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Syrie : bras de fer aux Nations unies

Près de onze mois après le début de l'insurrection, le dossier syrien à nouveau en débat à l'ONU. Nouvelle résolution. Elle est présentée par la Ligue arabe. Mais alors que le pays s'enfonce dans la guerre civile, le texte, qui demande le départ de Bachar el-Assad, a peu de chances d'aboutir. Le Conseil de sécurité trouvera-t-il un compromis ?

Les Nations unies doivent stopper la "machine à tuer" du régime syrien. C'est le message asséné ce mardi par la Ligue arabe devant le Conseil de sécurité. L'organisation, par la voix du premier ministre du Qatar, déplore le manque de coopération du pouvoir syrien lors de la visite des observateurs dans le pays. La Ligue arabe plaide pour des pressions économiques contre Damas afin de mettre fin à ce qu'elle qualifie de "tragédie humanitaire". Dans la salle du Conseil de sécurité, le message de la Ligue arabe est très bien accueilli par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France représentés chacun par leur ministre des Affaires étrangères. 
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Le projet de la Ligue arabe est le troisième texte présenté au Conseil de sécurité depuis le déclenchement de l'insurrection syrienne en mars 2011. Le premier s'était heurté à un double véto chinois et russe, le deuxième -présenté par Moscou- était tombé aux oubliettes. Au moment d'aborder ce troisième texte, la perspective d'un accord et d'un vote était quasi-nulle. Que dit le document défendu par la Ligue arabe ? Il appelle à la fin des violences, exige la libération des personnes détenues "arbitrairement", ordonne le retrait des forces armées des villes syriennes et réclame la possibilité pour les observateurs de la Ligue arabe de faire correctement leur travail. 
Mais au paragraphe 7 se trouve la proposition phare. Le texte somme le numéro un syrien de "déléguer toute son autorité" à son vice-président, lequel serait chargé de former un gouvernement d'union nationale et de préparer des élections qualifiées de "libres et démocratiques" sous supervisions arabe et internationale. Même si le terme choisi est "déléguer", c'est bien le départ de Bachar el-Assad que demande le projet de résolution de la Ligue arabe.
Inacceptable
De ce départ, Moscou ne veut pas entendre parler. En tout cas, pas question d'en faire un préalable à des négociations. La Ligue arabe a bien anticipé la réaction russe en n'envisageant aucune sanction ni aucune poursuite devant la justice internationale mais pour la Russie l'idée même d'évoquer un départ est inacceptable.
Comment analyser ce soutien en apparence indéfectible de Moscou à l'égard du pouvoir syrien ? Pour Jean-Yves Moisseron, le directeur de la revue Maghreb Machrek, le précédent libyen justifie le "blocage" russe. 
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Dans la dernière "mouture" de son projet de résolution, la Ligue arabe fait un pas en direction de Moscou. Le texte souligne la "nécessité de résoudre la crise actuelle de manière pacifique" et précise qu'elle condamne "toute violence, d'où qu'elle vienne".
Mardi soir, à l'issue des discussions, le ton se voulait d'ailleurs plus optimiste du côté des défenseurs de la proposition arabe. Les discussions avec Moscou ne sont pas closes selon le chef de la diplomatie britannique. Côté français, Alain Juppé évoque même la perspective d'un "compromis".
Cri d'alarme
Pendant que la diplomatie avance à son rythme, l'opposition syrienne en exil fait part de son inquiétude. De Londres, l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme prévient : "la force de feu mise en oeuvre est la plus violente depuis le début de la révolution syrienne".
Selon les Nations unies, l'insurrection en Syrie et la répression qui l'accompagne ont fait 5400 morts depuis mars dernier. L'OSDH donne un bilan de 400 morts au cours de la semaine passée.
Voilà qui ne semble pas ébranler le pouvoir syrien.
Images commentées par Damien Coquet pour la rédaction de TV5Monde.
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