« Mais je suis une image, je ne suis pas une personne ! »

Je fais à l’occasion des reportages pour TV5Monde sur des expositions, concerts ou festivals qui se tiennent au Québec mais je ne peux pas dire que je sois une habituée des conférences de presse données par des stars d’ici ou d’ailleurs… Samedi matin à Montréal c’était donc, en quelque sorte, mon « baptême » en la matière alors que j’assistais à une rencontre entre la presse montréalaise et l’actrice française Catherine Deneuve, venue présenter un de ses derniers film au Festival des films du Monde de Montréal ( Les Yeux de sa mère, du réalisateur Thierry Klifa ) et recevoir un prix d’honneur que lui ont décerné les organisateurs du festival. C’est sûr qu’il est toujours « impressionnant » d’avoir devant soi une star qui incarne le cinéma français depuis des décennies , de la voir en chair et en os à quelques mètres de soi. Mais notre métier de journaliste nous impose une réserve et un recul indispensable au bon exercice de notre profession. Eh bien ce samedi là, il faut croire que j’étais une des rares dans la salle – avec quelques collègues des grands médias québécois également présents – à suivre cette règle car les deux-tiers des gens venus poser des questions à l’actrice se sont vautrés dans les éloges, compliments et autres louanges « Vous incarnez la beauté, la séduction, vous êtes l’icône du cinéma français, comment faites-vous pour rester aussi belle » j’en passe et des meilleurs. Hé ho les amis, on est en conférence de presse là, ce n’est pas une réunion de fan clubs, on peut faire des efforts pour poser des VRAIES questions intelligentes et sensées à Mlle Deneuve ? Les dites questions dignes de ce nom ont donc été rares et l’actrice a même quasiment semblé gênée par ces interventions sirupeuses et insipides. Par contre elle a réussi à se dégager de ces sables mouvants en faisant preuve d’esprit et de d’humour. Par exemple, en réponse à une femme qui lui demandait comme elle faisait pour être toujours la même depuis des années, elle s’est exclamée « Toujours pareil à quoi ? Mais je suis une image, je ne suis pas une personne ! ». Et à un Italien qui voulait savoir, tout frémissant, si son histoire d’amour avec Marcello Mastroianni avait commencé lors du tournage du film qu’ils ont fait ensemble, elle s’est exclamée « il n’y a qu’un Italien pour poser des questions comme ça ! »… en précisant que la dite histoire d’amour avait commencé AVANT le tournage et que ce détail « apporte vraiment une lumière extraordinaire sur cette histoire », le tout dit dans un grand éclat de rire ! Au-delà des commentaires sirupeux de ces fans qui se prétendaient journalistes – on s’est demandé avec une de mes collègues de Radio-Canada d’où ils sortaient -, Mlle Deneuve nous a parlé de quelques-unes de ses expériences de tournage, les Parapluies de Cherbourg, le film qui a lancé sa carrière qui a été un « tournage merveilleux même si c’était difficile car c’était une comédie musicale, je suis très fière d’avoir participé à cette aventure, c’est un film qui reste et qui restera » a-t-elle déclaré. Elle nous a aussi raconté comment elle avait écrit à Lars Von Trier pour lui proposer de travailler avec lui après avoir vu « Breaking the waves » et que c’est comme ça qu’elle s’est retrouvée dans le film « Dancer in the Dark » avec la chanteuse Björk, un film que Catherine Deneuve qualifie de « très particulier ». L’actrice s’est dite très heureuse d’avoir reçue ce prix d’honneur du Festival des films du monde de Montréal, une ville qu’elle dit aimer beaucoup. En entrevue beaucoup plus sérieuse et intéressante avec ma collègue Anne-Marie Dussault, de Radio-Canada, Catherine Deneuve a déclaré qu’elle était toujours heureuse de recevoir des prix de cette nature mais qu’elle les prenait avec légèreté et non pas comme quelque chose sur laquelle s’asseoir comme si on était sur un piédestal. Je me suis passée la réflexion, en la regardant et en l’écoutant, que cela doit quand même être une drôle de réalité à vivre au quotidien que d’être une star connue un peu partout dans le monde, de soulever les passions de fans qui sont à vos pieds et de rencontrer des meutes de journalistes et de photographes qui vous mitraillent sous tous les plans – quand elle est entrée dans la salle, pendant cinq minutes, on n’entendait que les flashs qui crépitaient. Et, pour l’anecdote, durant toute la conférence de presse, Mlle Deneuve a gardé au bout des doigts une cigarette qu’elle fumait entre chaque question - une cigarette électronique, sorte de succédané de la cigarette très prisé par les accros de la petite tige blanche qui permet de ressentir les sensations d’une cigarette, sans les effets de la nicotine parait-il… Un privilège de star que de pouvoir fumer ainsi lors d’une conférence de presse – les lois anti-tabac sont très sévères au Canada.
Dans la cabane de Catherine François au Canada

Que se passe-t-il dans le « plus beau pays du monde » - comme aimait le définir l’ex premier ministre du Canada Jean Chrétien - ? Correspondante depuis maintenant deux ans de TV5 Monde au Canada - en poste à Montréal - je vous propose dans ces carnets de suivre l’actualité de cet immense pays, baigné d’un océan à l’autre, avec toutefois un éclairage braqué plus spécifiquement sur le Québec, la province où vit la majorité francophone… je veux, dans ces carnets que je vous offrirais sur une base régulière, vous présenter ce qui fait les grands titres de la presse d’ici et vous parler de sujets d’actualité dont je ne parle pas forcément dans les reportages que je produis pour TV5 Monde. Cette nouvelle tribune me donnera aussi l’occasion de revenir plus en détails sur certains de ces reportages et de vous narrer des anecdotes de tournage quand j’en aurais – il y en a souvent - Bref, de quel bois se chauffe ma « cabane au Canada » ? Vous le saurez en venant consulter régulièrement ces pages…