1. FILS DE MÉDECINS AMOUREUX DE SA PROF Emmanuel Macron est né le 21 décembre 1977 à Amiens. Il est le fils d'un couple de médecins. Son père est professeur de neurologie, sa mère médecin conseil à la Sécurité Sociale. Il a été élevé chez les jésuites. A 16 ans, il intègre hypokhâgne à l'école Henri IV puis Normale Sup , l'ENA (promotion Léopold Sédar Senghor , 2004) et l'Inspection des finances. A 24 ans, il prends sa carte au PS et, l'année suivante, passe une thèse sur l’intérêt général. Il se retrouve titulaire d'un DEA sur Hegel et d'une maîtrise sur Machiavel . En politique, cela peut toujours servir... Emmanuel Macron est un ambitieux, sûr de sa valeur et qui sait écouter son cœur : au lycée, il tombe amoureux de sa professeure de français. Elle a vingt ans de plus que lui et elle est déjà mère de famille. Mourir d'aimer ? Pas du tout. En 2007, Brigitte Trogneux deviendra sa femme. Mais, et la philosophie dans tout ça ? Au journal Libération , il confiera : "J’ai adoré la philosophie, j’étais profondément heureux pendant cette période, mais j’ai vite éprouvé le besoin d’action, d’être au contact d’un certain quotidien." Le voici servi.
2. UN BANQUIER DE GAUCHE ? A 30 ans, après une halte à l'Inspection des Finances, le jeune encarté PS débarque chez Rothschild, spécialisé dans le conseil patrimonial, la gestion et l'assurance. Tout sauf une épicerie de famille ! La célébrissime maison domine ses rivales et se retrouve, en 2012, selon le journal Les Échos, en tête des classements en volume d’activité avec 62 fusions-acquisitions, pour 24,2 milliards d’euros. Ce pianiste talentueux, 3e prix du conservatoire d'Amiens, grand amateur d'opéra, est rapidement surnommé le "Mozart de la finance". Mais contre toute attente, malgré une rémunération musclée ( en cinq mois d'activité, il gagnera pas moins de 900 000 euros avant impôt) il quitte la banque rapidement. A Libération, il avouera : "j’ai vite éprouvé le besoin d’action, d’être au contact d’un certain quotidien. L’idée était aussi de me mettre à l’abri financièrement. J’ai pas de goûts de luxe, ni de gros besoins, mais j’accorde beaucoup de prix à mon indépendance." En cas d'échec politique, il ne devrait pas s'inscrire pour autant chez les demandeurs d'emploi : en 2012, Emmanuel Macron a conduit l'une des plus grosses négociations de l'année : le rachat par Nestlé d'une filiale de Pfizer . Évaluée à plus de 9 milliards d'euros, grâce à cette transaction, le voici millionnaire.
3.MAITRE DE LA SÉDUCTION ET GRAND BOSSEUR Ses compétences agacent et chatouillent les jaloux. Certes, son parcours semble sans faute mais la France, après tout, ne compte plus ses bons élèves ambitieux, prêts à tout pour s'envoler dans l'ascenseur social. Alors quoi, qu'a-t-il de plus que ses copains énarques ? Un redoutable sens de la séduction. Même ses ennemis en conviennent. Il devine les attentes de ses interlocuteurs, y répond parfois favorablement, mais toujours d'un ton affable. L'un de des proches affirme qu'il "saurait séduire une pierre". Il a, dit-on, davantage un sens pragmatique qu'une solide conscience politique. Mais celui qui a choisi le camp de gauche a aussi l'oreille des patrons et des syndicats. En outre, sa puissance de travail est déjà presque proverbiale. Par ailleurs, le bonhomme sait faire preuve d'un humour mordant. Ainsi, quand il apprend que le candidat Hollande prépare une taxe à 75% sur les hauts revenus, Macron s'exclame : " Mais c'est Cuba mais sans le soleil ! " Celui qui était jusqu'à mi-juin l'ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée a conseillé François Hollande sur les questions économiques et financières. Les dossiers Alstom , le pacte de responsabilité et le plan d'économies de 50 milliards d'euros portent sa marque. Lui connait-on au moins un défaut ? Si l'homme est donc aimable, à l'égo discret, il a aussi une mémoire : il ne supporte pas ceux qui tentent de lui barrer le chemin et sait s'en souvenir le moment venu. Comme on lui prête une ambition présidentielle, la liste de ses ennemis promet d'être longue...
4.SES RÉSEAUX Emmanuel Macron partagera la tête de Bercy avec un autre homme de confiance de François Hollande, Michel Sapin, qui a été confirmé au ministère des Finances et des Comptes publics. C'est en 2006 qu'il rencontre François Hollande chez Jean-Pierre Jouyet, l'actuel Secrétaire Général de l’Élysée. Les trois hommes ne se quitteront plus. Parmi ses autres mentors, citons Michel Rocard et surtout Jacques Attali. Ce dernier, polytechnicien, conseil de François Mitterrand, lui a ouvert les portes du monde des affaires. Il en fera son rapporteur lors de la Commission pour la libération de la croissance française (« commission Attali ») en 2007. Citons encore Serge Weinberg , proche de Laurent Fabius, ministre des Affaires Etrangères, François Henrot , banquier, et Peter Brabeck , ex PDG de Nestlé. Un clash est resté célèbre entre lui et Marie-Noëlle Lienemann sénatrice de Paris et ex- ministre déléguée au Logement et au Cadre de vie dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy. Elle fustigeait ces énarques qui "font tous leur passage par la banque Rothschild, après ils viennent dans la haute administration, puis repartent dans le privé. Ces gens-là n’aiment pas la tradition française, ils n’aiment pas l’Etat." Réplique de Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur : "Emmanuel Macron est brillant, intelligent, il a un parcours original, il est attaché à ses terres du Nord et de la Picardie, il a une conscience sociale et sait aussi ce qu’est le monde ouvrier."
5.SES CHANTIERS Emmanuel Macron incarne l'aile droite du P.S. d'inspiration sociale-démocrate. Ce défenseur de l'économie de marché devra faire accepter la rigueur gouvernementale et privilégier les filières et toutes activités d'où pourrait jaillir l'emploi. Un atout : il connait les chefs d'entreprise pour les avoir côtoyé ailleurs que dans un ministère. Sa parole est écoutée. Emmanuel Macron aura donc la charge des dossiers industriels et du financement de l'économie. Michel Sapin, lui, se consacrera aux partenaires européens et aux discussions avec Bruxelles. Et si possible loin du tintamarre médiatique que prisait tant Arnaud Montebourg. Sur France 2, Manuel Valls donnait d'ailleurs le ton : "Nous ne pouvions pas accepter qu'à l'intérieur du gouvernement, il y ait une remise en cause de la ligne économique définie par le chef de l'État.Ce sont les faits, les déclarations qui ont été rappelés qui ont déclenché, oui, cet acte d'autorité du gouvernement", a précisé le chef du gouvernement. "Nous ne pouvions pas accepter ce type de spectacle qui n'est pas à la hauteur de la responsabilité qui doit être la nôtre". Voici Emmanuel Macron prévenu. Au cas où....
Un Macron, des réactions
par F.V.Les réactions politiques sont nombreuses après la nomination de Emmanuel Macron. On peut parler d'ores et déjà parler de "macronolâtres" contre "macronophobes". Morceaux choisis : Le président du Medef Pierre Gattaz, invité sur RTL ce matin, lui reconnait trois atouts "il connaît l'entreprise, il connaît l'économie de marché et il connaît la mondialisation". - Laurent Baumel (PS/frondeur) : "La nomination de ce gouvernement est marquée par une provocation évidente : le remplacement de (Arnaud) Montebourg par (Emmanuel) Macron. (Arnaud) Montebourg incarnait une politique volontariste, de gauche. (Emmanuel) Macron est dans l'histoire de ce quinquennat, celui qui convertit la gauche gouvernementale à une forme de libéralisme économique. À la fois par son parcours, mais surtout parce qu'il a été l'inspirateur de la politique de l'offre massive et excessive. C'est une provocation dérisoire parce que je ne vois pas l'intérêt de l'exécutif à narguer la gauche, à lui faire des pieds de nez." - Pierre Lellouche, député UMP de Paris : "Manuel Valls a viré les fortes têtes de son gouvernement et fait entrer ou promeut des technocrates et des seconds couteaux, appréciés pour leur docilité. Reste que ce gouvernement, sans grande stature ni relief, va rapidement voir sa base politique fondre jour après jour, à gauche, dans le PS et dans tout le pays. " - François Sauvadet, ancien ministre, vice-président de l'UDI : "Le message est sans ambiguïté avec la nomination d'Emmanuel Macron à l'Économie : la finance n'est plus un ennemi ! Ce gouvernement parviendra-t-il à réussir là où le précédent a échoué si vite ? J'en doute" - Florian Philippot, vice-président du FN, député européen: "Emmanuel Macron à l'Économie et l'Industrie ou l'officialisation de la domination de la grande finance !" (Twitter) - Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne et président de Debout la République : "Le gouvernement Titanic : ne restent sur le navire que ceux qui acceptent de couler !" (Twitter)