Il a indiqué jeudi à la presse avoir rencontré le président Michel Aoun qui avait réclamé des amendements à la liste du gouvernement, changements auxquels il était opposé. "Il est clair que la position (de Michel Aoun) n'a pas changé sur le sujet et que nous ne serons pas en mesure de nous mettre d'accord", a-t-il indiqué.
Désaccords entre le chef de gouvernement désigné et le président
"Je lui ai proposé plus de temps pour réfléchir et il a dit 'Nous ne pourrons pas nous mettre d'accord'. C'est pourquoi je me suis excusé de ne pas pouvoir former le gouvernement, que Dieu aide le pays", a-t-il ajouté.Michel Aoun et Saad Hariri ont plusieurs fois affiché leurs désaccords ces derniers mois, notamment au cour d'une passe d'armes publique en mars dernier après une énième rencontre qui avait viré aux accusations acerbes.

Saad Hariri reprochait au président d'entraver la formation du gouvernement en insistant sur une "minorité de blocage" au sein de la prochaine équipe ministérielle. Selon Saad Hariri, Michel Aoun cherchait à imposer une répartition "confessionnelle et partisane" des portefeuilles. Saad Hariri, lui, réitérait son attachement à un gouvernement de technocrates, réclamé à l'international.
La présidence avait exprimé son "étonnement" quant aux "propos" de Saad Hariri.
Trois fois premier ministre, Saad Hariri, avait été nommé premier ministre le 22 octobre 2020, un an après sa chute sous la pression de la rue.
L'enquête sur l'explosion du 4 août 2020 au point mort
Le gouvernement actuel, chargé des affaires courantes, avait démissionné après l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth (plus de 200 morts, des milliers de blessés) le 4 août 2020, un coup de grâce pour une population déjà à genoux.
Près d'un an plus tard, les partis restent absorbés par leurs habituels marchandages dans un pays multiconfessionnel mis en coupes réglées par les barons des diverses communautés.
Voir : la colère à l'approche du premier anniversaire de l'explosion du port de Beyrouth
La gigantesque déflagration a été déclenchée par un incendie dans un entrepôt au port qui abritait des tonnes de nitrate d'ammonium stockées "sans mesures de précaution" de l'aveu même des autorités. Outre les plus de 200 morts, l'explosion a fait plus de 6.500 blessés et détruit des quartiers entiers de la capitale libanaise.
Une enquête locale n'a toujours rien donné, aucun responsable n'ayant eu à rendre des comptes. Les forces de sécurité ont tiré mardi des gaz lacrymogènes contre des manifestants en colère protestant devant la résidence à Beyrouth d'un ministre accusé de bloquer l'enquête sur l'explosion.
Avant Saad Hariri, Moustapha Adib, un diplomate peu connu du grand public nommé fin août pour former un gouvernement, avait lui aussi échoué face à la résistance des partis à sa proposition de cabinet.
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