Liberté d’élire, obligation de remplir les décisions communes prises à Bruxelles: en deux phrases, prononcées lundi sur les ondes de France Inter, François Hollande a cadré ce qui ressemble fort à la posture européenne, avant les élections législatives grecques du 25 janvier.
«Les Grecs sont libres de décider souverainement de leur gouvernement. […] Quant à l’appartenance à la zone euro, c’est à la Grèce seule d’en décider», a asséné le président français, tout en rappelant aussitôt que les «gouvernants auront à respecter les engagements pris».
Alors que selon le Spiegel, la chancelière allemande Angela Merkel n’exclut pas une sortie d’Athènes de la monnaie unique en cas de victoire de la coalition de gauche radicale Syriza, l’hôte de l’Elysée a, en quelque sorte, rappelé les règles. Pas question pour la France, avocate d’une relance communautaire mais sous surveillance budgétaire de la Commission, de s’engouffrer dans une quelconque brèche hellénique: «Quels que soient les votes émis, l’Europe ne peut plus être assimilée à l’austérité», a poursuivi le chef de l’Etat français qui, à plusieurs reprises, a de nouveau répété le «besoin de compétitivité».
A l’Elysée, cette déclaration sur la Grèce avait été soigneusement préparée. Avec, en vue, une forme de partage des rôles entre Paris et Berlin vis-à-vis d’Athènes, comme devrait le confirmer dimanche prochain la première rencontre de l’année organisée par le président du Parlement européen, Martin Schulz, entre François Hollande et Angela Merkel. Aux responsables allemands le soin de répéter, d’ici au 25 janvier, les risques économiques encourus par la Grèce si le pays quittait la zone euro. Aux dirigeants français le soin de rappeler, comme l’a fait à la radio le président, «que l’Europe, ce doit être notre protection, qu’elle doit porter une politique de croissance et qu’elle doit être plus audacieuse». En clair: à la chancelière le soin de conforter le premier ministre conservateur sortant, Antonis Samaras, dans sa stature d’interlocuteur crédible et respecté. Tandis que François Hollande, lui, s’efforcera de rappeler aux Grecs que l’on peut influer sur Bruxelles sans rompre, en votant pour le Pasok socialiste, pour le nouveau parti de l’ex-premier ministre George Papandréou ou pour un parti de la troisième voie comme «Potami» (la rivière), la nouvelle formation créée, pour les européennes, par le journaliste de télévision Stavros Theodorakis.
Le président français a, il est vrai, aussi des raisons de s’inquiéter pour sa majorité socialiste, si Syriza et son leader Alexis Tsipras venaient à l’emporter et à décider de tout bousculer, même si ce dernier ne prône plus la sortie de l’euro et promet d’agir «dans le respect des institutions européennes». Dans les jours qui viennent, son ex-ministre de l’Ecologie, Cécile Duflot, le leader du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, et plusieurs députés «frondeurs» du PS sont attendus à Athènes. François Hollande a donc bien besoin, simultanément, de montrer sa parfaite coordination avec les sociaux-démocrates allemands, dont le «francophone et francophile» Martin Schulz est le meilleur relais à Paris et à Bruxelles.
Le spectre du "Grexit" fait chuter les bourses
A vingt jours des élections législatives grecques, le spectre d'une sortie de la Grèce de la zone euro (ou Grexit), agité en Allemagne, a fait chuter les principales places boursières, lundi, malgré les déclarations rassurantes de la Commission européenne sur l'arrimage de ce pays à la monnaie unique.
Selon l'hebdomadaire Der Spiegel, le gouvernement allemand juge "quasiment inévitable" une sortie de la Grèce de l'euro si le parti de la Gauche radicale Syriza remporte les législatives du 25 janvier, décide de renoncer à la rigueur budgétaire et de ne plus rembourser la dette du pays.
Les marchés ont reflété, lundi, ces inquiétudes, les principales places boursières ayant enregistré d'importantes chutes : Paris -3,31%, Milan -4,92% et Madrid plus de -3%. La Bourse d'Athènes à quant à elle, chuté de 5,63%.