein du camp Hollande sur la question de la responsabilité de la misère de l’emploi : un code du travail rigide et des charges sociales importantes – ou une recherche du bénéfice à outrance de la part des entreprises ? En revanche, il est évident qu’avec cette offensive pour l’emploi, Hollande cherche à baisser les chiffres. Et non à réduire le nombre réel des demandeurs d’emploi.”
The Economist, lui, fait preuve de davantage d'optimisme : "Depuis des années, la gauche française refuse de faire le lien entre le faible taux de création d’emplois dans le pays et une législation du travail surproductive. Mais le Premier ministre a finalement concédé que les 3 800 pages du Code du travail étaient illisibles avant de promettre de le simplifier”.
3- L' affaire "Cahuzac" (2012)
Il s'agit, à ce jour, du scandale politico-financier majeur du quinquennat de François Hollande. Elle touche Jérôme Cahuzac ministre délégué chargé du Budget. En décembre 2012, le site d'information en ligne Mediapart révèle qu'il possède un compte

Las ! Le 19 mars 2013, François Hollande annonce le départ de son ministre du gouvernement. L'ex-chirurgien finit par reconnaître les faits le 2 avril 2013 devant les juges d'instruction.
El Pais explique aux Espagnols qu’il s’agit là “d’un nouveau revers politique pour le président socialiste le plus impopulaire, un président qui avait promis une république “irréprochable”.
Au Royaume-Uni, The Daily Telegraph constate : “L’Ancien Monsieur impôt français (…) à l’origine des coupes drastiques des dépenses publiques, le ministre qui 'luttait contre l’évasion fiscale', le 'Monsieur propre' du gouvernement socialiste, admet finalement avoir eu un compte caché en Suisse ! La vertigineuse chute de Cahuzac va saper les efforts du gouvernement socialiste pour se démarquer du gouvernement de centre-droite de Nicolas Sarkozy dont plusieurs collaborateurs, à commencer par Sarkozy lui même, ont été mis en cause dans des scandales de corruption".
Citons en deux :
- Le 31 mars 2014, Yamina Benguigui, ministre déléguée à la Francophonie, est soupçonnée d'avoir menti sur sa déclaration de patrimoine. Elle n'est pas reconduite dans le gouvernement Valls.
- Le 4 septembre 2014, Thomas Tevenoud, Secrétaire d'Etat au commerce extérieur, démissionne pour ne pas avoir répondu à ses obligations de contribuable.
4- Déchéance de nationalité et révision de la constitution (2015)
Le 16 novembre 2015, trois jours après les attentats de Paris et Saint-Denis, François Hollande s'adresse à la nation. Il annonce une révision de la Constitution pour y introduire l'état d'urgence et un élargissement de la déchéance de nationalité à tous les terroristes français. Les parlementaires, unanimes, applaudissent. Quatre mois

plus tard, le dossier est enterré. L'unité nationale post-attentats a volé en éclat. Trop de blocages politiques sont apparus, y compris au sein du gouvernement. Christiane Taubira, garde des Sceaux, n'a jamais caché son hostilité au texte. Elle parle d'un "désaccord majeur" avec François Hollande sur cette question de la déchéance de nationalité. Elle démissionne le 27 janvier.
Le journal néerlandais De Volkskrant, écrit, lucide : “Il est en effet peu probable que des djihadistes – sans parler des kamikazes – se laisseront effrayer par la perspective de perdre leur passeport français.”
La Libre Belgique rappelle, elle, que "la déchéance de nationalité est une revendication historique de la droite et de l’extrême droite. Le président prend “le risque de cabrer la gauche”. Le quotidien Le Temps livre son analyse un mois après les attentats : “Le piège semble se refermer sur un exécutif pris en étau entre ses contraintes politiques et ses impératifs sécuritaires”.
"La fin du quinquennat de François Hollande ressemble à une guerre de tranchées, écrit Richard Werly, correspondant suisse de Le Temps à Paris. "La France nous inquiète" ajoute-t-il. À l'approche de l'Euro de football, "des dérapages et des bavures peuvent toujours survenir" estime-t-il.
Selon un récent sondage, à peine 14 % des français souhaitent que François Hollande se représente à la présidentielle en 2017 et à peine 16 % des personnes interrogées le considèrent comme un "bon président".