
Les Izvestia russes du 12 décembre 2008 avertissaient leurs lecteurs : l’Inde et la Chine s’apprêteraient à acheter à la pelle des forêts russes, des terres agricoles et même des fleuves nous révèlent Alexei Aronov et Pavel Arabov. Avec leurs milliards d’habitants qu’il faut nourrir, ces deux « pays-continents » s’apprêteraient à coloniser des terres vierges (il paraît qu’il en reste) ou sous-exploitées à travers le monde. Ils auraient d’abord regardé du côté de l’Amérique latine, de l’Australie et de l’Afrique, mais auraient finalement jeté leur dévolu sur la Russie, sorte de far-east ou far-west (tout dépend de l’endroit d’où l’on regarde) à conquérir. La Sibérie regorge de millions d’hectares à exploiter, d’autant plus que des climatologues prévoient que ces terres incultes seront fertiles d’ici peu grâce au réchauffement de la planète… Enfin une vision positive du chaos à venir.

Mais les Russes s’insurgent : leur fibre nationaliste, quelque peu malmenée ces derniers temps, inciterait à la rébellion contre la vente supposée de ces terres. D’autant plus qu’une loi de 2002 interdit la vente de sols agricoles à des étrangers : elle autorise juste la mise en fermage de longue durée en faveur de non nationaux. Mais des Norvégiens, eux aussi sur les rangs, auraient déjà réussi à acquérir 300 000 hectares sur le flanc ouest du pays. Le directeur de l’Institut russe d’études de la conjoncture agricole estime que déjà 1% du territoire, hors Extrême-orient russe, n’appartiendrait plus à la grande mère patrie. Tout fout le camp, chantait Léo Ferré…