Le changement avec "Coalition Avenir Québec" ?
Un pari risqué, mais le Premier ministre Philippe Couillard n’a rien à perdre, sauf le pouvoir ! Ce qui pourrait bien survenir si l’on se fie aux sondages : la CAQ, parti créé en 2011 par l’ex-homme d’affaires François Legault, est effectivement en avance dans les intentions de vote depuis novembre 2017.
Parce que ce parti et son chef incarnent le changement auquel aspirent de très nombreux électeurs québécois. « Le vent de changement qui a soufflé sur d'autres pays et d'autres juridictions, souffle aussi sur le Québec, explique Sébastien Bovet, chef de bureau de la colline parlementaire à Québec de Radio-Canada. Et il souffle actuellement dans les voiles de la Coalition Avenir Québec, qui est un parti qui était 3ème depuis plusieurs années et qui, là, est premier dans les sondages. C'est comme si le moment est venu pour la Coalition de concrétiser, de prendre avantage de ce vent de changement qui souffle actuellement sur le Québec. »
Longévité au pouvoir des Libéraux
Et puis les Libéraux souffrent d’une usure certaine du pouvoir, qu’ils détiennent depuis presque 15 ans, sauf un passage de 18 mois dans l’opposition entre septembre 2012 et avril 2014 quand le Parti Québécois a formé un gouvernement minoritaire.
Le Parti libéral a cette difficulté à faire passer son message, parce que ça fait tellement longtemps qu'il est au pouvoir que les Québécois se disent : "peut-être qu'on va aller écouter le voisin". Et le voisin, c'est la Coalition Avenir Québec.
Sébastien Bovet, Radio-Canada.
L’une des critiques les plus fréquentes sur la CAQ était de dire que cette formation politique n’avait pas vraiment une équipe digne de ce nom. Voilà pourquoi François Legault a passé une partie de l’été à présenter des candidats et des candidates, recrutés dans des univers aussi divers qu’une avocate réputée, un policier ou un chirurgien. Plus que jamais les troupes caquistes se disent prêtes à en découdre et à défendre leur programme, qui ne diffère pas tant que ça de celui des Libéraux au demeurant.
Le Parti Québécois souverainiste
Avec des intentions de vote qui tournent autour de 20% dans les derniers sondages, le Parti Québécois, qui prône la souveraineté du Québec, est relégué à une troisième place inédite jusqu’à maintenant.
L’arrivée d’un nouveau chef, le très intellectuel Jean-François Lisée, ex-journaliste et ex-conseiller politique, n’a pas permis au parti de reprendre du poil de la bête après sa défaite cuisante de 2014, bien au contraire. La descente aux enfers des souverainistes québécois se poursuit.
Saluons toutefois la pré-campagne publicitaire qu’ils ont lancée début août dans laquelle ils font preuve d’une autodérision savoureuse, avec des slogans caustiques qui ont fait sourire jusqu’à leurs adversaires : « Qu’est-ce qui est bleu et blanc qui rebondit tout le temps ? Le PQ », « Le sport olympique auquel excelle un péquiste ? Le saut à obstacles », « La différence entre un péquiste et votre connexion internet ? Le péquiste ne lâche jamais » et « La différence entre un péquiste et un dentiste ? Les deux en arrachent mais travaillent pour votre bien ».
Au-delà de cet humour grinçant, il reste que la formation souverainiste, qui va fêter le 11 octobre son demi-siècle d’existence, pourrait bien jouer jusqu’à son existence à ce scrutin.
Québec solidaire, ancré à gauche
Le quatrième joueur sur l’échiquier politique québécois s’appelle Québec solidaire. Ancrée à gauche, avec des valeurs sociales démocrates et un appui inconditionnel à la souveraineté du Québec, la formation politique est maintenant dirigée par Manon Massé, une activiste féministe reconnue, et Gabriel Nadeau-Dubois, que les Québécois ont découvert au printemps 2012 lors de la révolte étudiante car il était l’un des chefs de ce mouvement.
Québec solidaire rogne sur le flanc gauche du Parti Québécois et attire un électorat jeune et progressiste, le parti a doublé ses appuis depuis sa création mais il ne dépasse pas les 10-12% d’appuis au sein de la population.
Les enjeux de ce scrutin
L’enjeu principal pour les Québécois, c’est de décider s’ils cèdent aux sirènes du changement qui chantent en faveur de la 'Coalition Avenir Québec' ou s’ils reportent au pouvoir une équipe libérale usée par 15 ans de pouvoir. Le parti traîne aussi des scandales de financement illicite et de corruption qui ont impliqué plusieurs de ses ténors.
Pour le reste, analyse Sébastien Bovet, « ce sont les mêmes enjeux qu'aux élections précédentes, la santé, l'éducation, mais il y en a un autre qui s'ajoute, la mobilité durable. Les partis parlent beaucoup de déplacements, de transports collectifs, d'améliorer le temps passé en famille plutôt que dans le trafic, et ça, ça s'adresse particulièrement à la région métropolitaine, la grande région de Montréal pour donner aux familles plus de temps familial et cet enjeu-là il est nouveau dans cette élection en 2018 ».
Et fait notable : contrairement aux derniers scrutins, la question nationale ne semble pas être un enjeu pour les électeurs québécois. C’est donc parti pour 39 jours de campagne électorale dans la belle Province, et avec 20% d’indécis rapportés dans les sondages, bien des surprises peuvent survenir !