Les paradoxes du pays des purs
A la Une accusatrice des médias du monde entier depuis qu’un commando dirigé par le Président des États-Unis d’Amérique y a déniché et exécuté l’ennemi le plus emblématique de l’Occident et d’une partie de l’Orient, le Pakistan ne se résume pas à sa bienveillance présumée à l’égard d’un terrorisme sanglant dont il est d’ailleurs lui-même victime.
Plus peuplé que la Russie ou le Japon, il constitue avec ses 180 millions d’habitants le sixième pays du monde et la deuxième majorité musulmane après l’Indonésie.
État jeune né de la décolonisation des Indes britanniques et de leur partition, il a souffert d’une malformation de naissance qui ne lui a jamais laissé aucune stabilité durable. Il a connu en soixante-quatre ans trois guerres majeures avec l’Inde qui lui ont valu notamment la perte de sa province orientale devenue Bengladesh et d’une partie du Cachemire.
Assemblage de populations parfois transférées malgré elles, il abrite de nombreuses ethnies qui n’ont pas toutes et toujours choisi de vivre ensemble ni ne partagent les mêmes valeurs religieuses.
Oscillant entre un modèle démocratique et une propension à la dictature agrémentée de charia, il a également connu depuis sa création trois coups d’État et des périodes de régimes militaires prolongées, la dernière venant à peine de s’achever.
Forgée dans l’adversité constante avec l’Inde et renforcée par la bombe nucléaire officiellement acquise en 1998, l’armée, à cet égard, continue d’y occuper une place bien supérieure à celle que lui assignent les textes, de même que ses très puissants services secrets dont la distraction à l’égard du chef d’al Qaïda laisse perplexe. Divisée et traversée de multiples courants, elle s’avère aussi étrangement incapable de venir à bout de mouvements qu’elle a encouragés quand ils servaient sa politique extérieure. Les milliers de morts d’attentats de ces dernières années viennent rappeler que l’État pakistanais naguère pourvoyeur de groupes radicaux armés en est aujourd’hui largement victime.
Destinée entre autres à les combattre, l’alliance à géométrie variable avec une Amérique qui s’est plus imposée dans la région qu’elle n’y a été invitée peut certes irriter des diplomates ou des hommes d’État demandeurs de fidélités claires et constantes.
En proie à des urgences existentielles locales plus pressantes et à une opinion publique partagée, le Pakistan peut difficilement donner d’avantage et il risque de manœuvrer longtemps pour privilégier ses propres intérêts présumés et la défense de son intégrité vacillante.
Son ambiguïté tant décriée ces jours-ci est le fruit du chaos de son histoire et d'une géographie toujours redoutable. Vue de Karachi, New York est plus loin que Peshawar. L’Amérique et les siens n’ont pas beaucoup d’autres choix qu’en prendre acte, en méditant à l’occasion sur les troubles paradoxes du pays des purs.
Plus peuplé que la Russie ou le Japon, il constitue avec ses 180 millions d’habitants le sixième pays du monde et la deuxième majorité musulmane après l’Indonésie.
État jeune né de la décolonisation des Indes britanniques et de leur partition, il a souffert d’une malformation de naissance qui ne lui a jamais laissé aucune stabilité durable. Il a connu en soixante-quatre ans trois guerres majeures avec l’Inde qui lui ont valu notamment la perte de sa province orientale devenue Bengladesh et d’une partie du Cachemire.
Assemblage de populations parfois transférées malgré elles, il abrite de nombreuses ethnies qui n’ont pas toutes et toujours choisi de vivre ensemble ni ne partagent les mêmes valeurs religieuses.
Oscillant entre un modèle démocratique et une propension à la dictature agrémentée de charia, il a également connu depuis sa création trois coups d’État et des périodes de régimes militaires prolongées, la dernière venant à peine de s’achever.
Forgée dans l’adversité constante avec l’Inde et renforcée par la bombe nucléaire officiellement acquise en 1998, l’armée, à cet égard, continue d’y occuper une place bien supérieure à celle que lui assignent les textes, de même que ses très puissants services secrets dont la distraction à l’égard du chef d’al Qaïda laisse perplexe. Divisée et traversée de multiples courants, elle s’avère aussi étrangement incapable de venir à bout de mouvements qu’elle a encouragés quand ils servaient sa politique extérieure. Les milliers de morts d’attentats de ces dernières années viennent rappeler que l’État pakistanais naguère pourvoyeur de groupes radicaux armés en est aujourd’hui largement victime.
Destinée entre autres à les combattre, l’alliance à géométrie variable avec une Amérique qui s’est plus imposée dans la région qu’elle n’y a été invitée peut certes irriter des diplomates ou des hommes d’État demandeurs de fidélités claires et constantes.
En proie à des urgences existentielles locales plus pressantes et à une opinion publique partagée, le Pakistan peut difficilement donner d’avantage et il risque de manœuvrer longtemps pour privilégier ses propres intérêts présumés et la défense de son intégrité vacillante.
Son ambiguïté tant décriée ces jours-ci est le fruit du chaos de son histoire et d'une géographie toujours redoutable. Vue de Karachi, New York est plus loin que Peshawar. L’Amérique et les siens n’ont pas beaucoup d’autres choix qu’en prendre acte, en méditant à l’occasion sur les troubles paradoxes du pays des purs.
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