Le nouveau gouvernement québécois compte 23 ministres parmi lesquelles 8 femmes – il s’agit d’ailleurs du troisième gouvernement avec le plus de femmes des 50 dernières années. Parmi ces ministres, des ténors du Parti Québécois mais aussi des personnes fraîchement débarquées en politique, des novices qui se retrouvent d’ailleurs dans des postes clés. Des hommes et des femmes de confiance pour la première ministre, dont plusieurs fidèles qui l’ont soutenue lors de la crise de leadership qu’elle a traversée au début de l’année et qui a failli lui coûter son poste.
« Je veux voir 8 millions de personnes relever la tête, reprendre confiance et retrouver leur fierté » a déclaré Pauline Marois avant de présenter à tour de rôle son équipe. « Le 4 septembre dernier, a précisé la première ministre en commençant son discours, les Québécois ont choisi de tourner la page et d'ouvrir un nouveau chapitre de l'histoire du Québec. Les Québécois ont choisi le changement et ils ont choisi de le faire avec un gouvernement du Parti Québécois. Le premier changement que nous proposons est de nous appuyer sur ce qui nous unit en empruntant la voie de l'écoute, du dialogue et de l'action. » Un discours qui se voulait rassembleur donc, dans ce contexte de gouvernement minoritaire. Pauline Marois sait que seulement un tiers des Québécois ont voté pour elle mais qu’elle doit représenter TOUS les Québécois.
Ce nouveau gouvernement (liste complète ici) a été accueilli favorablement par les syndicats québécois et par les environnementalistes qui viennent d’acquérir deux voix importantes au sein du gouvernement, Daniel Breton qui sera ministre de l’Environnement et du Développement durable, un écologiste coloré ex-chef du Parti vert du Québec, ainsi que Martine Ouellet, une ingénieure qui devient ministre des Ressources naturelles. Elle sera notamment responsable de la délicate question des redevances minières, au centre du développement du grand nord québécois.
Un mélange d’expérience et de jeunesse

Deux de mes anciens collègues de Radio-Canada, les ex-journalistes Bernard Drainville et Pierre Duchesne, deviennent ministres. Bernard Drainville pilotera un nouveau ministère, celui de la Réforme des institutions démocratiques, avec entre autres la question du financement des partis politiques et le gros défi de définir une charte de la laïcité. Pierre Duchesne, lui, devient ministre de l’Enseignement supérieur, science et recherche. Bernard Drainville a quitté Radio-Canada il y a plus de 4 ans pour sauter en politique mais Pierre Duchesne, lui, était reporter à la colline parlementaire à Québec encore l’hiver dernier. Ils sont donc maintenant de l’autre côté de la clôture comme on dit.
Un autre ex-journaliste fait également son entrée dans la sphère gouvernementale, Jean-François Lisée, il devient ministre des Relations internationales et de la Francophonie, il sera donc la voix du Québec dans tout ce qui rayonne autour de la Francophonie.
Le ministère de la Culture sera piloté par un ancien comédien et africain d’origine Maka Kotto. Et c’est un médecin réputé et respecté qui va prendre les commandes du ministère de la Santé, le docteur Réjean Hébert, il va avoir le difficile défi de tenter de donner à tous les Québécois un médecin de famille. Et il se donne aussi comme priorité de bonifier les soins pour les personnes âgées, un dossier qu’il connaît bien puisqu’il est gériatre.
A noter enfin que le jeune Léo Bureau-Blouin, qui a été l’un des leaders étudiant durant le printemps érable et qui a été élu député du Parti Québécois le 4 septembre dernier devient non seulement le plus jeune député dans l’histoire de l’Assemblée nationale mais aussi adjoint parlementaire de Pauline Marois pour le dossier de la jeunesse. La première ministre le prend donc, en quelque sorte, sous son aile. Toute une trajectoire pour ce jeune homme de 20 ans qui était, il y a un an, un simple étudiant dans un collège !
Pendant ce temps chez les libéraux...
On s’agite en coulisses pour lancer la course à la direction après la démission de leur chef Jean Charest, qui se réjouit, paraît-il, de la prochaine naissance de son premier petit-enfant. Trois noms pour l’instant circulent, celui de Philippe Couillard, chirurgien cardiaque renommé qui a été ministre de la Santé dans l’un des gouvernements Charest et qui, paraît-il, réfléchit très fort à l’idée de se lancer dans la course, il sonde notamment ses appuis au sein du parti. On parle aussi de l’ex ministre des Finances Raymond Bachand et de Pierre Moreau, un autre ministre du dernier gouvernement Charest.
Sur le bureau du gouvernement
Parmi les premières mesures annoncées, l’annulation de l’augmentation des frais de scolarité, cette mesure qui a mis le feu aux poudres le printemps dernier, et l’organisation d’un sommet sur l’enseignement supérieur, un sommet réclamé par les organisations étudiantes. Geste symbolique s’il en est…
Ce nouveau gouvernement semble vouloir mettre les bouchées doubles et avoir un programme d’action bien défini, avec quatre priorités clairement énoncées par la première ministre : intégrité, prospérité, identité et solidarité. Pauline Marois promet d’être intraitable en tout ce qui touche à l’éthique. L’arrivée au pouvoir du Parti Québécois, même minoritaire, tourne donc la page sur 9 ans d’ère libérale et fait souffler une brise de changement sur le Québec.