
Le journal israélien de gauche, Haaretz, connu pour son engagement en faveur de la création d'un Etat palestinien est le seul média à avoir rappelé quelques éléments mettant en cause la parole gouvernementale. L'opération "Pilier de défense" est décrite depuis le départ par la presse israélienne comme une riposte à des attaques du Hamas et l'élimination d'un "chef terroriste" de la branche militaire du mouvement, une forme de représailles à ces attaques. Pour le journaliste et rédacteur en chef d'Haaretz, Aluf Benn, cette version des faits est une fiction qu'il exprime dans un article du 14 novembre dernier : "Ahmed Jabari était un sous-traitant [d'Israël, NDLR] en charge du maintien de la sécurité d'Israël dans la bande de Gaza. Ce titre semblera sans doute absurde à tous ceux qui, dans les dernières heures, ont entendu Jabari décrit comme un «ultra-terroriste», «le chef du personnel de la terreur» ou «notre Ben Laden.» Jabari était également partenaire d'Israël dans les négociations pour la libération de Gilad Shalit, c'est lui qui a assuré le bien-être du soldat captif et de sa sécurité, et c'est encore lui qui a permis le retour de Shalit chez lui, l'automne dernier." Il semble en effet un peu étrange, à la lecture de cet extrait, que celui désigné par Israël pour maintenir le cessez-le-feu soit exécuté et ensuite décrit comme un terroriste de la pire espèce. Le journaliste d'Haaretz explique les raisons de l'assassinat d'Ahmed Jabari, comme une stratégie de la part des autorités israéliennes, stratégie, d'un cynisme confondant si l'on s'accorde à l'analyse d'Aluf Benn : "Après que Jabari eut été averti ouvertement (Amos Harel et Avi Issacharoff ont rapporté ici en début de semaine que l'assassinat des principaux chefs du Hamas serait renouvelé), il a été exécuté mercredi, par le biais d'un assassinat public, dont Israël s'est hâté d'endosser la responsabilité. Le message était simple et clair : Vous n'avez pas réussi - vous êtes mort. Ou, comme le ministre de la Défense, Ehud Barak, aime à le dire: «Au Moyen-Orient n'y a pas de seconde chance pour les faibles." (…) Lorsque les canons grondent, nous ne voyons que Netanyahou et Barak sur l'écran, et tous les autres politiciens doivent les applaudir."
La gauche pacifiste est perplexe
