La nouvelle réglementation veut imposer à tous les appareils électroniques plus gros qu’un téléphone portable de voyager en soute. Le Royaume-Uni est même plus précis dans le calibrage et interdit tout appareil de plus de 16 cm de longueur, de 9,3 cm de largeur et de 1,5 cm d'épaisseur.

Huit pays sont visés par la disposition : la Jordanie, l'Égypte, la Turquie, l'Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Maroc. Tous, pourtant, des alliés de l'oncle Sam.
Selon le Financial Times, ces mesures concernent les vols opérés par plusieurs dizaines de compagnies aériennes. Celles qui effectuent des rotations directes entre les pays visés et les États-Unis ou le Royaume-Uni. Les vols d'autres compagnies venant d'autres pays échapperaient, pour l'instant, à l'interdiction.
Les téléphones portables juste tolérés...
CNN a listé les aéroports concernés par cette nouvelle régulation censée être confidentielle.The US has imposed an electronics ban on planes from major Middle Eastern and African airports. What you need to know: https://t.co/Sb6v0LQL9Z pic.twitter.com/vEpj3Awshk
— CNN (@CNN) 21 mars 2017
Royal Jordanian has deleted its tweet regarding the #electronicsban. pic.twitter.com/LdFsAPWfMy
— Jon Ostrower (@jonostrower) 20 mars 2017
L'effet Donald Trump ?
Sur cette question les spécialistes de la sécurité et de la cybersécurité ne sont pas tous d'accord. En effet, ces mesures interviennent alors que Donald Trump essaie d'imposer une interdiction temporaire d'entrée aux États-Unis aux ressortissants de six pays majoritairement musulmans ainsi qu'à tous les réfugiés. Ce décret migratoire voulu par le président américain a été récemment bloqué à deux reprises par des juges fédéraux américains.
Sébastien Caron est un expert de la sécurité aéronautique.
Il dirige ASCT International, Agency for Security Consulting and Training

Est-ce que de telles mesures font sens ?
Sébastien Caron : Ces mesures font sens au regard bien entendu des renseignements que possèdent sûrement le Royaume-Uni et les États-Unis sur des menaces potentielles. Il est aujourd'hui assez simple de dissimuler de engins explosifs improvisés (EEI) dans des appareils électroniques et les machines de radioscopie classiques ne sont pas forcément capables de les mettre en évidence quand il s'agit de bagages à main. Du coup, si il y a menace particulière, il est préférable de s'appuyer sur des machines qu'on utilise pour des bagages de soute. Des machines plus perfectionnées et mieux adaptées à ce type de détection.
Pourquoi la menace serait-elle plus grande sur une tablette qu'un smartphone ?
S.C : C'est la dimension de l'objet qui fait la différence. Plus l'objet est grand, plus il offre une surface de dissimulation importante. Par exemple, quand un ordinateur portable piégé est bien positionné dans l'avion, il peut détruire partiellement ou totalement l'appareil, en fonction de l'altitude et de la quantité d'explosifs. Cet ordinateur utiliserait évidemment pour l'explosion, les différentes ressources comme la batterie, les circuits électriques, etc... Les smartphones offrent moins de place dans leur carcasse pour permettre de dissimuler des explosifs.
Ces mesures décidées par les États-Unis et le Royaume-Uni, peuvent-elles s'étendre à d'autres vols que ceux du Moyen-Orient ?
S.C : Aujourd'hui, ces mesures ont été axées sur cette zone de provenance, car on estime que les organisations terroristes ont sans doute une accessibilité assez simple à ces vols. Ce qui leur permettrait de viser les États-cibles comme les États-Unis et le Royaume-Uni. Mais il est évident que plusieurs pays européens réfléchissent à des mesures un peu similaires, voire élargies, surtout que, historiquement, ce n'est pas une première. Regardez le vol Pan Am 103 de l'attentat de Lockerbie du 21 décembre 1988. C'était une radio-cassette présente dans un bagage en soute, qui avait trompé les contrôles grâce aux gros aimants de l'appareil. Et personne n'avait détecté les explosifs qui s'y trouvaient cachés.