Fuir les pogroms
Ariel Sharon aura été l’un des acteurs majeurs de la vie politique israélienne pendant près d’un demi-siècle. Deuxième enfant d’un père technicien polonais et d’une mère médecin biélorusse, Ariel Sharon, de son vrai nom, Ariel Scheinermann, voit le jour le 26 février 1928 à Kfar Malal, dans un village agricole en Palestine, alors sous mandat britannique. Ses parents ont fui les pogroms entre 1902 et 1906 et tous les sanglants déferlements antisémites qui feront 60 000 morts. Dans la Russie tsariste, au XIXe siècle, la communauté juive est alors la plus importante du monde avec ses cinq millions de personnes. Ce sont ces pogroms qui éveillent le nationalisme des juifs et les poussent à partir massivement pour les États-Unis ou, comme les parents d’Ariel Sharon, à émigrer en Palestine.
Ariel Sharon aura été l’un des acteurs majeurs de la vie politique israélienne pendant près d’un demi-siècle. Deuxième enfant d’un père technicien polonais et d’une mère médecin biélorusse, Ariel Sharon, de son vrai nom, Ariel Scheinermann, voit le jour le 26 février 1928 à Kfar Malal, dans un village agricole en Palestine, alors sous mandat britannique. Ses parents ont fui les pogroms entre 1902 et 1906 et tous les sanglants déferlements antisémites qui feront 60 000 morts. Dans la Russie tsariste, au XIXe siècle, la communauté juive est alors la plus importante du monde avec ses cinq millions de personnes. Ce sont ces pogroms qui éveillent le nationalisme des juifs et les poussent à partir massivement pour les États-Unis ou, comme les parents d’Ariel Sharon, à émigrer en Palestine.

L'unité 101
La rigueur militaire le séduit.
Il entre au Gadna, un mouvement paramilitaire créé avant la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948. Lors de la guerre israélo-arabe, la même année, le voici promu commandant de détachement dans la brigade 609 d'infanterie de l'armée, dite "brigade Alexandroni", une brigade d’infanterie de l’armée israélienne. Il y sera gravement blessé.
En 1951, on le retrouve officier dans les services secrets. Le voici à la tête de l’Unité 101 de forces spéciales placée sous les ordres directs du Premier ministre israélien David Ben Gourion. Une section efficace… Et surtout sans scrupule. Elle a pour mission de mener des opérations-commando anti-Palestiniens. Dissoute en janvier 1954, cette unité 101 s’illustrera dans des coups particulièrement tordus. Ainsi, le plus sanglant, aura lieu dans le village cisjordanien de Qibya dans la nuit du 14 au 15 octobre 1953. L’opération Shoshana fait 70 victimes, principalement des femmes et des enfants, tous morts après le dynamitage de leur maison. Elle est unanimement réprouvée dans le monde et fait l’objet d’une condamnation du Conseil de sécurité des Nations unies. Ariel Sharon répondra n’avoir fait qu’obéir aux ordres.
La rigueur militaire le séduit.
Il entre au Gadna, un mouvement paramilitaire créé avant la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948. Lors de la guerre israélo-arabe, la même année, le voici promu commandant de détachement dans la brigade 609 d'infanterie de l'armée, dite "brigade Alexandroni", une brigade d’infanterie de l’armée israélienne. Il y sera gravement blessé.
En 1951, on le retrouve officier dans les services secrets. Le voici à la tête de l’Unité 101 de forces spéciales placée sous les ordres directs du Premier ministre israélien David Ben Gourion. Une section efficace… Et surtout sans scrupule. Elle a pour mission de mener des opérations-commando anti-Palestiniens. Dissoute en janvier 1954, cette unité 101 s’illustrera dans des coups particulièrement tordus. Ainsi, le plus sanglant, aura lieu dans le village cisjordanien de Qibya dans la nuit du 14 au 15 octobre 1953. L’opération Shoshana fait 70 victimes, principalement des femmes et des enfants, tous morts après le dynamitage de leur maison. Elle est unanimement réprouvée dans le monde et fait l’objet d’une condamnation du Conseil de sécurité des Nations unies. Ariel Sharon répondra n’avoir fait qu’obéir aux ordres.

L’arène politique
En 1956, il commande la 202ème brigade parachutiste et se distingue dans le Sinaï en s'emparant du col stratégique de Mitla. Si son sens tactique et ses aptitudes militaires de fin stratège suscitent l’admiration, des voix s'élèvent pour dénoncer aussi son style autoritaire de commandement, son côté impulsif, quasi-incontrolable.
Ce qui ne l’empêche pas d’être nommé général de division en 1967, quelques mois avant le début de la guerre des Six jours .
Son ambition, c’est de devenir le chef suprême de Tsahal mais il déchante bientôt : le 1er janvier 1972, on lui préfère le général David Elazar.
Après les victoires sur les champs de bataille, il veut triompher dans l’arène politique. Aux cartes d’Etat-major, il préfère désormais les bulletins de vote ! En 1973, il devient député à la Knesset, le parlement israélien.
En 1956, il commande la 202ème brigade parachutiste et se distingue dans le Sinaï en s'emparant du col stratégique de Mitla. Si son sens tactique et ses aptitudes militaires de fin stratège suscitent l’admiration, des voix s'élèvent pour dénoncer aussi son style autoritaire de commandement, son côté impulsif, quasi-incontrolable.
Ce qui ne l’empêche pas d’être nommé général de division en 1967, quelques mois avant le début de la guerre des Six jours .
Son ambition, c’est de devenir le chef suprême de Tsahal mais il déchante bientôt : le 1er janvier 1972, on lui préfère le général David Elazar.
Après les victoires sur les champs de bataille, il veut triompher dans l’arène politique. Aux cartes d’Etat-major, il préfère désormais les bulletins de vote ! En 1973, il devient député à la Knesset, le parlement israélien.

Sabra et Chatila
Ministre de l’Agriculture en 1977, il prend le portefeuille de la Défense en 1982 et jure de "nettoyer" le Liban de la présence des "terroristes palestiniens". Prenant pour prétexte l’assassinat, le 14 septembre, de Bachir Gemayel, élu président du Liban, les troupes de Sharon entrent dans Beyrouth-Ouest le 15 et encerclent les camps de Sabra et Chatila, où survivent des réfugiés palestiniens. Les voici coupés du monde. La nuit même, la tuerie commence. Elle va durer trois jours. Le massacre est mené par des phalangistes chrétiens et des miliciens des Forces libanaises et feront entre 800 et 5000 victimes selon les estimations. En Israël, une commission d'enquête attribue en 1983 la "responsabilité personnelle", mais "indirecte", des massacres à Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, et la responsabilité directe à Elie Hobeika, chef des renseignements des Forces libanaises (milice chrétienne). La commission déclara notamment : "Il est impossible de justifier de la part du ministre de la Défense l’ignorance du danger". Il portait, selon elle, "la responsabilité de n’avoir pas donné les ordres appropriés pour que soient réduits les risques que comportait l’intervention des phalangistes".
Ariel Sharon est relevé de ses fonctions de ministre de la Défense.
Ministre de l’Agriculture en 1977, il prend le portefeuille de la Défense en 1982 et jure de "nettoyer" le Liban de la présence des "terroristes palestiniens". Prenant pour prétexte l’assassinat, le 14 septembre, de Bachir Gemayel, élu président du Liban, les troupes de Sharon entrent dans Beyrouth-Ouest le 15 et encerclent les camps de Sabra et Chatila, où survivent des réfugiés palestiniens. Les voici coupés du monde. La nuit même, la tuerie commence. Elle va durer trois jours. Le massacre est mené par des phalangistes chrétiens et des miliciens des Forces libanaises et feront entre 800 et 5000 victimes selon les estimations. En Israël, une commission d'enquête attribue en 1983 la "responsabilité personnelle", mais "indirecte", des massacres à Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, et la responsabilité directe à Elie Hobeika, chef des renseignements des Forces libanaises (milice chrétienne). La commission déclara notamment : "Il est impossible de justifier de la part du ministre de la Défense l’ignorance du danger". Il portait, selon elle, "la responsabilité de n’avoir pas donné les ordres appropriés pour que soient réduits les risques que comportait l’intervention des phalangistes".
Ariel Sharon est relevé de ses fonctions de ministre de la Défense.

4700 morts
Il n’abandonne pas la vie politique pour autant. Entre 1990 et 1992, il est ministre de la Construction et de l’Aménagement, ministre de l’Infrastructure nationale en 1996, puis ministre des Affaires étrangères deux ans plus tard, avant de prendre la tête du Likoud en 1999.
Le 28 septembre 2000, sa visite sur l’Esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, provoque de violents affrontements à Jérusalem, faisant plusieurs dizaines de blessés. Cette visite du chef du Likoud est perçue comme une provocation. La deuxième intifada est déclenchée. Les attentats-suicide de kamikazes palestiniens ensanglantent dès lors Israël. En août 2002, après un attentat revendiqué par les islamistes du Hamas, il déclare : "Je voudrais demander au ministre de la Défense de faire cette annonce : la terreur continue et nous nous allons continuer à agir contre cette terreur de toutes les manières possibles". Nabil Abou Roudeina, conseiller de Yasser Arafat répond : "Sharon est responsable de ce qui se passe, les occupations doivent prendre fin, les Palestiniens et le monde arabe cherchent la paix et nous demandons aux Occidentaux d'intervenir immédiatement et d'envoyer des observateurs internationaux".
C’est la spirale sanglante des représailles. Elle durera jusqu’en 2005 et fera plus de 4700 morts.
Il n’abandonne pas la vie politique pour autant. Entre 1990 et 1992, il est ministre de la Construction et de l’Aménagement, ministre de l’Infrastructure nationale en 1996, puis ministre des Affaires étrangères deux ans plus tard, avant de prendre la tête du Likoud en 1999.
Le 28 septembre 2000, sa visite sur l’Esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, provoque de violents affrontements à Jérusalem, faisant plusieurs dizaines de blessés. Cette visite du chef du Likoud est perçue comme une provocation. La deuxième intifada est déclenchée. Les attentats-suicide de kamikazes palestiniens ensanglantent dès lors Israël. En août 2002, après un attentat revendiqué par les islamistes du Hamas, il déclare : "Je voudrais demander au ministre de la Défense de faire cette annonce : la terreur continue et nous nous allons continuer à agir contre cette terreur de toutes les manières possibles". Nabil Abou Roudeina, conseiller de Yasser Arafat répond : "Sharon est responsable de ce qui se passe, les occupations doivent prendre fin, les Palestiniens et le monde arabe cherchent la paix et nous demandons aux Occidentaux d'intervenir immédiatement et d'envoyer des observateurs internationaux".
C’est la spirale sanglante des représailles. Elle durera jusqu’en 2005 et fera plus de 4700 morts.

La barrière anti-terroriste
En 2001, c'est la consécration. Sharon devient Premier ministre.
Son programme est simple : préserver la sécurité et lutter contre le terrorisme palestinien. L'année suivante, la vague d’attentats qui a fait près d’un millier de victimes décide le gouvernement d’Ariel Sharon à faire construire un mur entre Israël et la Cisjordanie. Si les Israéliens parlent de "clôture de sécurité" et de "barrière antiterroriste", les Palestiniens préfèrent évoquer, eux, un "mur de l’apartheid", ou encore un "mur de la honte". Pour les Palestiniens, le mur confisque leurs terres, divise les familles et contrarie l'accès aux lieux saints. Le 9 juillet 2004, la Cour internationale de Justice jugera illégale, au regard du droit international, la construction de cette "barrière" à l'intérieur d'un territoire occupé, mais Ariel Sharon n'en a cure. Il sait que cette construction le met au diapason de la société israélienne traumatisée par les nombreux attentats.
Pour elle, ce mur long de 730 km répond à un besoin fondamental de sécurité. Il constitue avant tout une mesure de légitime défense.
En 2001, c'est la consécration. Sharon devient Premier ministre.
Son programme est simple : préserver la sécurité et lutter contre le terrorisme palestinien. L'année suivante, la vague d’attentats qui a fait près d’un millier de victimes décide le gouvernement d’Ariel Sharon à faire construire un mur entre Israël et la Cisjordanie. Si les Israéliens parlent de "clôture de sécurité" et de "barrière antiterroriste", les Palestiniens préfèrent évoquer, eux, un "mur de l’apartheid", ou encore un "mur de la honte". Pour les Palestiniens, le mur confisque leurs terres, divise les familles et contrarie l'accès aux lieux saints. Le 9 juillet 2004, la Cour internationale de Justice jugera illégale, au regard du droit international, la construction de cette "barrière" à l'intérieur d'un territoire occupé, mais Ariel Sharon n'en a cure. Il sait que cette construction le met au diapason de la société israélienne traumatisée par les nombreux attentats.
Pour elle, ce mur long de 730 km répond à un besoin fondamental de sécurité. Il constitue avant tout une mesure de légitime défense.

Quitter Gaza
Fin octobre 2004, le parlement israélien vote un plan historique.
Présenté par Sharon, il prévoit de mettre fin à 37 années d'occupation coloniale juive à Gaza "Je sais quelles sont les conséquences pour des milliers d'Israéliens qui vivaient depuis de nombreuses années dans la bande de Gaza, envoyés ici par le gouvernement israélien..." déclare Ariel Sharon qui devient, dès ce jour, la bête noire de près de 8000 colons israéliens.
L'opposition israélienne appuie le plan, contrairement au Likoud, parti de droite, qui ne donne pas son soutien au premier ministre. La veille le débat avait été houleux. " Le Premier ministre et le gouvernement commencent à comprendre que nous devons régler de sérieux problèmes démographiques, de sécurité et de choix moraux. Nous ne pouvons pas et nous ne devons pas gouverner la vie des Palestiniens pour toujours" déclare Shimon Peres devant les députes. Les colons manifestent. Et ils ne lui pardonneront jamais.
Fin octobre 2004, le parlement israélien vote un plan historique.
Présenté par Sharon, il prévoit de mettre fin à 37 années d'occupation coloniale juive à Gaza "Je sais quelles sont les conséquences pour des milliers d'Israéliens qui vivaient depuis de nombreuses années dans la bande de Gaza, envoyés ici par le gouvernement israélien..." déclare Ariel Sharon qui devient, dès ce jour, la bête noire de près de 8000 colons israéliens.
L'opposition israélienne appuie le plan, contrairement au Likoud, parti de droite, qui ne donne pas son soutien au premier ministre. La veille le débat avait été houleux. " Le Premier ministre et le gouvernement commencent à comprendre que nous devons régler de sérieux problèmes démographiques, de sécurité et de choix moraux. Nous ne pouvons pas et nous ne devons pas gouverner la vie des Palestiniens pour toujours" déclare Shimon Peres devant les députes. Les colons manifestent. Et ils ne lui pardonneront jamais.

La longue nuit
En novembre 2005, après avoir démissionné du Likoud, il créé son propre parti, Kadima (en français : "En avant"), de centre-droite. Mais au moment où il est pressenti pour être réélu à la tête de son pays, il est terrassé, en décembre 2005 et janvier 2006, par deux attaques cérébrales. Il ne s'en remettra pas. Il rentre dans un coma, une longue nuit, qui durera huit ans.
Aujourd'hui, samedi 11 janvier, le directeur du centre médical de Tel Aviv, où Ariel Sharon était hospitalisé, a annoncé la mort de l'ancien Premier ministre. Il s'est éteint auprès de ses deux fils.
Des funérailles nationales sont prévues.
Reste la question de l'endroit où il devrait être enterré. Le gouvernement envisagerait d'inhumer Ariel Sharon au cimetière du mont Hertzl, à Jérusalem, où reposent les héros de l'État hébreu. Mais ses dernières volontés seraient toutes autres. Ariel Sharon souhaitait être enterré près de son épouse Lily dans son ranch, Les Sycomores, situé près de Sderot, dans le sud d'Israël.
L'homme de guerre, là bas, y élevait des moutons.
En novembre 2005, après avoir démissionné du Likoud, il créé son propre parti, Kadima (en français : "En avant"), de centre-droite. Mais au moment où il est pressenti pour être réélu à la tête de son pays, il est terrassé, en décembre 2005 et janvier 2006, par deux attaques cérébrales. Il ne s'en remettra pas. Il rentre dans un coma, une longue nuit, qui durera huit ans.
Aujourd'hui, samedi 11 janvier, le directeur du centre médical de Tel Aviv, où Ariel Sharon était hospitalisé, a annoncé la mort de l'ancien Premier ministre. Il s'est éteint auprès de ses deux fils.
Des funérailles nationales sont prévues.
Reste la question de l'endroit où il devrait être enterré. Le gouvernement envisagerait d'inhumer Ariel Sharon au cimetière du mont Hertzl, à Jérusalem, où reposent les héros de l'État hébreu. Mais ses dernières volontés seraient toutes autres. Ariel Sharon souhaitait être enterré près de son épouse Lily dans son ranch, Les Sycomores, situé près de Sderot, dans le sud d'Israël.
L'homme de guerre, là bas, y élevait des moutons.
La Cisjordanie annexée ?
Certains leaders du Likoud, comme Moshé Feiglin, ont évoqué durant la campagne électorale l’annexion de la zone C de la Cisjordanie (vallée du Jourdain). Or celle-ci représente 60% du territoire cisjordanien, où vivent 90 000 Palestiniens. En cas d’annexion, ils recevraient la citoyenneté israélienne, sans que cela compromette la démocratie israélienne, selon le discours de l’aile droite du Likoud. "Mais la partition du territoire en deux Etats deviendrait alors impossible, et cela compromettrait définitivement la survie d’Israël," souligne Gershon Baskin. Reste que la politique officielle du Likoud, par la voix du Premier ministre Benjamin Netanyahou, reste contre l’annexion de la Cisjordanie.