Stratégie ou signes de détente ? Vladimir Poutine prend peu du recul avec la crise ukrainienne. Mercredi 7 mai, le président russe a annoncé le retrait de ses troupes à la frontière avec l’Ukraine. Fin avril, l’Otan avait estimé que près de 40 000 hommes y étaient massés. Mais la Maison Blanche, comme l’Otan, assure depuis cette déclaration qu’il n’y a « pas de preuve » de ce retrait russe. Autre déclaration coup d’éclat de Poutine : il a demandé aux insurgés pro-russes ukrainiens le report d’un référendum prévu le 11 mai sur l’indépendance de la république autoproclamée de Donetsk (ville de l’Est de l’Ukraine, proche de la frontière russe) afin de « créer les conditions nécessaires au dialogue », a-t-il déclaré. Or les autorités de Kiev nient toute légitimité de ce référendum.

Reprise de dialogue ? Le président russe considère, tout comme la chancelière allemande Angela Merkel, que renouer le dialogue entre Kiev et les représentants des séparatistes du sud-est du pays, permettrait de se diriger vers un compromis. « Il faut que les gens dans le sud-est de l’Ukraine comprennent, sentent et croient qu’après l’élection présidentielle du 25 mai, leurs droits seront garantis », a souligné Poutine lors d’une conférence de presse avec la président de l’OSCE, Didier Burkhalter, venu lui rendre visite. Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a salué jeudi « le ton constructif » du président russe concernant ce report de référendum. « La situation est très critique mais il existe encore une chance que nous parvenions par des moyens diplomatiques à éviter une nouvelle escalade de la violence et la perte totale de contrôle dans l’est de l’Ukraine. »
Les faits
08.05.2014Récit de Gregory FontanaEchecLes séparatistes russes ont pourtant décidé ce jeudi 8 mai, de maintenir leur référendum dont la date « ne sera pas reportée », a insisté Denis Pouchiline, chef indépendantiste de la république autoproclamée. Il a indiqué que le conseil local des rebelles avait voté en ce sens, ignorant la demande du Kremlin. Une porte-parole européenne a immédiatement réagi sur la tenue d'une telle consultation. Cela « aggraverait encore la situation » dans le pays. « Nous insistons avec force sur le fait que ce référendum ne doit pas se tenir » car « il aggraverait encore la situation » et « pourrait mener à une nouvelle escalade. »

Réciprocité Mercredi 7 mai, Poutine demandait que les efforts soient réciproques. Le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, demande, en échange, du report du référendum que Kiev arrête « son opération militaire et prend(re) des mesures pour lancer un dialogue, alors cela peut sortir l’Ukraine de cette situation, qui en ce moment ne fait qu’empirer », a-t-il annoncé sur le site russe slon.ru. Depuis vendredi 2 mai, les autorités ukrainiennes ont engagé une vaste opération militaire pour reprendre le contrôle de le zone de Slaviansk, bastion des insurgés pro-russes. Réponses du côté ukrainien : Vladimir « vend du vent », a déclaré le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniuok mercredi 7 mai. « Je suis un peu étonné de voir que la question ukrainienne ait été débattue à Moscou sans l’Ukraine, les États-Unis et l’Union européenne », a-t-il souligné. L’élection présidentielle ukrainienne qui se tiendra le 25 mai pourrait être encore précédée de violences en Ukraine et de vives tensions avec la Russie dont les gestes de détente semblent inefficaces.