Ces conclusions résonnaient comme un « plus jamais ». Et pourtant. Au petit matin du 24 août, un puissant séisme de magnitude 6,2 a de nouveau frappé le centre de l’Italie. A ce jour, le bilan est de plus de 270 morts, 387 blessés, et il est encore impossible d’établir le nombre de disparus. Contrairement à 2009, cette fois, ce sont des villages qui sont le plus touchés : Pescara del Tronto (Marches), Accumoli et Amatrice (Latium).
Amatrice, symbole de la destruction
Parmi ces localités, Amatrice - le village aux cent églises- est désormais le symbole de la destruction. L'un des plus beaux villages d’Italie, selon le Ministère de la culture, n'est plus que décombres et désolation. Ici, dans le centre de l’Italie, un tremblement de terre n’a rien d’inattendu. « Il s'agit d'un séisme typique de la région », explique Pascal Bernard, sismologue à l’Institut de physique du globe de Paris, interrogé par Le Monde. « Toute la chaîne de montagnes des Apennins, qui parcourent sur mille kilomètres l’Italie du nord au sud, est en train de s’étirer », ajoute-t-il. Déjà, les Italiens de l’époque médiévale écrivaient sur les mouvements telluriques qui secouent la région, rappelle The Washington Post.
Les habitants de ces communes priaient donc pour que « ça tienne ». D’autant que des bâtisses centenaires faisaient le charme de ce village médiéval. Mais ça n’a pas tenu. Ce qui étonne la population, encore abasourdie, c’est qu’une école « rénovée en 2012 pour l’adapter aux normes antisismiques, a été réduite à l’état de décombres mercredi », note également Le Monde.
Des bâtiments récents endommagés

Matteo Renzi
Le président du Conseil italien est le premier à dénoncer ces irrégularités : « Nous sommes les meilleurs pour gérer les situations d’urgence, mais cela ne suffit pas. Nous devons changer de mentalité. Nous avons besoin d’un nouveau modèle de développement, mais aussi de prévention ». Matteo Renzi fait référence à de nombreux villages italiens « très beaux, mais qui risquent beaucoup plus ».

Cela vaut donc pour les constructions les plus récentes, mais aussi pour les bâtiments les plus anciens, comme les églises, qui peuvent être renforcés et protégés. Pourtant, le budget alloué au secteur culturel et à la préservation des sites culturels ne cesse de diminuer. En dix ans, il est passé d'un peu plus de 2 milliards d'euros en 2000 à moins d'un milliard et demi en 2011.

Il serait inexact d'affirmer qu’aucune leçon n’a été retenue depuis 2009. « Plusieurs programmes de reconstruction de logements intégrant toutes les normes parasismiques ont été menés sur le territoire de l'Aquila après le séisme (maisons individuelles légères et immeubles d'habitations collectives), souligne le ministère de l’environnement français. Le séisme a conduit à une révision plus sécuritaire en matière d’évaluation de la sismicité locale ». Mais il est encore tôt pour dire que tout a été fait pour éviter l'effondrement des trois communes.