Alors que l'avocat du journaliste français Loup Bureau s'inquiète d'un éventuel transfert dans une autre prison turque de son client, les arrestations de journalistes turcs se multiplient et les inquiétudes concernant la liberté de la presse grandissent.Â
Ce jeudi, une dizaine de personnes collaborant ou ayant collaboré avec des médias a été arrêtée : au total 35 mandats d'arrêts ont été émis. C'est un nouveau coup dur pour la presse turque, après le procès des journalistes du journal Cumhuriyet. Depuis la tentative ratée de putsch en juillet 2016, des dizaines de médias ont été fermés ou muselés. La répression vise directement les collaborateurs de presse, comme en témoignait déjà la journaliste Mine Kirrikanat en novembre dernier.Â
Une arrestation en Europe à la demande d'Ankara
Autre arrestation qui inquiète les organisations de défense de droit de l'homme : le quotidien espagnol El Pais révèle que le journaliste turco-suédois Hazma Yalcin a été arrêté le 3 août à l'aéroport de Barcelone, où il s'apprêtait à prendre un vol pour Londres. Cet exilé turc vit en Suède, où il s'occupe d'une publication en ligne "Odak Dergisi", très critique du gouvernement turc.Â
Le président de l'antenne de Reporters Sans Frontières (RSF) en Suède, Jonathan Lundqvist, a dénoncé son arrestation. Selon lui, le président turc Recep Tayyip Erodgan tente "d'étendre son pouvoir au-delà des frontières du pays".Â
Le journaliste Hamza Yalcin reste détenu en Espagne, le temps qu'un tribunal décide s'il doit être extradé ou non. Le gouvernement suédois a annoncé qu'il lui apporterait son aide, et s'est assuré qu'il dispose de l'aide d'un avocat.Â
"La plus grande prison pour journalistes"
Comme ses confrères turcs, il est accusé de "terrorisme". Le même chef d'accusation a été retenu contre le journaliste français Loup Bureau. Plus de 160 journalistes turcs seraient actuellement en prison en Turquie, ce qui fait de ce pays "la plus grande prison pour journalistes" selon les mots de Pierre Haski, président de RSF en France.Â
La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par RSF.
"Je ne crois pas qu'il existe des médias indépendants, où que ce soit dans le monde. Ils sont, qu'ils soient écrit ou télévisés, tous à un certain niveau dépendants, que ce soit sur le plan idéologique ou parce qu'ils défendent leurs propres intérêts. Si les médias étaient réellement indépendants, alors nous n'aurions pas les problèmes que nous avons actuellement."