Selon les données de l’Université Johns Hopkins, les États-Unis enregistrent 377 014 nouveaux cas mardi 28 décembre pour les vingt-quatre heures écoulées. Au Royaume-Uni, 128 883 nouveaux cas sont recensés en vingt-quatre heures et en France 179 808 cas pour la même journée du mardi 28 décembre. Des chiffres records qui ont de quoi inquiéter les gouvernements. Comment expliquer une telle augmentation ?
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Moins de cas dépistés pendant les précédentes vagues
Pour mieux comprendre ce qu’il se passe à l’échelle mondiale, nous avons choisi d'étudier la vague épidémique qui touche la France en ce moment, avec celle de début novembre 2020, où le pic épidémique était à son apogée.
En France, le nombre de personnes testées positives n'a jamais été aussi grand. C'est ce qu'indique le taux d'incidence. Il correspond au nombre de personnes testées positives sur les sept derniers jours sur 100 000 habitants. Selon les données de Santé Publique France, au pic épidémique de novembre 2020, environ 500 personnes étaient testées positives sur 100 000 habitants en France. Aujourd’hui, c'est près de 765 personnes pour 100 000 habitants.

Cependant, ces données ne prennent pas en compte les personnes contaminées qui ne se sont pas faites dépistées. Or, le nombre de personnes dépistées n'a lui aussi jamais été aussi important.
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Une hausse qui n'est pas uniquement due au nombre record de tests
Un autre record vient d'être franchi : le nombre de tests réalisés en vingt-quatre heures en France. Selon l'Université Johns Hopkins, la France passe à une moyenne de 300 000 tests par jour sur la période de novembre 2020 à près de 900 000 tests par jour sur la période de décembre 2021. Selon les informations de plusieurs médias français, un record absolu a d’ailleurs été atteint, avec 1,55 million de tests réalisés en vingt-quatre heures en France le 23 décembre, la veille de Noël.
Peut-on vraiment attribuer la hausse des contaminations uniquement à la hausse du nombre de tests ? Pour cela, il faut étudier le taux de positivité (représenté par la courbe ci-dessous). Il nous indique quel est le pourcentage de la population testée pour laquelle le résultat est positif à nombre de tests égal.

On observe qu’au pic épidémique de début novembre 2020, 15,9% des personnes testées sont déclarées positives. Il faut bien comprendre qu’à cette période-là, les tests étaient moins disponibles, la plupart des personnes se faisant dépister étaient symptomatiques.
C’est tout l’inverse qui se passe actuellement. À l’approche des fêtes de fin d’années, beaucoup de personnes asymptomatiques sont allées se faire dépister, expliquant une hausse exceptionnelle du nombre de tests. On aurait tendance à penser que le pourcentage de personnes positives aux tests aurait ainsi diminué. Or on observe que le taux de positivité passe de 6,9% au 18 décembre à 8,6% au 25 décembre.

On peut en déduire que les records des derniers jours ne sont pas uniquement dus à une augmentation du nombre de test.
La croissance rapide est probablement liée à une combinaison entre la perte de l'immunité et l'augmentation intrinsèque de la transmissibilité du variant OmicronRapport hebdomadaire de l'Organisation mondiale de la santé
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La contagiosité accrue des variants Delta et surtout Omicron
Plus un virus compte de mutations, plus il a des risques d’être à nouveau transmissible. Tandis que le variant Delta comporte neuf mutations sur la protéine Spike, le variant Omicron compte trente-deux mutations sur cette protéine, et une cinquantaine en tout.
À (re)lire : Covid-19 : ce que l'on sait et ce que l'on ignore sur le nouveau variant Omicron

Nous faisons face à 2 vagues.
— Olivier Véran (@olivierveran) December 27, 2021
Une vague Delta que nous connaissons, qui atteint aujourd’hui un plateau mais continue quand même de circuler.
Une vague Omicron très contagieuse porteuse encore d’incertitudes.
Les mesures présentées ce soir par @JeanCASTEX visent à les combattre.
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Des conclusions sur l'augmentation des cas à nuancer
D’autre raisons viennent éclairer la compréhension d'une telle augmentation. Premièrement, plusieurs personnes ayant été vaccinées en juin sont moins immunisées qu'en juillet dernier. D'autre part, les restrictions dans les différents pays concernés sont moins importantes que durant les précédentes vagues épidémiques, augmentant de faire le taux de reproduction des variants, leur taux de transmissibilité.
À (re)lire : Covid-19 : quelles restrictions dans le monde après la découverte du variant Omicron ?
L’OMS tient toutefois à nuancer ses conclusions. Si une augmentation de 11% des cas a été enregistrée dans le monde, entre le 19 décembre et le 26 décembre, le nombre de décès a lui diminué de 4% sur cette même période, suggérant une réduction du risque d'hospitalisation pour Omicron par rapport au variant Delta.
D’autre part, L’Afrique du Sud dénombre quant à elle une baisse de 29% de l'incidence des cas alors que le pays avait été le premier à rapporter ce variant à l'OMS le 24 novembre dernier. Une nouvelle bienvenue dans un contexte inquiétant.