
Quelles mesures peuvent être envisagées pour développer l'activité physique ? Actuellement, nous testons dans le Maghreb trois types de mesures visant à favoriser l'exercice et l'activité physiques. D'abord améliorer l'accessibilité et l'utilisation des équipements collectifs de sports et de loisirs. Ensuite renforcer l'intégration de l'activité physique à l'école, qui pour le moment est très peu développée. Enfin dernière mesure, l'une des plus difficiles à mettre en place : la promotion de l'activité physique par des changements de la politique d'aménagement urbain et de transport. Il s'agirait de permettre à nouveau aux gens de circuler à pied ou en vélo de manière "secure" dans les villes. Que donnent pour le moment les résultats de vos recherches au Maghreb ? Les résultats préliminaires ne rendent pas forcément très optimiste. Ce sont toujours les mesures éducatives qui sont privilégiées et très peu celles visant à modifier l'environnement. Mais il n'y a pas de spécificité maghrébine ou de spécificité des pays en développement. Nous sommes ici face à une problématique mondiale. Venir à bout de ce fléau, quelles que soient les mesures que l'on va prendre, va représenter une tâche de très longue haleine.

L'obésité est une question de santé publique qui est aussi à envisager dans un contexte économique large? Les mesures qui s'offrent pour prévenir le surpoids peuvent porter sur la modification de l'offre et de la demande alimentaire. En France, par exemple, on a mis en place le contrôle de la vente d'aliments type snack et confiseries ou de boissons sucrées dans les écoles et les institutions publiques. Il peut y avoir également une incitation auprès des industriels de l'agroalimentaire pour améliorer la composition des aliments. Cette incitation peut ensuite se transformer en législation. Le contrôle du marketing et de la publicité serait aussi à mettre en place, avec des messages qui ciblent les enfants. L'étiquetage nutritionnel peut-il être efficace? Dans beaucoup de pays, il n'existe pas. Et là où il a été mis en place, les informations indiquées sur les aliments sont très peu lisibles par les consommateurs. Certains systèmes comme les feux tricolores sont proposés. Le rouge indique les aliments à forte densité énergétique, que l'on doit consommer avec modération. A l'inverse, une étiquette verte signale des produits à faite densité énergétique et à haute densité nutritionnelle, que l'on peut consommer en abondance.

Connaît-on des exemples de stratégie publique réussie? A Singapour, un programme intitulé "trim and fit", que l'on peut traduire par "être en bonne santé", a été lancé dès le début des années 90 et poursuivi jusqu'à la fin des années 2000. Il s'agissait d'un programme de prévention essentiellement à destination des élèves du primaire et du secondaire. Des actions d'éducation étaient organisées à auprès des élèves, mais aussi des directeurs d'écoles et des responsables des cantines. Les menus ont été améliorés dans les cantines scolaires, qui ont bénéficié d'aide matérielle. Des activités physiques régulières ont été organisées à l'école. Il semblerait qu'au fil des années, le taux d'obésité ait baissé. Mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une politique de prévention au long terme.
L'éducation ne suffit pas
Les limites du libre-choix
Propos recueillis par Marie-Capucine Diss - 16 août 2010
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