
Ils se disent prêts à aller « jusqu’à la mort » si les autorités françaises ne prennent pas en compte leurs revendications. Depuis le 27 juillet, après cinq jours de grève de la faim revendiquée (ils ne boivent que de l’eau sucrée), Nizar, Fawaz et Issam ont été apparemment expulsés du 127 rue du Faubourg Saint Honoré où 150 migrants sont hébergés depuis 3 mois par le foyer Aurore. La raison de l’expulsion ? La grève de la faim d'après les trois migrants, la violence d'Issam d'après les responsables d'Aurore. Issam a de nouveau tenté de rentrer dans les locaux du foyer Aurore dans la soirée du mercredi. Les responsables de l'association ont appelé les forces de l'ordre qui l'ont placé en garde à vue. Après la reconduction de 24h de la garde à vue, soit vendredi après-midi, l'avocate Samia Maktouf l'a fait libérer. Samedi 30 juillet 2011, on ne savait pas où étaient Izar et Fawaz. Issam est hébergé par une famille parisienne. Il semble, selon maître Maktouf, jointe au téléphone, que si la grève de la faim est temporairement et partiellement arrêtée, un nombre important de migrants du foyer Aurore soit déterminés à la reprendre, révoltés par l'arrestation d'Issam. Déterminés Le 27 juillet, cinq autres grévistes participant au mouvement étaient toujours dans les locaux d’Aurore dans une chambre commune, selon les dires des trois autres, qui bien qu'à la rue, ne voulaient pas pour autant stopper leur action.
Ecoutez les explications de Nizar :

Ils avaient fait écrire leurs revendications sur un bout de papier : « Refus catégorique de l’expulsion programmée par Aurore le 31 août sans trouver une solution de rechange. Ouverture de dossiers de régularisation provisoire jusqu’à que la situation économique en Tunisie se stabilise. Une aide pour les mineurs tunisiens ». La responsable de la communication d'Aurore, jointe au téléphone n'était pas au courant de l'action des migrants. Après avoir communiqué avec les services du foyer du Faubourg Saint Honoré, ceux-ci lui avaient déclaré que « seul le mineur a été expulsé pour causes de violence, et que si certains autres migrants, entre 6 et 8, avaient parlé de faire une grève de la faim, il n'y a personne actuellement qui en aurait démarré une ».
Ecoutez le témoignage d'Issam, 17 ans et demi :
Et si personne ne se préoccupe de leur sort, ou qu’ils tombent malades ? Leur réponse était sans nuance : « On ira jusqu’au bout, même si on doit mourir ».
Ecoutez le témoignage de Fawaz :

Omerta ? Un médecin du foyer Aurore était passé les voir, mais apparemment pas pour vérifier leur état de santé : « il nous a fait la morale, il disait qu’on devait s’arrêter, que ce qu’on faisait [la grève de la faim] n’était pas bien… ». Une association de Tunisiens avait contacté un médecin de la Croix Rouge. Selon l'ONG, lorsque celui-ci s’était présenté, il avait été refoulé à l’entrée des locaux d’Aurore : personne de l’extérieur n’avait le droit d'entrer. Les vigiles l’avaient confirmé : « Le responsable ne veut pas vous voir, pas de journalistes, si vous n’êtes pas du foyer, vous ne pouvez pas entrer ». Blocage On ne sait pas combien de migrants économiques ayant fui la Tunisie via l’île italienne de Lampedusa sont à Paris. Les associations parlent de 700 à 800 migrants. Autour de 150 sont hébergés actuellement par Aurore qui a va comme prévu stopper son action à leur égard le 31 août. 150 autres sont logés en hôtel par l’entremise de France Terre d’Asile. La majorité des migrants comme Nizar, Fawaz et Issam ne veut pas retourner en Tunisie. La situation semble sans issue, l’Etat français n’agissant pour le moment dans aucun sens, ni ouvertures de dossier de régularisation, ni expulsions. Les migrants économiques de Tunisie sont des fantômes. Mais des fantômes épuisés et de plus en plus nerveux.
Repères
L’association Aurore a ouvert le 3 mai 2011 pour trois mois un centre d’hébergement pour accueillir les migrants tunisiens arrivés en France suite à la révolution tunisienne. Ils sont un peu plus de 140 à être hébergés rue du Faubourg Saint-Honoré. L’association Aurore a pour buts la réinsertion sociale et professionnelle de personnes en situation d’exclusion et/ou de précarité.