
Le marché est colossal puisqu'il représente 35 milliards de dollars. Quel est-il ? Celui du rachat par des fonds spéculatifs des assurances-vies des particuliers américains. Certains des acteurs de ce marché morbide sont même accueillis par des banques françaises, BNP-Paribas et le Crédit Agricole. Le principe est simple, mais profondément malsain, puisqu'il réside sur la possibilité par les clients de ces grosses structures financières de verser avant l'heure une partie du montant de leur prime décès à des personnes âgées souvent malades et en manque d'argent pour payer leurs soins. Avec, comme retour sur investissement, une grosse plus-value si la personne décède avant l'échéance prévue : une sorte de "viager de la prime à l'assurance-vie" : la spéculation se situant sur l'échéance… de la mort de l'assuré. Le documentaire-enquête de Laurent Richard et Jean-Baptiste Renaud "Banquiers : ils avaient promis de changer", aborde ce commerce morbide (en encadré, voir à 32'00), aux acteurs plus cyniques que jamais.

Les banques ont-elle appris quelque chose ?

Au delà des pratiques immorales : obliger les banques
Cette lutte contre le secret bancaire, lancée en 2010 aux Etats-Unis avec la signature de la loi Dodd-Franck de régulation financière, doit être un exemple à suivre pour les chefs d'Etats européen présents au Conseil européen de Bruxelles ce 22 mai. Un FATCA européen est nécessaire, menant à une harmonisation fiscale, appuyé sur une réglementation bancaire contraignante et obligeant les institutions financières installées dans les paradis fiscaux à donner les informations permettant aux Etats européen de pouvoir enfin traquer l'évasion fiscale. Mais ce sommet du 22 mai n'était pas le premier en date sur le sujet : le problème de la dette devenu critique permettra-t-il de voir se concrétiser la fameuse transparence bancaire et la fin de l'évasion fiscale ? Sachant que si ce sommet sur l'évasion fiscale a eu lieu, c'est avant tout sous la pression des révélations des "offshoreleaks", dévoilant une liste de 120 000 sociétés offshore et de milliers de fraudeurs fiscaux au sein de dizaines de pays de l'OCDE. Les éléments de réponse contenus dans le reportage de Rémi Vincent sur le sommet de Bruxelles (voir encadré) ne portent pas à l'optimisme, comme si la zone économique la plus libérale du monde ne pouvait envisager de chasser ses fraudeurs. Des fraudeurs qui ont détourné plus de 1000 milliards d'euros : de quoi régler la crise de la dette et stopper les politiques d'austérité en Europe. Mais est-ce bien là l'objectif des dirigeants de l'Union ? Le report à la fin de l'année de toute décision concernant une FATCA européenne semble confirmer ce manque d'enthousiasme à créer de nouvelle règles bancaires. Il faut garder en mémoire qu'en France, des dizaines d'hommes politiques, hommes d'affaires, industriels et sportifs sont soupçonnés d'avoir placé de l'argent dans la société suisse Reyl et Compagnie pour échapper à l'impôt, selon les sources du quotidien Le Monde. Une société qui a accueilli le compte de Jérôme Cahuzac (transféré ensuite à Singapour) : Reyl et Compagnie, cette entreprise de gestion qui a multiplié par sept ses fonds sous gestion entre 2006 et 2013 pour parvenir à les porter à la coquette somme de… 5,6 milliards d'euros… Reyl et Compagnie, dont l'un des cadres, Pierre Condamin-Gerbier, entendu par les juges de l'affaire Cahuzac, dévoile les pratiques et affirme qu'elle implique de nombreux politiciens français de droite comme de gauche, ainsi que des entrepreneurs et sportifs de haut niveau.