
Le 29 juillet prochain, les électeurs roumains sont face à un choix important: oui ou non, veulent-ils ratifier la destitution de leur président de centre-droit, Traian Basescu ? Cette procédure a été lancée au début du mois de juillet par la majorité parlementaire de centre-gauche emmenée par le Premier Ministre Victor Ponta, mais a suscité l’inquiétude de l’Europe qui s’inquiète des entorses à l’Etat de droit dans un pays membre de l’UE. La procédure de destitution elle-même est prévue par la Constitution et validée comme telle par la Cour Constitutionnelle. Mais une série de projets concomitants ont alertés les instances européennes et les organisations de défense des droits de l’homme.

Ainsi, le gouvernement a tenté de limiter les pouvoirs même de cette Cour Constitutionnelle, et surtout prévu de faire passer en une urgence une loi qui permettrait au référendum d’être validé à la majorité des suffrages exprimés. Il faut pour le moment une majorité des inscrits et le gouvernement redoute une abstention massive. Les Européens ont réagi vivement . Ces derniers jours, Berlin a exprimé sa grande préoccupation tandis que Paris demandait le respect de l’Etat de droit. Mercredi 18 juillet, c’est la Commission Européenne qui est monté au créneau à l’occasion de la publication d’un rapport sur les progrès réalisés « en matière de réforme du système judiciaire et de lutte contre la corruption ». Une revue de détail prévue lors de l’adhésion du pays, en 2007, il y a juste 5 ans. Le rapport reconnaît des progrès mais ceux-ci seraient insuffisants. Et surtout établit une liste de recommandations urgentes concernant les tentatives du gouvernement. Les récents évènements ont « ébranlé notre confiance » explique Manuel Barroso, président de la Commission Européenne. Face à ces pressions, Victor Ponta a décidé de faire profil bas : la modification des conditions du référendum est supprimé, il a même jugé le rapport « équilibré » et promis d’en tirer les « conclusions nécessaires ». La Commission, méfiante, prévoit maintenant un nouveau rapport à la fin de l’année. Le président Basescu, suspendu, attend la décision des citoyens roumains. Il avait déjà subi le même sort en 2007 mais avait survécu au référendum de destitution. Toutefois, en 2012, sa popularité s’est effondré, à cause en particulier des mesures d’austérité adoptées depuis deux ans. Si sa destitution est validée, une élection présidentielle doit être organisée dans un délai de 3 mois.