Les manifestants libanais sont dans leur deuxième semaine de contestation. Hier, ils ont renforcé leurs barrages routiers, durcissant encore le bras de fer avec le pouvoir confronté à une paralysie persistante du pays.
Les images de l'immense chaîne humaine qui a pris dimanche 27 octobre position sur 170 km le long de la côte libanaise, regroupant une foule drapée du drapeau national, s'étalait à la Une de tous les journaux lundi 28 octobre.
La presse y a vu le symbole d'un soulèvement sans précédent, par son ampleur et son harmonie, dans l'histoire du Liban. Avec un objectif commun à tous : le départ de l'ensemble d'une classe politique qui a laissé couler le pays.
De nouvelles taxes à l'origine de la colère
La colère populaire a explosé le 17 octobre après l'annonce d'une nouvelle taxe sur les appels via la messagerie WhatsApp. La rapide annulation de la mesure n'a pas empêché la révolte de gagner l'ensemble du pays.
Mais aucune solution ne semblait en vue alors que banques, écoles et universités restent fermées jusqu'à nouvel ordre. La fin du mois approche et certains salaires pourraient ne pas être versés.
"Tant pis! Au point où nous en sommes, nous n'avons plus rien à perdre. C'est maintenant ou jamais", assure Omar, un étudiant en architecture rencontré sur la place des Martyrs au coeur de Beyrouth.
Dans les rassemblements, l'Ode à la joie de Beethoven, dont les paroles ont été adaptées en arabe, est désormais chantée à pleins poumons au même titre que l'hymne national.
Selon les commentateurs, la priorité des autorités est d'obtenir la levée des barrages pour permettre un redémarrage du pays. Mais l'armée, jusque-là parfaitement neutre, a fait savoir qu'elle refusait le recours à la force contre les manifestants, qui côtoient les forces anti-émeutes dans une ambiance débonnaire.
De brefs affrontements, qui ont fait sept blessés, avaient éclaté samedi soir avec l'armée près de Tripoli, mais aucun autre incident majeur de ce type n'a été signalé depuis.