Quelles sont les différentes composantes de l'opposition syrienne ?
On est tenté de répondre à cette question en parodiant la boutade de Staline à propos du pape : "L'opposition syrienne? Combien de divisions ?"
Il n'a échappé à aucun observateur qu'il y est question, ces jours-ci, de tous les protagonistes de la crise syrienne, Russes, Américains, Français, Iraniens, Saoudiens, Qatariens, du régime de Bachar El-Assad, bien sûr, mais de l'opposition, on en fait si peu cas... C'est que s'il y a des opposants à l'envi, plus ou moins intègres ou opportunistes, il n'y a toujours pas d'opposition tant soit peu intégrée, dotée d'un organisme central fédérateur, assurant une relation fluide et constante entre l'action militaire à l'intérieur et les relations diplomatiques à l'extérieur. Il existe cependant des entités qui tentent de tenir face à un régime dictatorial bien rodé et qui n'a jamais lésiné sur les moyens pour salir ses opposants mais qui restent néanmoins tributaires de leurs Etats hôtes et au besoin contributeurs financiers ou pourvoyeurs d'armes, ce qui leur donne, du coup, plus qu'un droit de regard sur les actions de leurs protégés.
Il y a lieu de citer d'abord la Coalition nationale pour la révolution syrienne et les forces d'opposition. L'intitulé de la formation en dit déjà assez sur la difficulté qu'il y a eu à la mettre sur pied. Lancée fin 2012, la Coalition nationale, qui a été adoubée par les États les plus riches de la Ligue arabe, le Qatar au premier chef, est chapeautée depuis juillet 2013 par Ahmed Jarba, un syrien issu d'une tribu bédouine apparentée au roi abdallah d'Arabie saoudite. Elle repose sur deux postulats : se battre jusqu'à la chute du régime, établir à sa place un État démocratique non-religieux et, à d'ici-là, rejeter toute idée de négocier avec le pouvoir actuel.

Appuyé à fond par les six monarchies du Golfe, la Coalition nationale en a obtenu la qualité de "représentant légitime du peuple syrien", une dignité qui lui a été également octroyée par La France, le Royaume-Uni, l'Union européenne et les États-Unis... En tout, une centaine de pays ont reconnu la Coalition, à l'exception notable de La Russie, de la Chine et de l'Iran. Le premier défi auquel elle a dû faire face fut la réaction immédiate d'une kyrielle d'organisations djihadistes qui ont aussitôt répliqué à sa création en déclarant via une vidéo de leur réunion qu'un tel organisme -la Coalition- était à leurs yeux nul et non avenu et qu'elles se battent,elles, pour l'érection d'un État islamique fondé sur la charia.
Pourtant, la Coalition n'a pas manqué de soutiens : réunis en décembre 2012 en tant qu'"Amis de la Syrie" 100 pays lui ont apporté leur appui. Un soutien qui est allé, il est vrai, en s'amenuisant au rythme des exactions commises par des groupes djihadistes lesquels non contents de se livrer à des violences barbares -à l'instar des milices et des soldats du régime- s'en vantent en leur donnant un écho maximal via Youtube...
Du reste, au plan militaire, à en juger par la masse des vidéos et les échos qu'on peut en avoir, les djihadistes livrent le plus gros des combats contre les bataillons de l'armée de Bachar. Deux groupes armés émergent du lot : l'Armée syrienne libre, dont on connaît peu les activités bien qu'elle revendique 40 000 combattants soutenus par les Européens et les Américains et Djoub'hat El-Nosra un groupe djihadiste inscrit par Washington sur la liste des organisations terroristes.
Leur seul point commun est le rejet de Bachar, mais le jour où le “régime“ tombe, les différentes mouvances sont elles compatibles ?
La force de frappe des djihadistes sera d'autant plus déterminante que les Européens et les Américains ne veulent pas fournir des armes sophistiquées de peur qu'elles ne tombent entre de mauvaises mains.