La promesse d’une belle somme d’argent devait acheter leur silence sur la nature de leur mission. Des dizaines de chauffeurs ont transporté 4 000 combattants du groupe Etat islamique, leurs familles et leurs munitions hors de Raqqa, le 12 octobre. Certains ont fini par se confier à la BBC.
« Quand nous sommes entrés dans Raqqa, nous pensions qu’il y avait 200 personnes à récupérer. Dans mon camion, seulement, j’ai déjà pris 112 personnes », confie l’un d’eux à nos confrères. Le convoi comprenait près de 50 camions, 13 bus et une centaine de véhicules appartenant aux combattants de Daech.
Ce n’était plus tellement une évacuation mais un exode du groupe Etat islamique.
BBC.
Accord secret
Cette fuite avant la débâcle était convenue par un accord secret signé entre ces djihadistes et les Forces démocratique syriennes (FDS ou SDF en anglais) alliance de combattants arabes et kurdes soutenue par les Etats-Unis. C’est l’information que révèle la BBC, ce mardi 14 novembre. Leur pacte permettait aux combattants de fuir le fief syrien de Daech contre la vie sauve pour des opposants groupe Etat islamique encore dans la ville.
Cette évacuation s’est faite en toute discrétion puisque les Forces démocratiques syriennes avaient vidé la ville des médias. La BBC est parvenue malgré tout à se procurer des vidéos montrant ces convois.
Au moment des faits, les Etats-Unis comme les Britanniques ou les Forces démocratiques syriennes n’ont pas confirmé avoir pris part à cette évacuation. Mais après l’enquête menée par la BBC, la coalition internationale a reconnu que 250 combattants avaient quitté la ville accompagnés de 3 500 membres de leurs familles.
Les chauffeurs racontent les avoir laissés dans une zone sous contrôle du groupe EI à l'est de Raqqa. Un village entre Markadah et Al-Suwar.

Combattants étrangers
Selon les témoignages de plusieurs chauffeurs recueillis par la BBC, des combattants étrangers de Daech ont également pu faire partie du convoi, originaires notamment de France, Turquie, Pakistan, Yémen, Chine, Tunisie…
Un Français, Abu Basir al-Faransy, qui s'est exilé aujourd'hui à Idlib, en Turquie, assure que certains de ses compariotes sont repartis en France pour y mener des attaques.